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Assises 2014 à Ziguinchor : Le Français Sébastien Pin atteint de démence acquitté

FAITS DIVERS
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 iGFM- (Ziguinchor) Accusé de tentative de meurtre sur son père, le sujet Français Sébastien Pin était hier devant la barre de la Cour d’assises de Ziguinchor pour répondre de ce délit. La Cour, après avoir déclaré la procédure régulière, a appliqué l’article 50 en faveur de l’accusé. Atteint de démence, Sébastien Pin a depuis hier recouvré la liberté.
 
«Mon père avait tué un enfant durant mon enfance et depuis lors, j’ai basculé dans l’irrationnel»  
 
 
 «Mon père avait tué un enfant durant mon enfance et depuis lors, j’ai basculé dans l’irrationnel», a dit à la barre l’accusé lors de l’enquête de personnalité. Et d’ajouter, «je lui assénais des coups de couteau après avoir partagé deux bouteilles de whisky avec dans ma maison, à Kafountine. Je regrette aujourd’hui mon acte et je dois vous dire que je n’éprouve plus de haine à l’endroit de mon père.» Célibataire, né le 01 avril 1977 à Bourg Han Bresse, Sébastien Pin a fait des études en plomberie dans son pays natal avant de travailler dans l’entreprise familiale.
 
Pour l’avocat général, Sébastien Pin souffrait d’une pathologie affective au moment des faits. «Et la volonté de tirer cette affaire au clair était à la base de l’acte posé par l’accusé. Même si tous les éléments de tentative de parricide sont réunis dans ce dossier, je requiers à la cour de prononcer l’acquittement à l’endroit de Sébastien Pin», a dit le parquetier.
Pour la défense qui a loué l’objectivité de l’avocat général, «il n y avait pas d’acte préparatoire. C’est dans la spontanéité que mon client a agi. Sébastien Pin qui souffrait de démence au moment des faits, ne voulait pas tuer son père. Car, après sa crise, il s’est arrêté volontairement. L’intention coupable  n’existe pas également dans ce dossier. C’est pourquoi, je demande à la Cour d’acquitter purement et simplement mon client», a dit Me Kaoussou Kaba Bodian dans sa plaidoirie. La Cour, dans son délibéré, a acquitté Sébastien Pin.
 
Pour rappel, c’est dans la nuit du 07 au 08 Décembre 2012, aux environs de 4 heures, les éléments de l’armée basés à Kafountine accueillait puis conduisait le sieur Maurice Anthrelone Pin, grièvement blessé et inconscient, au poste de Santé de Diouloulou. L’enquête subséquente a révélé qu’une semaine auparavant, la victime arrivait au Cap Skirring où il venait répondre, en compagnie de son épouse et quelques uns de leurs amis, à l’invitation son fils, Sébastien Pin. C’est ainsi que le 08 Décembre 2012, après une semaine de vacances, Sébastien Pin suggéra son père d’aller ensemble visiter la maison qu’il s’est fait construite à Kafountine, ville située à quelques Kilomètres au Nord de Ziguinchor.
 
Son père ayant accepté, ils ont quitté Cap Skirring et s’y sont rendus dans la soirée à bord d’une moto arrivée sur les  lieux, il a d’abord fait visiter à son père la maison ainsi que ses dépendances avant qu’ils n’allaient ensuite sur la terrasse ou ils ont pris un diner et bu quelques verres de boissons alcoolisées. Vers 23 heures, monsieur Anthony Pin, sentant la fatigue le gagné a pris congé de son fils et est descendu s’installer dans l’une des chambres de la maison qui du reste ne se fermait pas à clé.
 
Quelques instant après, Sébastien Pin, à son tour, a regagné sa chambre située à l’entrée de l’appartement mais  en face de celle occupée par son père. Vers 04 heures du matin, l’inculpé s’est levé, puis s’est faufilé dans la chambre ou dormait son père et lui asséné plusieurs coups de couteau lui occasionnant une ITT de 03 mois nécessitant ainsi son évacuation médicale en France. Entendu aussitôt qu’il a repris conscient, Maurice Anthony Pin, exposait aux  gendarmes de la brigade de Diouloulou que le 07 Décembre, il s’est rendu en compagnie de son fils à Kafountine et celui-ci lui a fait visiter sa maison avant qu’ils ne montent à la terrasse ou ils sont restés à table jusqu’aux environs de 22 heures, temps par ailleurs suffisant pour prendre le diner et pour son fils de boire quelques verres de Whisky.
 
Il ajoutait que vers 03 heures, il a été réveillé par le bruit de la porte de sa chambre et quand il s’est levé pour chercher sa lampe torche, il a reçu un violant coup sur la tète avant d’apercevoir son fils qui tenait un marteau répétant « je vais te tuer ». Il révélait que également que quand il a mis à lui administrer des coups de couteaux, il a tenté d’abord de se protéger par ses mains nues puis à l’aide d’une chaise, avant de courir dehors chercher du secours. Il notait à cet égard que son fils l’a poursuivi pendant un bout de temps avant de s’arrêter et décider de la conduire au poste militaire de Kafountine.
 
