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Ven, Nov

3e jour d’audition de l’ex-PCA de AHS : Entre stress, coup de colère et compassion, Pierre Goudjo Agboba déballe sans les ballons de Karim Wade

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L’OBS – Pierre Goudjo Agboba va louer son Seigneur le jour où il en finira avec les questions de la Cour et des avocats. Interrogé depuis le mardi 09 septembre 2014 sur sa supposée complicité d’enrichissement illicite (Ei), il n’a toujours pas fini. Lundi, l’homme qui a craqué hier jeudi sera de nouveau à la barre de la Crei.  

C’est comme s’il voulait dire: «Ceux qui pensent qu’on s’est enrichi avec Ahs Sénégal peuvent déchanter.» 

Hier jeudi, l’ancien président du Conseil d’administration (Pca) a fait savoir à la Cour que «de 2005 à 2008, personne n’a reçu de dividendes de Ahs parce qu’elle fonctionnait à perte». Dans son interrogatoire, Pierre Goudjo Agboba ne répondait que sur les questions qui le concernaient. Il ne voulait endosser aucune appréciation, aucun commentaire par rapport aux faits. «Je n’interprète pas les choses. Je laisse le soin aux autres d’interpréter», dira-t-il à chaque fois qu’on lui demande son sentiment ou son appréciation. Hier encore, le Béninois s’est détaché de Karim Meïssa Wade avec qui il dit n’avoir jamais travaillé. Se voulant prudent, il prend le soin de vérifier où il met ses pieds. Dans ce terrain miné d’explosifs, Agboba déballe mais sans les ballons de Karim wade. Il ne veut pas se retrouver avec une jambe amputée ou le corps brûlé. Et lorsque Me Seydou Diagne lui dit: «Deux autorités sénégalaises, Mame Mbaye Niang et Thierno Alassane Sall ont dit que Karim Meïssa Wade gagnait par jour à l’aéroport par le biais de Ahs, 54 millions FCfa pour l’un  et  164 millions FCfa pour l’autre. Cette information vous semble-t-elle invraisemblable ?», il répond : «Cette déclaration ne concerne que les personnes qui les ont faites. Je ne vois pas comment, dans une société comme Ahs,  une seule personne puisse gagner une telle somme par jour. Les autres gagnerons quoi alors ?» Pour ce qui est de sa richesse au Sénégal, il confirme ses déclarations devant les gendarmes de la Section de recherches: «Je n’ai  ni compte bancaire ni lopin de terrain au Sénégal. Je n’ai rien au Sénégal. Je confirme que Karim Wade encore moins une autre personne ne m’a donné ni terrain ni de l’argent au Sénégal.» Me Moustapha Ndoye lui demande : «Avez-vous, en tant qu’administrateur, décelé des mouvements de fonds vers l’extérieur.» Il répond : «Je suis Pca et non directeur. Ces détails ne viennent pas au Conseil d’administration (Ca). S’il y avait des mouvements de comptes irréguliers, les commissaires au compte les auraient signalés et le Ca serait au courant. Les commissaires au compte en charge du contrôle ne nous ont pas signalé ce genre d’irrégularités.» Mieux, poursuit-il, à la question suivante de la robe noire : «En tant que Pca, je n’ai jamais aidé et assisté Karim Wade dans son enrichissement. Toutes les autres sociétés comme Abs, Astan, ne me concernent pas.»

