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Le concert de l’artiste belge d’origine rwandaise Stromae, mercredi soir au pied du Monument de la Renaissance africaine, à Dakar, n’a pas été aussi ‘’formidable’’ – pour reprendre le titre d’un de ses succès -, que le laissait présager la grosse campagne de communication qui a précédé et accompagné cette première étape de la première tournée subsaharienne du musicien.
Passés la demie heure de retard accusé au démarrage du spectacle et la coupure de courant d’un quart d’heure noté environ cinq minutes après l’apparition de Stromae, le public a eu droit à une mise en scène de deux heures, pour laquelle le recours à une technologie des plus sophistiquées et qui a fait passer l’aspect intrinsèquement artistique – les très beaux textes du musicien - au deuxième, voire au troisième plan.
C’est la pauvreté de la dimension artistique qui a le plus déçu, l’artiste ne réussissant pas à tenir durablement en haleine les 12 mille spectateurs qui ont fait le déplacement. Les blagues de l’artiste n’ont à peine fait rire, non pas parce qu’elles manquaient de piquant, mais parce dans le contexte de cette ambiance sénégalaise, les histoires racontées ne collaient pas à un imaginaire local différent.
Les titres ‘’Raciste’’, ‘’Te Quiero’’, ‘’Formidable’’ ou encore ‘’Papaoutai’’ ont bien été entonnés par des spectateurs, les plus jeunes notamment, mais le spectacle n’a pas été un sommet artistique au point de laisser pour longtemps dans les esprits et les cœurs des émotions que seuls des mélodies et un côté purement humain peuvent procurer.
De l’animation, l’univers du jeu vidéo, des images de synthèse, les fréquents changements de costumes, ont rythmé, du début à la fin, le concert auquel Stromae a essayé de faire adhérer les milliers de spectateurs en lançant ‘’Dakar’’, ‘’Nangadef waay’’.
Il fallait bien plus pour faire de ce spectacle une réussite. Il est clair que, du point de vue de son potentiel et de son talent – perceptible dans un discours bien structuré face aux journalistes -, le jeune homme vaut mieux que ce qu’il a présenté.
Dans son organisation pratique, le concert a créé des frustrations – qui expliquent en grande partie le manque d’adhésion constaté. Les détenteurs de tickets à 5000 FCFA - les autres étaient à 10 mille et 25 mille FCFA -, venus presque tous avec des enfants, dont beaucoup avaient à peine trois ans, ont dû se contenter du grand écran, parce placés (parqués, ont rouspété certains) à une centaine de mètres de la scène.
Ça se passe comme presque partout, mais le caractère de cette tournée – la première de l’artiste sur la terre de ses ancêtres -, les attentes notées çà et là auraient dû pousser les promoteurs à moins faire valoir l’aspect commercial. Celui-ci, ajouté à une surévaluation des risques sécurité, est venu gâcher la fête pour beaucoup de spectateurs qui se sont littéralement ennuyés.
Chacun est venu y chercher et prendre ce qui lui plaisait, mais il n’est pas sûr que la satisfaction fut le sentiment le mieux partagé. Le spectacle était réglé comme du papier à musique, certes, mais par moments – très souvent en vérité, le public s’est ennuyé. Et ce ne sont les ‘’Dakaaaar !’’ ou ‘’Nangadef waay !’’, lancés par Stromae qui l’ont vraiment réchauffé.
Le mystère de ‘’l’inconnu’’ que Stromae avait ‘’peur’’ de rencontrer a peut-être été percé. Mais la magie annoncée et attendue n’a pas opéré, étant entendu qu’un spectacle réussi est le résultat d’une alchimie entre celui qui le donne et le public venu l’applaudir.
APS
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