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La banque, qui emploie déjà 11.000 salariés dans 18 pays du continent, vise une croissance de 7% de ses activités d'ici 2016, un rythme deux fois supérieur à celui des dernières années.
"La Société Générale aime l'Afrique". Bernardo Sanchez-Incera, directeur général délégué du groupe Société Générale, a choisi un langage affectif pour décrire la relation unissant la banque à l'Afrique. Un continent, a-t-il rappelé, "à l'origine de l'activité de la Société Générale hors de France".
Enracinés dans une longue histoire - 150 ans de présence sur le continent - ces liens s'intensifient. La banque, qui emploie déjà 11.000 salariés dans 18 pays du continent, vise une croissance de 7% de ses activités d'ici 2016, un rythme deux fois supérieur à celui des dernières années.
Ces ambitions s'inscrivent dans un contexte très favorable. Après deux décennies de stagnation, qui avaient nourri les thèses de "l'afropessimisme", le continent africain a en effet retrouvé du tonus : une croissance de 5% en moyenne. Et aujourd'hui, tout converge à la poursuite de cette croissance: des finances publiques assainies, un besoin énorme d'infrastructures, l'émergence d'une classe moyenne aspirant à consommer davantage, des ressources naturelles à profusion... "Le temps de l'Afrique est venu", résume Tchétché N'Guessan, ancien économiste au Fonds Monétaire International, aujourd'hui administrateur de la Banque Africaine de Développement (BAD).
Cinquantaine nouvelles agences
Le plan africain de la Société Générale s'appuie sur de nombreux projets, tournés à la fois vers les particuliers et les entreprises. D'abord, la banque va renforcer son maillage en ouvrant une cinquantaine de nouvelles agences. Elle va aussi s'étendre géographiquement. Elle vient de signer le rachat d'une banque au Mozambique - une première incursion en Afrique australe - et va s'implanter au Togo. Pour scruter les nouveaux besoins d'une société en pleine mutation, elle travaille à la création d'un "hub marketing", qui ouvrira en juin 2015.
Pour ses entreprises clientes, dont les attentes se sophistiquent, la banque prépare l'ouverture d'une salle de marché régionale pour fin 2015 à Abidjan. Elle va lancer une plate forme de financement de négoce en Tunisie, pour toutes ses filiales africaines. Enfin, elle a musclé son management en créant un poste de banquier conseil en charge de l'Afrique, confié à Cathia Lawson. La première obligation de la banque en Afrique a été menée sous sa houlette : le Sénégal a emprunté 500 millions d'euros à dix ans sur les marchés, qui se sont jetés sur ce "papier", sept fois sursouscrit...
Pour autant, l'amour de la Société Générale pour l'Afrique n'a rien de béat. La banque connaît les crises politiques du continent pour les avoir partagées avec ses salariés. En Côte d'Ivoire, au plus fort de la crise, sa filiale SGBCI a même été brièvement nationalisée. Et la croissance reste fragile. "Le boom des infrastructures et l'afflux de capitaux n'ont pas encore eu d'impact social et structurel. Le basculement du secteur primaire vers le tertiaire qui a lieu dans les économies développées ne s'est pas produit", souligne l'économiste Tchétché N'Guessan. Et le développement reste freiné par une corruption massive.
"Préserver l'équilibre de cette croissance"
Consciente des risques, la banque se développe avec l'obsession de les maîtriser. "Nous faisons attention à préserver l'équilibre de cette croissance", souligne Bernardo Sanchez Incera. Quitte à perdre quelques points de part de marché face à des concurrents de plus en plus nombreux et agressifs. La Britannique Barclays, la Sud-africaine Standard Chartered, les Marocaines Attijari Wafa Bank et Bank of Africa.. "Nous sommes plutôt plus exigeants que nos concurrents en matière de compliance et nous l'assumons", affirme Alexandre Maymat, directeur délégué banque et services financiers internationaux, en charge de la région.
En grossissant en Afrique, la banque rouge et noir, qui a sans doute aussi tiré les leçons de l'affaire Kerviel, ne lâchera pas sur le contrôle. Au contraire. Elle a renforcé ses provisions (69% sur les encours douteux, contre 61% pour l'ensemble du groupe) et étoffé ses équipes d'auditeurs, concentrés dans trois "hubs" régionaux. Le groupe Société Générale ne compte pas non plus "subventionner" ses filiales africaines en leur apportant des financements : celles-ci augmenteront leurs crédits - d'environ 4 milliards d'euros - au fur et à mesure qu'elles collecteront des dépôts. Enfin, la "Générale" compte sur la densité de son réseau pour encaisser d'éventuels chocs. "Le risque politique est maîtrisé par notre maillage dense", explique Alexandre Maymat. Alors que la crise monte au Bénin, les clients de la sous-région pourront se reporter sur le Togo voisin, où la banque sera bientôt installée... La Société Générale aime l'Afrique, mais pas à la folie...
source: http://www.challenges.fr/finance-et-marche/20150420.CHA5108/le-pari-controle-de-la-societe-generale-en-afrique.html