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Une augmentation de 12 à 20 % des taxes prélevées peut apporter environ 400 milliards $ et contribuer à financer le déficit d’infrastructures africain qui s’élève à 600 milliards $.
L’Afrique doit bâtir des économies plus résilientes pour disposer des ressources qui lui permettront d’atteindre ses objectifs de développement dans les prochaines décennies. Pour cela, le continent doit donner la priorité à la mobilisation des recettes et tripler la croissance de ses économies, a conclu la Conférence des ministres de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) (UNECA.org), qui s’est achevée à Marrakech.
La conférence, qui a duré une semaine, a exhorté les décideurs à accélérer la numérisation de leur économie, afin d’accroître l’efficacité, créer des emplois et moderniser les systèmes et les institutions.
Une augmentation de 12 à 20 % des taxes prélevées peut apporter environ 400 milliards $ et contribuer à financer le déficit d’infrastructures africain qui s’élève à 600 milliards $. Mais la prudence fiscale est nécessaire pour renforcer le pacte social entre le gouvernement et les citoyens.
Bien que les participants de la conférence aient convenu que la numérisation offre une opportunité d’accroître les recettes, d’améliorer la transparence et d’instaurer une meilleure gouvernance, ils ont également souligné le fait qu’il fallait bien réfléchir aux taxes à mettre en place, la numérisation pouvant faciliter le transfert des bénéfices et aggraver la perte de revenus liée aux flux financiers illicites, estimés à 50 milliards $.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) a également fait l’objet de discussions, l’initiative étant sur le point d’être créée. Pour que l’accord entre en vigueur, il doit être ratifié par 22 pays. L’Éthiopie a profité de l’événement pour le signer, portant le nombre de pays signataires à 21.
« La ZLEC offre une opportunité de renforcer ce que certains pays africains ont réalisé de façon bilatérale. Elle permettra de stimuler la croissance dans le cadre d’une approche commune du développement », a affirmé Mohamed Benchaâboun, ministre marocain de l’Économie et des finances, au sujet de ce bloc commercial qui pourrait être l’un des plus vastes du monde. Toutefois, les intervenants ont prévenu qu’il ne fallait pas sous-estimer les difficultés liées à la mise en œuvre de l’accord.
La Conférence a réuni des ministres africains des Finances, de la planification et du développement économique ou leurs représentants. Cette année, elle a eu pour thème : « politique budgétaire, commerce et secteur privé à l’ère du numérique : une stratégie pour l’Afrique. »
Les participants se sont interrogés sur les manières de tirer parti des opportunités que présente la numérisation, afin d’atteindre des taux de croissance à deux chiffres, d’ici 2030. La secrétaire exécutive de la CEA, Vera Songwe, a insisté : bien que la croissance du continent (3,2 % prévus cette année et 3,4% estimés en 2020), continue d’être soutenue, elle doit tripler pour que le continent puisse atteindre ses objectifs.
Les pays africains doivent faire passer le niveau des investissements à 30%-35 % du PIB, contre 25 % actuellement, et améliorer la productivité
Pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 et de l’Agenda 2030 de l’ONU, les pays africains doivent faire passer le niveau des investissements à 30%-35 % du PIB, contre 25 % actuellement, et améliorer la productivité.
En présence des ministres africains des Finances, les participants ont réfléchi aux moyens d’accroître les recettes des États sans nuire à la croissance. Ils ont suggéré des dépenses plus efficaces, la prudence budgétaire, une gestion stratégique de la dette, des réformes fiscales et l’utilisation des technologies pour accroître l’efficacité.
Des participants ont réfléchi à une budgétisation sensible aux besoins des femmes, comme instrument stratégique, afin de stimuler la transformation économique et ont cherché des moyens d’améliorer l’accès des réfugiés à l’éducation.
Des experts ont estimé que la numérisation des économies pourrait accroître la croissance du PIB de 5 à 6 six points chaque année, si elle est bien mise en œuvre. Le secteur privé jouera un rôle essentiel dans l’adoption des technologies dans les économies africaines et les gouvernements ont été exhortés à forger des partenariats qui privilégient une valeur partagée.
La publication phare de la CEA, Le Rapport économique sur l’Afrique 2019, a été présentée à l’occasion de la conférence.
Ce rapport indique que le niveau de la dette demeure élevé, les pays africains ayant emprunté davantage pour diminuer la pression fiscale consécutive à la baisse des flux de revenus, depuis l’effondrement du prix des matières premières en 2014.
En outre, le document examine le lien entre la politique fiscale et la dette en Afrique : « La numérisation peut élargir l’assiette fiscale en permettant d’identifier les contribuables et en les aidant à respecter leurs obligations fiscales. En améliorant les déclarations d’imposition et la gestion des impôts, elle donne à l’État la possibilité de mobiliser davantage de recettes. Les systèmes d’identification numérique apportent des gains d’efficacité qui pourraient économiser aux contribuables et à l’État jusqu’à 50 milliards $ par an d’ici à 2020. »
Les sessions du Mécanisme de coordination régionale (MCR), qui se sont déroulées sur deux jours, ont réuni des représentants du système des Nations Unies et de l’Union africaine, qui ont débattu du renforcement du multilatéralisme en Afrique et de la nécessité d’une approche multilatérale pour relever les défis que doit surmonter le continent, en particulier dans les projets transfrontaliers.
Sara Anyang Agbor, commissaire aux Ressources humaines, aux sciences et à la technologie, à la Commission de l’Union africaine, a résumé la nécessité d’une nouvelle approche en lançant un appel à l’action :
« Comment progresser ? Prenons des engagements au lieu de nous contenter de discussions ! Évaluons notre situation et comblons les lacunes. Nous devons nous mettre au défi afin que nos discussions se traduisent par des actions concrètes. »
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