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L’arrivée de la TNT devrait permettre désormais, à chaque sénégalais où qu’il puisse être sur le territoire national de regarder la télévision de son choix. Ce qui n’était pas le cas, il y a quelques années où seule la télévision nationale (RTS) était capable d’assurer un tel service aux populations. Ce qui remet au goût du jour la sempiternelle question du financement de l’audiovisuel public et la répartition de la publicité entre les différentes chaines de télévision. A cela s’ajoute un autre débat, comme à l’approche de chaque coupe du monde de football : c’est celui de l’exclusivité des droits de télévision terrestre.
Ceux dits satellitaires étant souvent remportés par la chaine cryptée (Canal+). C’est un secret de Polichinelle de dire que la plupart des entreprises de presse au Sénégal sont en difficultés. L’annonce de la fermeture du Magazine «Nouvel Horizon» le 5 janvier dernier en est un exemple. Et les problèmes dans le secteur ne s’arrêtent pas là. Hier même, les travailleurs de l’Agence de presse sénégalaise (Aps) avaient menacé de dénoncer la situation préoccupante à ladite agence. Ainsi donc, le retard de paiements des salaires, l’absence de versements des cotisations sociales font que le monde s’effondre sur les entreprises de presse. La conjoncture économique, ne finissant pas de faire des victimes dans le secteur des médias, inquiète plus d’un. Dès lors, le débat sur la publicité, «source de revenus» des médias semble être agité. D’aucuns pensent que la publicité revient en « grande partie » aux médias publics alors qu’ils sont subventionnés par l’Etat du Sénégal. Certains patrons de presse avaient fini par fustiger la façon dont la Rts «se taille la part du lion» en ce qui concerne les publicités au détriment des médias privés.
«Nous sommes concurrencés par la télévision nationale qui reçoit des subventions»
Lors d’un plateau télévisé le 31 décembre dernier, le directeur de la 2STV, El Hadj Ndiaye avait même tiré la sonnette d’alarme. «Quand j’entends les débats, je regarde un peu les discussions, nous sommes dans des difficultés énormes et je vous assure que beaucoup de chaines de télévisions vont fermer», avait-t-il déclaré. Suffisant pour le patron de la chaine de télévision privée de rappeler aux autorités le «rôle de la presse dans la démocratie».
«Nous avons tous amené les Chefs d’Etat aujourd’hui là où ils sont mais il y’a aucun Chef d’Etat qui pense apporter un soutien aux chaines de télévisions ou aux médias», déplore-t-il. El Hadj Ndiaye ne cache pas sa désolation par rapport à la manière dont la Rts « s’accapare » des publicités. A l’en croire, «on se retrouve avec des miettes de 15 millions par an. Nous sommes concurrencés par la télévision nationale qui reçoit des subventions mais le plus grave en est qu’elle est en train de récupérer ce que les petites de chaines de télés auraient pu gagner. Elle va aller prendre de petits marchés et de petites publicités de 100mille Francs. Là où on demande 200 mille, ils demandent 80 mille, 50 mille Francs ». Chose que le patron de la 2STV qualifie d’ailleurs de «honte».
Et il n’est pas le seul à fustiger cela. Dans un entretien paru dans le journal Walf Quotidien, le patron du Groupe de presse Walfadjri, Sidy Lamine Niasse, avait dit qu’il « trouve que la publicité est très mal répartie entre les acteurs ». «On parle de 20 milliards de francs Cfa. Je pense qu’un groupe comme Walfadjri, s’il avait 1 % de ce montant, il serait heureux. Je parle d’un groupe, je ne parle pas d’un organe. Il y a la télévision, les radios dans les régions, il y a le quotidien sans compter le site web. Donc, c’est un bon support pour vendre si l’on ne cherche qu’à atteindre les cibles », a dit Sidy Lamine Niasse. Pour beaucoup de personnes, seule la publicité pourrait aider les médias privés à survivre. Sur le plateau de l’émission « Jakaarlo » sur la Tfm la semaine dernière, c’était même un «procès de la Rts». Ou presque. Et pour cause, si certains comme Bouba Ndour ont déversé leur bile sur la Rts à ne pas céder la publicité aux médias privés, d’autres ont fait savoir que les «médias privés devraient aussi faire l’effort de créer des programmes qui intéressent les sénégalais». «La façon dont Rts concurrence les chaines privés en ce qui concerne la publicité n’est pas juste parce que le Rts est une chaine publique et elle reçoit les financements de l’Etat», a laissé entendre Bouba Ndour.
Les cadres de la RTS «recadrent» le débat
Cette guerre des télés à cause de la publicité n’a pas laissé l’Amicale des cadres de la Rts (Acarts) indifférente. Dans un communiqué rendu public le 8 janvier dernier, l’Acarts a fait savoir que la Rts est une «société publique dont le capital est détenu à 100% par l’Etat du Sénégal». Ce qui fait, selon les cadres de la Rts, que lors des grands évènements comme la Coupe du Monde, la Campagne électorale, « l’Etat met à la disposition de la Rts des moyens matériels et financiers nécessaires à la réalisation de la mission de service public qui lui est assignée». En ce qui concerne le marché publicitaire, « au Sénégal aucune disposition législative ou réglementaire ne limite encore moins n’interdit au service public de l‘audiovisuel public de prendre des parts sur le marché publicitaire ». Et l’Acarts d’ajouter qu’en l’espèce, « il importe de souligner que l’Etat ne peut pas interdire à un opérateur audiovisuel public d’accéder à la publicité. Tout au plus, il peut réglementer le temps d’antenne réservé à la publicité ». Ils ont ainsi invité les promoteurs de télévisions et de radios privées à «rester cohérents dans leurs discours». Et pour l’Acarts, si les annonceurs choisissent la Rts, c’est parce qu’ils savent que la Rts est la télévision des sénégalais».
«Par ailleurs, si un opérateur décide d’investir, à des fins purement économiques, dans un groupe de médias à 100% privé, il doit se doter d’un business plan digne de ce nom pour éviter de faire, plus tard, un pied d’appel à l’Etat en attaquant la RTS».
Quoi qu’il en soit, El Hadj Ndiaye soutient qu’il ne se laissera pas faire. «Ce qui est gênant est que tous les ministères ont des budgets de publicité. Ils écrivent, demandent des couvertures comme si on était dans l’obligation de couvrir les évènements. C’est pour cette raison que j’ai dit en 2018, si jamais les ministères ne nous donnent pas des budgets de publicité, nous ne couvrirons plus jamais leurs manifestations», tranche très amer, M. Ndiaye. En tout état de cause, les entreprises de presse sont menacées de mettre la clé sous le paillasson car plusieurs problèmes les secouent. Ce qui amènera peut-être à la revue de la loi régissant la publicité au Sénégal. Mais surtout à l’application du nouveau code de la presse qui a été adopté depuis longtemps maintenant. Mais elle attend les décrets d’application.
source:http://www.sudonline.sn/rts-tfm-2stv--la-guerre-de-l-audiovisuel_a_37844.html