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L’OBS – Le garde pénitentiaire, en détention à la Maison d’arrêt de Rebeuss depuis près d’un mois pour corruption, a été, hier mercredi, relaxé par le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Son histoire a eu l’effet d’une bombe. L’enquête l’avait décrit comme un agent corrompu qui a essayé de soutirer de l’argent à un fumeur de chanvre indien qui, en retour, l’a balancé aux enquêteurs du commissariat de Golf Sud.
A quelques jours de l’une des plus grandes fêtes musulmanes, le garde pénitentiaire Mamadou Seck s’est vu étreint par une coriace histoire de flagrants délits qui, durant près d’un mois, l’a étouffé en prison au point de lui couper le souffle. Seulement, Seck a résisté. Il a suffoqué, mais a su tenir le coup. Malgré les larmes de douleurs et les pleurs qu’il a laissés échapper devant le juge, le garde pénitentiaire, en fonction au Bloc des Madeleines, est sorti par la grande porte. Laver de toutes accusations, le gardien de prison qui s’est retrouvé au trou est libre. Blanc comme neige ! Avec l’agent de sécurité de proximité Waly Ndiaye, il a recouvré la liberté.
Relaxés du délit de corruption qui leur est reproché, ils sont sortis de Rebeuss en laissant le Nigérian, fumeur de chanvre indien, au fond de ce trou noir où on broie du noir.
A la barre, Mamadou Seck qui a longtemps attendu ce moment pour rétablir la vérité a déroulé les grandes lignes de cette histoire qui l’a fait connaître le côté rustre du milieu carcéral.
A quelques jours de la fête d’Aid El Kébir, le gardien de prison et l’Asp Waly Ndiaye, en service à la police de Golf, rentraient chez eux lorsque les faits se sont passés. Seck raconte : «On a été alerté par une forte odeur de chanvre indien alors qu’on rentrait. C’était à la descente. On a garé la moto pour retrouver la personne qui fumait. Sur place, on a trouvé le nommé Daniel Anilé qui grillait son joint. Comme Waly Ndiaye était en service au commissariat de Golf du Sud, il a proposé qu’on l’achemine là-bas. Arrivés sur place, on l’a présenté au commissaire de police à qui on a expliqué avoir arrêté le Nigérian en train de fumer du chanvre. On a fait notre déposition avant de patienter en bas. A un moment donné, deux policiers ont dit : toute personne qui n’est pas du service n’a pas qu’à sortir. Mais comme le commissaire m’avait demandé de patienter, je n’ai pas réagi. L’un des policiers m’a sévèrement grondé en me demandant si je n’avais pas entendu l’ordre qu’il venait de donner. Au moment de sortir ma carte professionnelle, les policiers m’ont attaqué et insulté. Là, mon sang n’a fait qu’un tour. Ainsi brutalisé, j’ai résisté et on s’est battu. Ils ont voulu me mettre dans la grille, j’ai refusé. A ce moment, un adjudant que je connais et avec qui je travaille leur a dit : «Lui, c’est mon élément, laissez-le.» Mais, ils ont répondu à l’adjudant d’un ton ferme, en lui demandant de sortir. Ils m’ont jeté dans la grille, déféré avant que je ne sois placé sous mandat de dépôt.»
Pour se laver de l’accusation qui lui est porté, le garde qui a pleuré en jurant que les 50 mille FCfa lui appartiennent poursuit : «Je les avais par devers moi pour acheter un mouton de Tabaski. D’ailleurs, je disais à Waly, quelque temps avant, que si on tombe sur un mouton pas cher, je vais, une bonne fois pour toute, l’acheter. Si les policiers se sont emportés, c’est parce que j’ai résisté. Et si j’ai résisté, c’est parce que j’avais mal d’être traité ainsi. J’ai été brutalisé à la police. Un policier m’a carrément dit : ‘Tu verras de quel bois on se chauffe’.» Waly Ndiaye conforte la déclaration de Seck et déclare : «Si je suis intervenu, c’est parce qu’ils ont brutalisé Seck que je connais depuis longtemps et qui a une bonne réputation.»
T. MARIE LOUISE NDIAYE