Mansour Gaye, chef comptable d’An-média à la barre : «Je ne gérais que les pièces comptables»

Je suis le manager. J’avais une mission d’assistant comptable. La fonction de Cice, c’est d’enregistrer et de réceptionner les pièces comptables de An-média.

L’argent pour les salaires avait-il été mis à votre disposition ?

Non, on ne gérait que des pièces comptables ou écrites. Au niveau de Cice, on ne gère pas de l’argent. On assiste et apporte un appui à An-média. On ne nous a pas remis de l’argent.

Qui payait les salaires des employés de la société ?

La société elle-même. C’est elle qui négocie les contrats, les prestations, les salaires, les charges. C’est l’employeur qui payait les salaires.

L’employeur ne passait-il pas par vous en tant que comptable pour le payement des salaires ?

Parfois oui. On appuyait la société, le service comptable payait les salaires sur la base des ressources disponibles. On faisait le calcul des salaires et des prestations.

Avez-vous établi des chèques pour payer le matériel avec lequel fonctionnait An-média ?

Non.

Qui payait le matériel et comment l’a-t-il payé ?

J’ai reçu une lette en anglais qui est ici, avec moi, qui dit que c’est Vieux Aïdara qui payait le matériel. Mais pour nous, cette lettre n’est qu’une attestation. En clair, on ne sait pas qui a réellement payé le matériel et comment cela a été fait.

Cheikh Tidiane Ndiaye vous donnait-il de l’argent en espèces ou par chèque ?

Il m’en a donné une fois en espèces, ensuite 1 million 400 mille par chèque pour les charges et autres dépenses. La société payait et ensuite nous donnait les pièces justificatives. On payait uniquement les salaires en appui à la société pendant une période donnée car le service en charge n’avait pas encore de locaux, encore qu’il ne s’agissait que de quatre employés seulement. Donc Cheikh Tidiane Ndiaye  m’a demandé de le faire et c’est ce que nous avons fait.

An-média était-elle déficitaire ?

De manière congénitale, An-média était déficitaire. C’était une société qui ne payait que les dépenses urgentes. On tournait en rond avec les  fournisseurs actifs comme l’Etat. 746 millions 395 mille ont été injectés par les partenaires dont 460 millions directement versés aux fournisseurs. D’après une pièce comptable, 52 millions ont été directement versés à la banque par Vieux Aïdara, mais il a contesté cette écriture en fin d’année car nous avions un casier dans lequel nous rangions tous les pièces comptables de la société qu’on lui rendait. Cette contestation a été affirmée par Cheikh Tidiane Ndiaye. On a fini par ranger cet argent dans un compte d’attente. On nous payait difficilement, il y a même une petite dette qui reste entre An-média et Cice.

Comment et quand avez-vous connu Karim Wade ?

Je l’ai connu en 2005 alors qu’il était directeur de l’Anoci.

Après Anoci, vous a-t-il recontacté ?

Oui, dans le cadre professionnel, de projets d’idée.

Connaissiez-vous Cheikh Tidiane Ndiaye et Vieux Aïdara avant An-média ?

Non, c’est Karim qui m’a mis en rapport avec eux. Il m’a appelé pour me dire qu’il va m’envoyer deux jeunes sénégalais porteurs d’un projet. Ensuite, eux-mêmes m’ont appelé pour faire une première rencontre. C’est comme cela qu’on a commencé à travailler ensemble.

Qui est le commanditaire d’An-média ?

Ce n’est pas Karim, c’est Vieux Aïdara et Cheikh Tidiane Ndiaye.
 

QUESTIONS DU PROCUREUR SPECIAL 

Précisez nous votre rôle lors de la réunion du Conseil d’administration d’An-média ?

J’avais un rôle de conseiller. J’observais et veillais à la conformité  des délibérations conformément aux normes de l’Ohada.

Qui vous a autorisé à y assister alors que vous n’êtes pas administrateur ?

C’était la volonté des parties. Dans toutes les réunions de ce genre, il y a, à côté, un conseiller en qualité d’assistant et de conseiller.

Cheikh Tidiane Ndiaye dit qu’il a été éjecté de son poste de Dg d’An-média et que c’est vous qui aviez appelé Karim pour lui demander de démissionner. Le confirmez-vous ?

C’est vous qui m’apprenez cela car le courrier que j’ai ne le mentionne nullement. Les documents notariaux non plus. Moi je défends les intérêts de la société. En ma qualité de manager, je n’assiste pas les administrateurs mais la société.

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