Ça sent vraiment le roussi pour Aida Diongue, ex-sénatrice libérale, Abdou Aziz Diop, ex-coordonateur du Plan Jaxaay, Mamadou Ndiaye, comptable au niveau dudit plan, tout comme Modou Fall. Les co-accusés des délits de détournement de deniers publics, de complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics, complicité de faux et d’usage de faux en écriture publique et privée, ainsi que d’exercice illégal du commerce par un fonctionnaire, dans le cadre du Plan Jaxaay, risquent des peines d’emprisonnement de 10 ans ferme, la confiscation de tous leurs biens, assortie d’une amende de 5 millions chacun. En effet, en audience spécial hier, mercredi 15 avril, le parquet a requis la peine maximale, car estimant que les faits qui leurs sont reprochés sont avérés et graves.
L’appel d’offres restreint illégal
Tout d’abord, le procureur a indiqué qu’il n’y avait pas urgence pour lancer un appel d’offres restreint, dans la mesure où les prévenus soutiennent qu’une partie du matériel se trouve toujours dans les entrepôts loués par lesdites sociétés. Concernant la création des sociétés qui ont gagné les marchés, à savoir Walo Service (chargé de livrer 5000 Bacs à ordure d’une valeur de 1,5 milliard), EGTPF (pour la livraison de 5000 tentes en coton d’une valeur de 5,9 milliards), Ya Khalifa Ababacar Sy (pour la fourniture de 500 Motos pompe pour 5 milliard), le procureur a estimé qu’elles appartiennent toutes à Aida Diongue. A l’en croire, les présumés propriétaires, que sont El Hadj Massey Diongue, Oulimata Diongue, Mohamadou Ba, tous des parents proches d’Aida Diongue, ont tous soutenu qu’ils ne géraient pas les finances et que sur dérogation, toutes les opérations se faisaient par la détenue. D’ailleurs même, ces derniers disent ignorer tout des soldes des comptes de leurs soi-disant sociétés, dit-il. Et concernant ces dits comptes, le procureur a trouvé qu’aucun mouvement n’a été opéré pendant la période de l’exécution des marchés (entre 2010 et 2011) pour régler le paiement à un quelconque fournisseur.
Paiement sans exécution de marchés
Toujours dans son réquisitoire, le procureur a indiqué qu’il y a eu belle et bien paiement de la part de l’Etat, mais que personne ne peut prouver que la tâche payée a été exécutée, dans la mesure où le document produit, non daté, ne prouve pas l’exécution du marché. Enfonçant le clou, le procureur a qualifié de faux les bordereaux de livraison présentés. Parce que lesdites pièces mentionnent la réception de motopompes d’une capacité de 500 mètres cube, alors que les motopompes présentées sont d’une capacité de 520 mètres cube.
A Abdou Aziz Diop, le procureur a trouvé qu’il y a belle et bien détournement de denier public parce qu’il a ordonné illégalement des paiements sur lesdits marchés alors qu’il n’était pas habilité à le faire. Pis, il a indiqué que le prévenu a présenté des décharges, sans qu’on puisse identifier les personnes concernés, car c’est uniquement mentionné Préfet, Sous-préfet, etc. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il a demandé la requalification du délit de complicité d’escroquerie de deniers publics. Pour lui, il s’agit dans cette affaire de la délinquance hyper adaptée et qu’il faut l’application maximale de la loi.
Aida Diongue a utilisé des hommes de paille
Des argumentaires qui rejoignent les plaidoiries de la partie civile. Pour Me Samba Bitey, l’un des conseils de l’Etat, l’appel d’offres restreint ne respecte pas la loi de la Cedeao, dans la mesure où à l’époque l’urgence ne constituait pas un motif pour lancer un appel d’offres restreint. Pour Me Bitey, Aida Diongue n’a jamais exécuté les marchés et s’est simplement contentée de présenter le matériel qu’elle avait dans ses entrepôts. D’où selon lui, la non-conformité de la capacité des motopompes par rapport au cahier de charges où il est demandé des motopompes de 500 mètres cube. Lui emboîtant le pas, son collègue Me Aly Fall a estimé que du début à la fin l’esprit et la lettre tendant à protéger le patrimoine de l’Etat n’a pas été respecté. Pour lui, Aida Diongue a utilisé des hommes de paille pour créer ces sociétés incriminées dans cette affaire. Sur ce, la partie civile a plaidé pour l’acceptation de la constitution de partie civile de l’Etat, un paiement de dommages et intérêts de 5 milliards, ainsi que la restitution des 20 milliards pris à l’Etat.
