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Croissance verte : l’Afrique de l’Ouest peut mieux faire

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Croissance verte : l’Afrique de l’Ouest peut mieux faire

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Un rapport de la BAD vient explorer les multiples voies par lesquelles l’Afrique de l’Ouest peut tirer parti de ses ressources naturelles afin de parvenir à une croissance verte et durable. La région peut et doit attirer davantage de capitaux privés.

L’adaptation aux changements climatiques et l’épuisement des ressources naturelles des pays de l’Afrique de l’Ouest offrent aux entreprises et aux gouvernements l’occasion de s’engager sur la voie d’une croissance durable et verte. Telle est la conclusion saillante de l’édition d’été des Perspectives économiques de l’Afrique de l’Ouest, intitulé « Mobiliser le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte », éditées par la BAD (Banque africaine de développement).

Dans sa première partie consacrée à l’analyse de la conjoncture, le rapport de la BAD note qu’après une croissance ralentie (3,8%) en 2022, le PIB de la région devrait afficher des perspectives mieux orientées en 2023 (+3,9%) et en 2024 (+4,2%).

Selon les économistes, l’« Afrique de l’Ouest dispose d’un énorme potentiel pour parvenir à une croissance verte, l’industrialisation verte étant la voie la plus évidente ». Les raisons qui militent en faveur d’une croissance verte dans la région sont nombreuses : impacts et risques liés aux changements climatiques, épuisement du capital naturel, pauvreté et insécurité alimentaire, création d’emplois limitée, et nombreuses enclaves à forte intensité de capital.

En matière de croissance verte, l’Afrique de l’Ouest obtient « de meilleurs résultats » que l’Afrique de l’Est et l’Afrique du Nord, mais fait moins que l’Afrique centrale et l’Afrique australe.

En effet, certains indicateurs tels que l’utilisation efficace et durable des ressources et la protection du capital naturel ont enregistré « de grands progrès ». En revanche, la région est moins performante en matière d’opportunités économiques vertes et de commerce vert, d’emplois et d’innovation. « La Côte d’Ivoire est un bon exemple de pays où la croissance verte est prise au sérieux », jugent les économistes de la BAD.

Les pays de la CEDEAO auraient besoin de 294 milliards de dollars, sur la période 2020 à 2030, afin de financer leur croissance verte. La région n’est d’ailleurs pas la moins bien lotie, recevant plus du quart du financement climatique africain. Il est néanmoins nécessaire de financer davantage l’« atténuation » des effets du changement climatique.

Attirer les capitaux privés

Selon la BAD, il existe « un énorme potentiel » de flux financiers et durables en faveur de l’action climatique vers le continent, et en Afrique de l’Ouest en particulier. Les prêts verts, les obligations sociales, les obligations liées à la durabilité et autres instruments financiers peuvent être sollicités. Pour l’instant, seuls le Nigeria et le Bénin y ont recours significativement, dans la CEDEAO.

Aujourd’hui, les flux privés ne représentent qu’un « maigre » 1,03 milliard $ de flux financiers, calcule la BAD. Qui juge possible que ces montants atteignent 13,8, voire 21 milliards $, en fonction des scénarios retenus. Car « de grandes opportunités d’investissement » se présentent, que ce soit dans l’énergie, l’agro-foresterie, l’eau, la gestion des déchets, le transport, le bâtiment et l’industrie.

Charge aux gouvernements d’attirer les capitaux privés, entravés par une série de facteurs bien connus, qu’il s’agisse d’un faible climat des affaires, un coût du capital élevé, un relatif manque de données, une impulsion des capitaux publics mal canalisée, voire une mauvaise gouvernance et surtout le risque climatique. De plus, la taille des marchés est un frein à la mobilisation des capitaux, un écueil que ne rencontre pas le Nigeria, bien sûr.

Dans ce contexte, le rôle d’une banque de développement, aux côtés des gouvernements, est aussi de réduire les risques.

S’exprimant lors du lancement du rapport, le 31 juillet 2023, Kevin Urama, économiste en chef de la BAD, a déclaré que de multiples défis avaient entraîné une hausse des taux d’intérêt et alourdi les paiements au titre du service de la dette pour les pays africains. Il a expliqué que ces défis comprenaient notamment les changements climatiques, l’inflation due à la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, ainsi que le resserrement de la politique monétaire aux États-Unis et en Europe.

Selon l’économiste, il faudra redoubler d’efforts en Afrique pour mobiliser les ressources intérieures et les financements du secteur privé afin d’aider les pays à opérer une transition vers l’adaptation au climat et vers la croissance verte.

Quatre pays vulnérables

« L’Afrique est lésée en matière de financement climatique. Le continent aura besoin de 235 à 250 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 pour réaliser les investissements prévus dans le cadre de ses contributions déterminées au niveau national. Pourtant, l’Afrique n’a reçu qu’environ 29,5 milliards de dollars de financement climatique entre 2019 et 2020. »

Le financement du secteur privé pour soutenir l’adaptation aux changements climatiques et l’atténuation de leurs effets en Afrique est estimé à seulement 4,2 milliards $ pour la période 2019-2020, soit le montant le plus faible de toutes les régions du monde.Selon les estimations, le déficit de financement climatique du secteur privé en Afrique devrait atteindre 213,4 milliards de dollars par an entre 2020 et 2030.

Il a noté que le continent ne tirait toutefois pas le meilleur parti de ses ressources naturelles en raison de leur mauvaise évaluation, de leur dégradation, des flux de capitaux illicites et des pertes subies en matière de redevances et d’impôts.

Guy Blaise Nkamleu, économiste de la BAD pour l’Afrique de l’Ouest, considère que quatre des quinze pays de la région – la Guinée-Bissau, le Mali, le Libéria et le Niger –, sont classés parmi les dix pays les plus vulnérables aux changements climatiques et aux risques environnementaux dans le monde.

« Pour stimuler le financement du secteur privé pour le climat et la croissance verte, les gouvernements d’Afrique de l’Ouest doivent déployer des instruments et des mécanismes innovants pour attirer des financements du secteur privé. »

@AB

 

SOURCE: https://magazinedelafrique.com/african-business/croissance-verte-lafrique-de-louest-peut-mieux-faire