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Saisissant contraste ! Sur les eaux limoneuses du fleuve, la silhouette blanche du Bou El Mogdad, bateau de croisière qui au fil des ans fixe la mémoire des gens du fleuve et celle des invités de la rencontre « Voyage sur le Fleuve Sénégal » qui en était à sa quatrième édition (du 3 au 5 février 2017). L’accès au bateau pour une croisière de mode au départ de Saint Louis est l’événement qui couronne cette manifestation en faveur du développement culturel et touristique de la région nord du Sénégal.
Sur l’affiche de la 4ième édition de « Voyage sur le Fleuve », l’image de Mame Coumba Bang, sirène et protectrice de la ville, l’aéropostale, le Grand bleu, l’ancre d’un bateau ; en un coup de pinceau et de dessin voilà capturée l’âme de Saint Louis du Sénégal. La capitale du nord demeure cette ville d’eau ; où toute naissance est marquée par une obole de lait caillé versée sur le rivage du fleuve en guise d’offrande à Mame Coumba bang. Inscrite au patrimoine de l’Unesco, la ville est un carrefour des arts. S’y déroulent le festival de jazz, le festival de danse et la parade du Fanal en décembre. Le nom de la ville est lié à l’histoire du cinéma sénégalais. C’est une ville mémoire. Autant de considérations qui expliquent le choix de la ville pour abriter les rencontres « Voyage sur le fleuve ». S’y ajoute, selon la présidente et directrice artistique Claire Kane,qui a de fortes attaches dans la région, la lumière, la beauté et la convivialité si caractéristique de l’esprit des lieux. Ce que ne dément pas Le Ministre Mansour Faye, maire de la ville venue prendre place au milieu des invités.
« Voyage sur le fleuve » établit un lien entre trois arts majeurs indissociables et à forte potentialité que sont la mode, la musique et le cinéma en vue de booster le tourisme culturel et de servir de plateforme de rencontre entre « des gens qui partagent des valeurs et une vision pour l’Afrique afin de créer cette culture créole qui nous rassemble », c’est l’ombre portée de la manifestation que dessine là, Claire Kane. La particularité de cette rencontre est que chaque édition se prévaut d’une thématique nouvelle et d’une identité qui lui est propre. Ce qui donne à l’événement un caractère innovant.
« Entre rêve et réalité » était le thème central enveloppé dans une alléchante programmation à l’intérieur de laquelle figuraient le mapping sur le fleuve, une série de trois conférences dont l’une consacrée « aux nouveaux enjeux de l’audiovisuel » organisée à l’Université Gaston Berger en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (Ompi), des projections de films , le concert de Faada Freddy et le « You show » une surprise de la star internationale Youssou Ndour dans un concept musical inédit. La directrice artistique Claire Kane, toute émoustillée de voir trois grands noms de la musique mondiale partager la scène, affirme: « La scène de musique était aussi entre rêve et réalité puisque sur l’étroite scène de l’Institut Français de Saint Louis se sont retrouvés trois artistes de stature mondiale, de façon improbable : Patrice, Faada Freddy et Youssou Ndour. C’était un rêve que personne n’avait jamais vu faire. La générosité de ces musiciens montre leur attachement à une telle manifestation. »
Trois jours durant, on aura parlé de cinéma, mis en scène la mode et fait danser les invités. Tout ceci « Entre rêve et réalité » . Le cinéma d’animation était le grand invité avec Pierre Sauvalle cofondateur avec Aida Ndiaye, du Studio Pictoon de Dakar. Pierre Sauvalle animait deux conférences. L’une sur les « enjeux économiques et culturels des images d’animation ».
Le cinéma d’animation traité sous le prisme d’un produit hautement stratégique qui oriente l’esprit des enfants. La seconde conférence présentait l’aventure de Pictoon. Une aventure qui, douze années durant de 1998 à 2010, a marqué toute une génération d’artistes. Le studio aura produit 13 épisodes de « Kabongo, le griot », fait travailler une centaine de jeunes. Après une pause de 7 ans Pierre Sauvalle s’active à la reprise du studio Pictoon sous le label d’une vraie école de cinéma exclusivement vouée à l’animation. Il est sorti de Gobin et l’expérience de Pictoon dans la production couplée à la formation est pour lui une bonne base. Les personnes venues assister à la rencontre sur le fleuve ont eu droit à des extraits du film en finition « Les Performeurs de Kinshasa » de Renaud Barret, film qui laisse le spectateur stupéfait tellement les performances des Kinois sont bouleversantes. L’année dernière le réalisateur avait donné à voir « Benda Bilili ».
Le court métrage de Djinda Kane « The gas station » empreinte d’humour à l’américaine. Le « Selenas’ dream » de Jules Lahana est un film tout en ombres chinoises dans un univers tout autant magique qu’inattendu. Il renvoie le spectateur aux origines du cinéma quand le film se fabriquait à la main.« C’est un film qui traite du tiraillement de soi, la peur de perdre l’autre. Explique Jules Lahana. C’est aussi un film assez féministe avec une femme (Olga, L’acrobate russe) qui voyage dans son rêve et dans les images d’Epinal ( place rouge, la tour de Londres , la tour Eiffel. C’est une histoire d’amour. » Le travail a duré un an avec la complicité de Charles Cerouya. 11 jours de tournage et 10 h de labeur par jour. Autant dire un travail avec de petites mains. La projection du film en était à sa première africaine et première sélection à un festival.
Les créateurs stylistes de Bull Doff sur le bateau n’ont pas fait dans la présentation de collection mais se sont adonnés à une performance avec des mannequins dans des costumes de « Peuplade du mystère ». Ce fut quelque chose de sublime et énigmatique à la fois. Danser sur un bateau ancré au milieu du fleuve avec au loin les lucioles du pont Faidherbe en compagnie du DJ Tamsir, c’est simplement féérique pour ne point dire magique. Clôture en apothéose de la levée d’ancre du Bou El Mogdad.
Manifestation biennale au départ, devenue annuelle, « Voyage sur le fleuve », porté par l’association du même nom, s’appuie sur un réseau de professionnels sud-sud de la Caraïbe à l’Afrique et s’étend à l’Océan Indien en relation avec l’Europe. Il s’agit de rassembler la diaspora et toutes les compétences pour renforcer cette plateforme autour de produits d’excellence. « Ce réseau existe physiquement, insiste Claire Kane. Il s’est construit avec les Antilles, la Côte d’Ivoire, qui est un partenaire solidaire depuis le début, le Sénégal. Mais, il va s’ouvrir à d’autres destinations. Ce qui ne va pas l’empêcher de rester à Saint Louis. Il y a eu un jumelage avec Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Il y aura des activités à Fort de France, toujours sous le label « Voyage sur le fleuve Sénégal » et à l’Ile Maurice aussi.
L’événement s’ouvrira à d’autres partenaires. Je ne limite pas notre plateforme de rencontre à la seule famille des artistes, mais à tous ceux qui sont productifs et créatifs car la créativité est essentielle dans tous les métiers aussi bien pour les hommes d’affaires que pour tout leader. Mon objectif en tant que directrice artistique est de ne présenter au cours de la manifestation que des produits d’excellence dans leur diversité. Tous les gens qui participent ont en commun leur exigence dans leur métier. L’Afrique est présentée sous son meilleur jour ». Cette année les participants étaient venus du Cameroun, de la Côte d’ivoire, de Fort de France, de Paris et du Sénégal. Prochain rendez-vous en 2018 avec l’association Voyage sur le fleuve.
source: http://www.sudonline.sn/voyage--de-reve-sur-le-fleuve-senegal_a_33632.html