Aida Diongue n’était pas fonctionnaire au moment des faits
Des accusations battues en brèche par la défense qui estime que leurs clients ont été injustement arrêtés. Selon Me Mbaye Jacques Ndiaye, Aida Diongue n’était plus fonctionnaire au moment de la passation et de l’exécution des marchés, dans la mesure où elle avait demandé sa mise en indisponibilité en 1986 conformément à la loi. Pour lui, depuis cette date, elle n’a pas sollicité sa réintégration, ce qui fait qu’elle est considérée comme démissionnaire. Poursuivant sa plaidoirie, Me Ndiaye a indiqué que la partie civile, comme le parquet n’ont jamais fourni un document pour prouver qu’elle est toujours fonctionnaire. Dans la même dynamique, le conseil d’Aida Diongue a affirmé que la commande publique a été livrée tant en quantité qu’en qualité. Mieux, il a trouvé que toutes les sociétés incriminées dans cette affaire sont légalement constituées et sont aux normes au niveau de la fiscalité, de la trésorerie etc.
Aucun rapport d’expertise dans le dossier
Lui emboîtant le pas, son collègue Me Aliou Cissé a trouvé qu’il y a beaucoup de zones d’ombre dans ledit dossier. A l’en croire, dans ce dossier, il n’y a ni rapports d’expert commercial et de finance, ni de rapport de l’Inspection d’Etat. Pour sortir ses clients des griffes de la justice, Me Cissé à indiqué que le juge d’instruction n’a pas fait des investigations poussées pour retracer le matériel qui a été livré. Pis, selon lui, le juge d’instruction a laissé tout le monde en rade, que se soit l’Armp, le Code des marchés publics pour aider à la manifestation de la vérité.
Concernant la création des sociétés, la défense a trouvé normal qu’Aida Diongue, pour venir en aide à sa grande famille, soutienne ses parents pour la création de sociétés. Pour eux, les bordereaux de livraisons, en bonne et dus forme signés par les personnes habilitées à le faire, ne souffre pas de faux. Selon eux, au début, l’accusation était portée sur des marchés fictifs, alors que maintenant on parle de non livraison totale du matériel. Pour la défense, cette collusion avec des agents publics n’a pas été établie par l’accusation et qu’elle n’a jamais déposé une demande de paiement qui correspond à une tâche non exécutée. L’Etat du Sénégal est obstiné par la fortune de la dame, d’où le fait qu’on ait sauté des procédures, ont-ils soutenu. Sur ce, la défense a demandé la relaxe pure et simple des prévenus et la restitution de tous leurs biens actuellement frappés par une confiscation.
L’affaire a été renvoyée au 30 avril prochain, sur demande des avocats de la défense, tout comme ceux de la partie civile. A noter que les conseils des prévenus, au nombre de 18 à être inscris sur la liste pour les plaidoiries, n’ont pu épuiser leur liste et ouvriront l’audience à la date du 30 prochain.
ECHOS... ECHOS... ECHOS...
AIDA DIONGUE ET CIE PLAIDENT NON COUPABLE
L’ex-sénatrice libérale, Aida Diongue, a dégagé en touche les accusations portées sur sa personne, à savoir de détournement de deniers publics, de complicité d’escroquerie portant sur des deniers publics, etc. Devant la barre de la chambre correctionnelle, en audience spéciale à la salle 4 hier, la ponte libérale a déclaré avoir livré l’intégralité du matériel qui lui a été demandé dans le contrat qui le lie au ministère de l’Urbanisme dans le cadre du plan Jaxaay. Non sans rappeler que les marchés ont été gagnés après avoir soumissionné à un appel d’offres restreint. Sur l’estimation faite de ses bijoux retrouvés dans ses coffres, Aida Diongue a jugé exorbitante la somme avancée par le procureur, qui est de 20 milliards. Selon elle, la valeur de ces bijoux est estimée à environ 800 millions. Mieux, elle a soutenu être dans le droit le plus absolu de se payer des bijoux avec son argent comme toute bonne Saint Louisienne. Ses codétenus, en l’occurrence Abdou Aziz Diop, Amadou Ndiaye, Modou Fall, ont tous rejeté les accusations portées contre eux.
