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Jeu, Nov

Entretien avec Seydi Ababacar Ndiaye, Sg du Saes : «Le budget de l’Ucad est de 20 milliards et sa masse salariale, de 23 milliards»

Budget du Sénégal
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Sénégal

En marge du point de presse des syndicats d’enseignants tenu avant-hier à la maison Iba Ndiaye Diadji, Seydi Ababacar Ndiaye, secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) est revenu sur la crise qui secoue l’Université de Dakar. Selon le syndicaliste, le temple du savoir est confronté à un problème de budget qui ne couvre même pas les salaires des enseignants et du personnel administratif. M. Ndiaye déplore cette situation et doute de la façon dont la tutelle est en train de conduire la réforme. Pour lui, l’Ucad est en train de mourir de sa belle mort.

Le Saes a décidé de ne plus assurer les heures supplémentaires.  Pourquoi cette radicalisation ? 
Depuis longtemps, les enseignants ploient sous le poids des surcharges des cours. Parce que si les étudiants s’en tenaient à leurs charges statutaires normales, les universités auraient fermé depuis longtemps. Les enseignants font des sacrifices en prenant sur eux beaucoup d’heures supplémentaires. Ce qui fait que leurs travaux de recherches ne sont jamais faits. Ils n’avancent pas. En plus de cela, ils font recours à la grève ou aux débrayages pour rentrer dans leurs fonds. Sans compter que cette surcharge de travail amène des problèmes de santé qui ne sont pas pris en charge dans les structures sanitaires parce que les budgets sont insuffisants. Donc vous voyez que tout est lié. Le budget n’est même pas suffisant pour payer les salaires. Ceux de décembre sont payés à la mi-janvier avec le budget de 2014, qui déjà n’est pas suffisant.
 qui veut dire qu’il y aura des problèmes encore d’ici la fin de cette année ?
C’est évident. Si les choses traînent jusqu’à maintenant pour les négociations sur le Protocole d’accord du Saes ouvert depuis le 29 novembre, c’est lié à ça. Le Saes ne va pas accepter qu’on répare avec des budgets qui n’ont pas bougé. Nous exigeons l’augmentation des budgets. Je rappelle que jusqu’à l’année dernière, la masse salariale des enseignants et du Personnel administratif, technique et de service (Pats) était de l’ordre de 23 milliards. Or, le budget n’était que de 20 milliards. C’est un budget qui ne peut même pas couvrir les salaires. C’est pourquoi nous avons des doutes sur la mise en route de la réforme.
Est-ce que le gouvernement est à jour pour le paiement de vos heures supplémentaires ?
Il semble qu’il a commencé à payer au niveau des facultés. Mais dans les écoles, le paiement n’est pas encore effectif. 
Quelle sera la conséquence pour les universités, si vous refusez d’assurer les heures supplémentaires ?
Tout étudiant qui suit une formation doit subir un certain nombre de volumes d’heures incompressibles pour valider son semestre. Que ce soit donné par M. Ndiaye qui est un enseignant, professeur permanent ou par M. Diop qui est un vacataire ou que ce soit des heures supplémentaires, c’est pareil. L’essentiel c’est qu’au bout, il ait le volume minimal pour ça. Ce qui fait si je m’en tiens à mon volume statutaire, l’Etat ce qu’il peut faire c’est recruter des vacataires. Or, les vacataires ne peuvent pas assurer certains enseignements. Les étudiants savent que la qualité est aujourd’hui fondamentale. C’est pourquoi on a mis en place l’Agence nationale pour la qualité de l’enseignement supérieur. 
En réalité, on a opté pour cette stratégie pour amener l’Etat à recruter parce que dans notre protocole qu’on a signé depuis 2011, normalement en octobre 2012, déjà on aurait dû être à 50%  de permanents. Ce qui n’est toujours pas respecté. Si on prend les universités se trouvant dans les régions, on est entre 70% et 80% d’enseignants vacataires. Ce qui est énorme. A Dakar, les dernières statistiques dévoilent 43% d’enseignants vacataires. Mais aujourd’hui, la question qui se pose c’est qu’on travaille à contrer cette habitude de l’Etat à «vacatériser» l’université. Cela va tuer la qualité dans les universités. En plus, ils ne sont pas motivés. A Thiès par exemple, ils sont restés trois ans sans salaire. Il y a un réel problème de prise en charge de nos universités publiques. L’Etat a tendance à se défausser sur le privé. Or, ces institutions ne sont pas des universités, mais des écoles de formation qui font dans le management de façon générale.
Vous avez aussi dénoncé l’immixtion de la tutelle dans le fonctionnement des universités en l’occurrence l’orientation des étudiants dans les différentes facultés ?
C’est une violation grave de l’autonomie des universités. Quoi que puisse dire le ministre.
Qu’est-ce que vous prévoyez de faire ?
La tutelle a dit : c’est nous qui mettons l’argent, c’est nous qui décidons. C’est absurde. Il ne l’aurait pas dit quelques mois avant, quand il était recteur. Il ne disait pas ça. Maintenant, il est dans une autre position. C’est de bonne guerre. Mais on se rend compte que les choses sont beaucoup plus complexes que posées facilement. Les universités sont aujourd’hui en train de mourir. Celle de Dakar est en train de mourir de sa belle mort par rapport à la surcharge. J’ai du mal à croire que les autorités vont mener à bien cette réforme.
Justement l’Université de Dakar a renoué ce mercredi avec la violence. Les étudiants se sont affrontés aux Forces de l’ordre. Peut-on savoir pourquoi ?
Ces violences sont dues au fait que les étudiants n’ont toujours pas reçu leurs bourses. Le gouvernement est train de jouer à ce qu’on appelle en wolof (soul bouki souli bouki). C’est-à-dire que pendant que les étudiants étaient en train de discuter sur les droits d’inscription, il en a profité pour leur dire celui qui n’est pas inscrit ne peut avoir de bourse. Ce qui est vrai, mais l’Etat a changé les conditions dans lesquelles les étudiants s’inscrivaient avant. Maintenant que les deux parties ont trouvé un consensus, ce qui est une bonne chose et que les étudiants sont en train de s’inscrire, la balle est dans le camp du gouvernement. Mais il se trouve qu’actuellement, les autorités ont des problèmes pour payer. Donc la source de la violence à l’université, on l’a dit et redit, c’est le non-respect par le gouvernement du paiement des bourses. Hier, (mercredi) ils ont mangé gratuitement parce qu’ils n’avaient pas de quoi payer.

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Source : http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/6585-entretien-avec-seydi-ababacar-ndiaye-sg-du-saes--le-budget-de-lucad-est-de-20-milliards-et-sa-masse-salariale-de-23-milliards