Entendu par les éléments de la compagnie de gendarmerie française de Belley, en exécution de la commission rogatoire adressée au juge d’instruction du tribunal de grande instance e Bourg en Bresse, la victime Maurice Anthony Pin, commencé d’abord par préciser que son fils, aux termes de son apprentissage dans son entreprise, est allé travailler à Saint Pierre et Miquelon, en terre neuve, puis en Afrique plus précisément au Sénégal ou il a séjourné pour la première fois en 2010.
 
Il renseignait ensuite qu’en 2011, il a commencé à recevoir des mails inquiétants de la part de son fils qui lui reprochait de l’avoir représenté en justice dans un procès à Saint Pierre, sans son avis. Il ajoute qu’en Novembre 2012, son beau frère Georges CUNY lui a également fait copie de plusieurs mails alarmants qu’il avait reçu au vu de cette situation, poursuivait-il, il s’est rendu au Sénégal avec son épouse le 1er Décembre 2012 pour  y rencontrer son fils au Cap Skirring. Il indiquait qu’au bout d’une semaine relativement bien passée, lui et son épouse ont demandé à leur fils de les emmener voir sa maison en construction à Kafountine mais ce dernier qui n’a pas voulu dans un premier temps s’est énervé avant de finir par accepter de l’y conduire seul.
 
Dès leur arrivée à Kafountine, à 19 heures, l’inculpé lui a fait visiter la maison d’abord et ils ont pris le diner ensemble. Il signalait qu’au cours de ce diner l’inculpé a parlé de son frères et de sa sœur avec une pointe de jalousie et a consommé deux bouteille et demi de bière et une bouteille d’alcool mais faisant remarquer qu’en aucun moment il ne s’est montré menaçant durant cette période. Il rappelait toutefois  que son fils avait tout le temps sur lui un sac qu’il n’a pas voulu dévoiler le contenu et pensait que ce dernier gardait certainement le couteau et la manchette utilisé pour commettre les faits dans ce sac.
 
Revenant sur les faits, il soutenait avoir entendu à trois heures du matin son fils se lever, descendre les deux marches de l’escalier et entrer furtivement dans la pièce ou il dormait et senti celui-ci assénait, au moment où il se mettait à chercher la lampe torche attachée son poignet, un coup de manchette à la tête. Il précisait qu’en tentant de le repousser l’inculpé s’est mis à lui donner des coups de couteaux un peu partout notamment à l’Aisne, au pancréas et au ventre tout en lui criant «  tu as tué une gamine et tu m’a fait porté le chapeau ».
 
En se débattant poursuivait-il, il a réussi à s’échapper des griffes de son fils, quitter la maison, regagner le jardin, appeler au secours et se trouver une cachette. Il concluait par informer que son fils l’y a rejoint totalement métamorphosé et lui a dit « vient je t’amène te soigner, on va chercher du secours ». La dame Marie Louise Merle confirmait que leur fils, Sébastien, leur avait, courant l’été 2012 demandé de venir le voir au Sénégal et notait qu’une fois au Cap Skirring ils sont passés une semaine de vraies vacances avec l’inculpé a fait couvrir la région. Elle informait ensuite que le 08 Décembre, leur fils a proposé à son marie de l’emmener visiter la maison qu’il s’est fait construite à Kafountine et précisait que l’idée que son mari part seul l’inquiétait malgré les propos rassurants de ce dernier qui disait vouloir y aller seul pour discuter avec son fils.
 
Elle renseignait en outre qu’à 04 heures de cette nuit là, elle fut réveillé par un des responsables de leur campement qui lui a annoncé que son mari était blessé. Interpelée sur les motifs qui auraient animé son fils pour tel acte elle a répondu que ce dernier ne lui a rien dit dans ce sens en dépit des deux entrevus qu’elle a eu avec lui avant son retour en France. Elle attirait cependant l’attention sur l’attitude de son fils qui semblait être complètement perdu » et énonçait que celui-ci n’arrêtait pas de tenir des propos incohérents comme «  on a tenté de m’assassiner ».
 
Patrick Pin et Angélique Pin, respectivement frère et sœurs de l’inculpé, déclarait ignorait ce qui a poussé leur frère à commettre un tél et le décrivaient comme une personne gentil et sans problèmes. Ils témoignaient en outre que leur frère n’a jamais présenté en leur présence de troubles de personnalités. Sur ce registre Angélique, toutefois, ajoutait que son frère était « seulement nerveux » naïf et influençable, et concluant qu’il mordait souvent les joues et se serraient les points. Ils attestaient également que leur frère entretenait de très bon rapport avec leur père qui a eu à le faire travailler dans son entreprise pendant des années. Interpelés sur les consommations d’alcool et de stupéfiant de l’inculpé, ils affirmaient tous que celui-ci consommait modérément l’alcool et fumait occasionnellement du cannabis.  
 