COMPTAGE OU PAS AU MOMENT DE LA RECEPTION DU MATERIEL
Dans sa déposition au niveau de la comission d’instruction et chez les enquêteurs, David Hubert Thiour, membre de la comission de réception du matériel concernant les marchés, a déclaré que vu la manière dont le matériel était disposé, il leur était difficile de compter pièce par pièce. Mieux, il a soutenu que c’est le comptable Amadou Ndiaye qui lui a dit de signer car le compte est bon. Des propos battus en brèche par Mme Diop Khadidiatou Sy, agent du service de Contrôle des opérations financières de l’Etat (Cofe), détaché par le ministère pour procéder à la réception du matériel. Selon la dame, le matériel a été compté. Cependant, tantôt elle reconnait que le comptage ne s’était pas fait pièce par pièce, tantôt elle soutient le contraire. Pis, Mme Diop a informé que pour la vérification de la qualité, une seule tente sur 5000 a été montée et qu’une seule motopompe sur 500 a été déballée de sa caisse. Pour elle, la vérification de la qualité s’est faite uniquement sur la base des brochures qui leurs ont été présentées.
WAX WAXEET DE AIDA DIONGUE
Devant la Cour, Aida Diongue avait clairement soutenu qu’elle n’était propriétaire que d’une seule société, dénommée Dialo Wali, qui d’ailleurs n’est pas épinglée dans le dossier du Plan Jaxaay. A l’en croire, toutes les autres sociétés étaient familiales. Mais à la demande du procureur pour confirmer les propos, Aida Diongue a formellement niée avoir dit que seule la société Dialo Wali est en son nom propre. Selon elle, il y a aussi une autre en son nom. Mais, pour elle, tout le reste est pour la famille et qu’elle ne facilitait que le règlement de la caution. Cependant, il y a eu un paradoxe qui a fait tiqué plus d’un au niveau de l’assistance. En effet, la ponte libérale a reconnu qu’elle est la seule à ordonner les mouvements au niveau des comptes des sociétés créées par ses parents et que c’est elle même qui a livré les marchés. Pourtant, El Hadj Massey Diongue, soi-disant propriétaire de la société EGTPF, chargée de livrer 5000 tentes en coton pour 5,9 milliards, avait soutenu mordicus qu’il a lui même soumissionné les marchés et que c’est lui en personne qui a procédé à la livraison, sans Aida Diongue.
POLEMIQUE AU TRIBUNAL
Hier au Tribunal, l’agent judiciaire de l’Etat a voulu posé des questions aux détenus. Ce qui a butté contre le refus de la défense qui a estimé que l’agent judiciaire s’est déjà fait représenté et que conformément à la loi, il n’avait pas droit à la parole. Faux, rétorque ce dernier qui a estimé que la loi lui permet de prendre parole nonobstant le fait qu’il se soit fait représenté. Pour couper la poire en deux, le juge a fait une recommandation pour demander à la partie civile de poser ses questions en bloc au nom de l’agent judiciaire de l’Etat. Pour cause, il a expliqué que la salle 4 leur a été octroyée pour une seule journée et que son souci est de vider l’affaire en une journée. En fin de compte, le procès a repris son cours normal des choses.
LE PROCES SPECIAL INTERMINABLE
Décidément, on peut dire, sans risque de se tromper que l’audience spéciale du procès contre Aida Diongue et co-prévenus était le plus long de toutes les audiences. En effet, l’audience s’est déroulée de 9h à 20h30, avec seulement une pause de 45mn et de deux suspensions de 10mn. Pour cause, le juge Diouf, a voulu vidé l’affaire en une journée à cause d’un manque de salle, car la salle 4 était mise à la disposition de la chambre correctionnelle que pour la journée d’hier. Ce qui n’a pas manqué de susciter la réaction des avocats de part et d’autres, qui ont jugé nécessaire de renvoyer l’audience à une date ultérieure pour permettre à tous de plaider dans un bon état d’esprit. Cela, surtout qu’il y avait une liste, de 18 avocats de la défense qui devaient plaider, non encore épuisée
source :http://www.sudonline.sn/a%C3%8Fda-diongue-et-cie-risquent-10-ans-de-prison-ferme_a_24025.html