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Des responsables du Commerce au Sénégal ont tenté d’expliquer la présence d’engrais dans des hangars à Kaolack (centre). Ils ont évoqué de l’engrais importé par OCP Sénégal, destiné à être revendu. Sans citer la Gambie, ni évoquer les 25 000 tonnes octroyées par le Maroc. Encore moins donner des explications sur la cherté des fertilisants au pays de la Téranga.
La semaine dernière, une information de Seneweb donnait le tournis au Maroc et au Sénégal. 2 000 tonnes d’engrais saisies par la gendarmerie de Kaolack. De l’engrais contenu dans des sacs « avec des logos du Sénégal et du Maroc » qui était conditionné dans des sacs estampillés Gambie. Le journal ajoutait que l’engrais devait être revendu en Gambie. Ce qui donnait des allures de fraude à grande échelle.
Non pas 2 000 tonnes, mais 5 000 tonnes
Plusieurs zones d’ombre subsistaient dans cette affaire. Notamment le fait que ces fertilisants soient reconditionnés dans des emballages aux couleurs de la Gambie. Alors que dans le même temps, au Sénégal, c’est la surenchère sur les engrais dont les prix ont triplé, selon des témoignages. Pourquoi exporter une denrée rare ? En tout cas, vendredi, le chef du service régional du commerce, Adama Mouhamed Mbaye, a précisé qu’il ne s’agit pas de 2 000 tonnes, mais de 5 000 tonnes.
« Je dois préciser que l’engrais en soi n’était pas un don destiné à l’Etat du Sénégal, mais plutôt un produit régulièrement importé par la société OCP Sénégal SA. Ce qui entre bien dans leurs activités normales, ordinaires, qui consistent à acheter pour revendre », a insisté M. Mbaye. Il a reconnu que cette importante quantité d’engrais était en train d’être reconditionnée dans des hangars à Kaolack.
« Un produit appartenant à la société OCP Sénégal SA »
Précisant qu’il s’agit, « d’un produit appartenant à la société OCP Sénégal SA, une filiale de OCP Afrique, qui dépend de OCP Maroc », le chef du service régional du commerce de révéler que c’est le non-respect de la réglementation en vigueur au Sénégal qui posait problème. Et d’ajouter qu’il existe « d’autres infractions connexes pour lesquelles on ne peut encore communiquer, compte tenu du respect de la procédure que nous sommes en train de dérouler ».
« Après avoir été saisis par la Gendarmerie à travers la transmission d’un dossier, nous avons enclenché la procédure pour faire un procès-verbal de saisie sur la quantité en question dont nous avons mis la main dessus conformément à la loi. La procédure va être poursuivie avec les mis en cause, notamment les représentants de OCP Sénégal SA », a justifié Adama Mouhamed Mbaye. Sans donner de réponses aux nombreuses questions soulevées par cette affaire.
Où sont passés les 25 000 tonnes d’engrais offerts par le Maroc ?
Notamment quel est l’intérêt d’importer de l’engrais du Maroc pour le reconditionner dans des sacs aux couleurs de la Gambie ? Sachant déjà que cet engrais ne peut pas être vendu plus cher en Gambie. Surtout que le Sénégal fait face à une hausse vertigineuse des prix de ces fertilisants. Et qu’il serait de loin plus bénéfique de vendre ce produit au Sénégal qu’ailleurs. Les prix des fertilisants coûtant quatre fois plus cher au Sénégal. Par ailleurs, comment se fait-il que, malgré le soutien colossal du Maroc, les prix des fertilisants demeurent trop élevés au Sénégal ?
Une autre question est de savoir que sont devenus les 25 000 tonnes de fertilisants venus du Maroc en octobre 2022, à la fin des récoltes ? Lesquels fertilisants sont donc non encore utilisés pendant une saison hivernale. Par ailleurs quid des 5 000 tonnes de fertilisants récemment annoncées en provenance du Maroc ? Cette quantité devait « accompagner » le roi Mohammed VI, lors de son séjour à Dakar, en février dernier. Trop de question sans réponses, ce qui est susceptible d’entraîner un malaise entre Rabat et Dakar.