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Mar, Déc

EXCLUSIF : "C'EST MOI QUI AI PIRATÉ CHARLIE HEBDO"

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Charlie HebdoC’est un jeune homme de 20 ans qui se présente au rendez-vous donné dans un café discret, sur la rive asiatique d’Istanbul. En jean et chemise noire, Ekber arrive avec son ordinateur portable sous le bras. Il est étudiant à l’université Isik, futur ingénieur informatique. Originaire de Rize, sur la mer Noire, comme le premier ministre Erdogan, qu’il admire. Un jeune Turc lambda qui n’a pas vraiment le profil du taliban croqué par Cabu! "Black Apple", son nom de code de hacker, est celui qui a réalisé le piratage du site Internet de Charlie Hebdo, mercredi matin.

 

 Ce jour-là, un peu avant 6 heures, la page d’accueil de l’hebdo satirique est victime d’une attaque. Un message s’affiche en turc, traduit dans un mauvais anglais: "Avec vos caricatures haineuses, vous attaquez le grand prophète de l’Islam, sous couvert de la liberté d’expression. Que la malédiction de Dieu s’abatte sur vous. Nous serons votre malédiction dans le monde virtuel!". Signé des Akincilar, un groupe de neuf hackers turcs qui a adopté le nom des guerriers légendaires de la cavalerie ottomane. À 6h54, heure d’Istanbul, Black Apple annonce le succès de l’opération sur un forum. "Il fallait donner la réponse qu’elle méritait à cette revue qui prononce de telles imbécillités." Ekber n’avait jamais entendu parler de Charlie Hebdo. Tout est parti mardi matin, explique- t-il, de la lecture d’articles sur Internet. Un extrait du site de la BBC, annonçant la sortie du numéro spécial rebaptisé Charia Hebdo, avait été traduit en turc et repris à travers la Toile. Le site du quotidien Aksam, par exemple, l’a republié, avec, en gros titre : "Un immense irrespect pour le prophète Mahomet!" Les Akincilar ont aussitôt sonné la charge. "Nous avons un groupe d’enquête et un groupe d’action. Nous nous sommes réunis mardi à 12 heures, et le soir nous avons commencé à travailler. 

 

 

Ça a duré six heures." "Ce n’est pas comme si nous avions siphonné des comptes bancaires" Trois jours après, Ekber ne ressent ni remords ni fierté. "Nous ne pensons pas avoir fait quelque chose de mal, ce n’est pas comme si nous avions siphonné des comptes bancaires. C’est une protestation contre une insulte à nos valeurs et nos croyances." Mais le jeune hacker tient immédiatement à se désolidariser de l’attaque au cocktail Molotov qui a ravagé le journal. "Bien sûr que non, nous ne soutenons pas la violence. L’islam est une religion de paix. Ces actes sont le fait de gens qui se servent de la religion." Dès mercredi matin, les pirates turcs avaient ajouté un paragraphe à leur communiqué pour condamner l’incendie criminel. Les Akincilar n’en sont pas à leur coup d’essai : plus de 6.000 sites ont subi leurs attaques ces dernières années.

 Des sites "satanistes ou pornographiques", des sites qui avaient, selon eux, déshonoré Mahomet : comme celui du satirique Penguen, "le Pingouin". En février, le Charlie Hebdo turc avait publié une caricature irrévérencieuse qui montrait des musulmans priant à la mosquée, l’un d’eux en train de téléphoner. Sur les murs, à la place des calligraphies coraniques: "Dieu n’existe pas, la religion est un mensonge." Mais la majorité des cibles des Akincilar est plus politique que religieuse. 

Ainsi, des centaines de sites israéliens, notamment celui du Mossad, ont été pris d’assaut après l’attaque israélienne contre le navire turc Mavi Marmara en mai 2010. Des sites arméniens, des médias kurdes favorables à la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan… Ou plus récemment le site de la compagnie pétrolière américaine Noble Energy, qui effectue des forages gaziers au large de Chypre, dans une zone territoriale contestée par la Turquie. "Nous défendons notre pays et nos institutions", lance Ekber. Après Charlie Hebdo, le hacker assure qu’ils garderont un oeil sur la presse française. "Si Libération continue à publier ces dessins, nous nous occuperons d’eux aussi", promet-il.

SOURCE:  Jdd