Roméo Provvidenza et Bernadette Jolly, amis de la famille Pin, confirmaient que Sébastien a eu une enfance normale et soutenaient qu’il était gentil avec tout le monde et aimait leur jouer de l’accordéon. Ils déclaraient également que celui-ci était timide, réservé, joyeux mais d’un brin solitaire. Interrogé à l’enquête, l’inculpé reconnaissait les faits en avouant aux éléments de la brigade de gendarmerie de Diouloulou que son intention était de tuer son père et de s’enfuir en Gambie pour prendre un vol dans le dessein d’aller se constituer prisonnier à la police judiciaire française.
 
Revenant sur les faits, il explique que pour avoir une discussion avec ses parents à propos d’un sujet qui lui tenait à cœur, il leur a envoyé une invitation courant l’été 2012. Il notait cependant que ces derniers sont venus avec un coupable d’amis ce qui l’a empêché d’avoir la tête à tête souhaité d’où la proposition faite à son père d’aller visiter sa maison sise à Kafountine. Arrivée à ce lieu, poursuivait-il, il a installé son père dans une chambre et attendu le milieu de la nuit pour s’introduire dans cette chambre et lui asséner un coup de marteau suivi de plusieurs coups de couteaux. Il soulignait s’être finalement arrêté de s’attaquer à son père quand celui-ci s’est enfui de la maison avec une chaise pour se protéger.
 
Entendu à l’instruction, il assumait en partie les faits de l’inculpation, en contestant avoir fait venir ses parents au Cap Skirring pour attenter à leurs vies mais plutôt pour avoir une discussion franche avec eux. Sur ce registre, il avançait aussi que le fait que ceux –ci soient venus avec un couple d’amis n’a pas arrangé les choses et considérait que l’invitation faite à son père d’aller visiter sa maison à Kafountine était juste pour pouvoir être seul avec celui-ci. Par ailleurs il faisait observait qu’une fois seul avec son père, il a essayé vainement d’avoir des éclaircissements sur ses préoccupations et avouait qu’à 03 heures du matin l’idée de s’en prendre à son père lui est venue en tête. Il ajoutait que pour mettre en exécution son projet, il a juste ramassé tout ce qui était à portée de main, couteau et marteau et s’est introduit immédiatement dans la chambre de son père.
 
Il insistait cependant qu’après s’être entré dans cette chambre, il est resté debout, angoissé, sans avoir  quoi faire, bref « carrément bloqué » jusqu’à ce que son père, sentant surement sa présence, a allumé sa lampe torche et l’a éclairé le visage. Il révélé ainsi que ce geste de son père fut le déclic pour passer à l’acte en ce sens que c’est ce moment précis qu’il asséné à celui-ci un coup de marteau à la tête et a sorti son couteau pour commencer à le poignarder. L’enquête de personnalité ordonnée à la suite de la commission rogatoire internationale a permis aux éléments de la brigade de gendarmerie de Belley, Bourg en Bresse, d’entendre la famille et l’entourage de l’inculpé et toutes les personnes entendues ont déclaré que Sébastien a une enfance normale au sein de sa famille ou il a vécu les 27 premières années de sa vie.
 
Elles l’ont également décrit comme une personne calme, non violent, joyeux mais un peu timide. Le rapport de l’expertise psychiatrique Adama Koundoul à la suite sa désignation d’office par l’ordonnance en date du 15 mai 2013, aux fins d’effectuer un diagnostic complet l’état psychiatrique de l’inculpé, concluait en une absence de démence de Sébastien au moment des faits. Pour arrivée à cette conclusion, le Docteur psychiatrique, l’issu de plusieurs entrevus avec l’inculpé a d’abord noté qu’il y a ni désorientation, ni trouble de mémoire chez son patient dont le discours reste cohérent, comme les fonctions cognitives dans les sectes no soumis à l’organisation, il a ensuite exposé que celui-ci souffre d’une psychose paranoïaque caractérisée par le délire de persécution à mécanisme interprétatif, c’est-à-dire une pathologie effective perturbant le rapport à la réalité mais qui tout de même ne fausse pas son jugement.
 
A la suite de ce rapport, l’inculpé par le biais de son conseil a sollicité une contre-expertise et le docteur Abou Sy désigné, a déposé son rapport le 24 mars 2014, à l’insu de son séjour du 22 au 24 mars passé à Ziguinchor dans le cadre de l’exécution de sa mission. Dans ses conclusion, le docteur psychiatre affirmait que Sébastien Pin souffre d’une pathologie psychiatrique, en l’occurrence un trouble de la personnalité de type borderline décompensé sur un mode psychotique transitoire et concluait ainsi qu’il était au moment des faits dans un état ou son discernement était aboli.

 

 

Moussa Diaw
source:http://www.gfm.sn/assises-2014-a-ziguinchor-le-francais-sebastien-pin-atteint-de-demence-acquitte/