Quand Alioune Ndao séduit Agboba : «Vous savez qu’il y a une loi sénégalaise qui protège les étrangers…»

Toujours lors de l’enquête, le parquet spécial a essayé de tirer la réponse qu’il veut entendre de Agboba. Une tentative qui a été vaine. Et c’est Me Baboucar Cissé qui soutire la confidence à Agboba. Qui ne se fait pas prier pour révéler : «Le Procureur spécial m’a dit que je ne pouvais pas ne pas savoir que ces sociétés sont à Karim Wade. Il m’a montré des coupures de journaux en me disant que je suis le cerveau de cette affaire. Je lui ai dit que : Ce que je sais, c’est ce que je vous ai dit. Il m’a dit : Mais vous savez qu’il y a une loi sénégalaise qui protège les étrangers…Je lui ai répété que : Je ne sais que ce que je vous ai dit. Il m’a dit comme c’est ça, vous êtes interdit de sortie.» Donc, on vous a invité à dénoncer pour être libéré, poursuit Me Baboucar Cissé. «Je n’interprète pas les choses, je suis un ingénieur. Je laisse le soin aux autres d’interpréter.» De Eli Manel Diop, Agboba en a encore parlé. A celui-là qui dit avoir, avec lui, «tenu de nombreux entretiens à propos de l’implication de Karim Meïssa Wade dans la gestion de Ahs Sénégal», Agboba envoie sa botte de démentis: «Nous n’avons jamais eu d’entretien sur les supposés implications de Karim Wade dans la gestion de Ahs.» Et d’ajouter en direction de certains témoins à charge : «Je ne sais pas quelle crédibilité on peut donner à des témoignages de personnes avec qui vous avez un contentieux. Les 4 personnes qui sont les témoins principaux, Eli Manel Diop,  Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, Charles Morin… ont été licenciés par Menzi et Ahs. Ils étaient en contentieux au tribunal.» A Me Pape Leity Ndiaye, il confie des révélations: «Cheikh Ahmed Tidiane Ndiaye, qui était un agent de  Ahs, m’a dit qu’il serait possible que la société soit mise en administration provisoire et que nous soyons mis en prison.» Alors que Pape Ahmed Tidiane Ndiaye le mouille, Agboba raconte comment il l’a soutenu : «Il a été licencié par le Dg adjoint, Rachid. Il m’a informé et m’a instruit le dossier. Je me suis rapproché de Me Leity Ndiaye qui était au courant, car ayant instruit le dossier de licenciement. Je lui ai demandé s’il n’était pas possible de trouver un arrangement… », déclare Agboba qui raconte comment Ndiaye l’appelait pour qu’il l’informe sur son dossier.

Agboba : «Le commandant Sarr entrait périodiquement dans la salle pour superviser et jeter un coup d’œil sur le déroulement de l’interrogatoire»

Me Demba Ciré Bathily qui voulait confirmer le bien-fondé de l’exception de nullité soulevée par rapport aux agents de la Section de recherches qui ont effectué l’enquête se saisit des déclarations de Agboba pour lui demander : «Vous avez dit avoir été entendu par un certain Ngom…pouvez-vous nous rappeler son nom ?» Agboba : «C’est l’adjudant-chef Ngom et autres. Ils étaient un groupe de 4.» Me Bathily : «On a dit, lors des exceptions de nullité que le Procureur spécial pouvait choisir une brigade spéciale, il a dit qu’il le savait, mais a préféré le commandant Sarr, avez-vous été interrogé par le commandant Sarr ?» Nouvelle réponse : «Le commandant Sarr entrait périodiquement dans la salle pour superviser et jeter un coup d’œil sur le déroulement de l’interrogatoire.» Me Bathily, qui avait accroché un point sensible, serre le crochet : «Est-ce que vous saviez que les gendarmes qui vous ont entendu n’avaient pas le droit de vous interroger ?» Agboba qui n’en savait pas grand-chose laisse le soin au public de se rappeler comment les avocats s’étaient avec bec et ongles chamaillés contre le parquet spécial en lui disant que même si le commandant Cheikh Sarr a été légalement saisi via une correspondance par le parquet spécial, les gendarmes qui ont travaillé avec lui ne sont pas habiletés à mener l’enquête sur l’Enrichissement Illicite. Cette exception, à l’image des autres, est mise au fond, la Cour en tirera toutes les conséquences.

T. Marie Louise Ndiaye 

 

SOURCE:http://www.gfm.sn/3e-jour-daudition-de-lex-pca-de-ahs-entre-stress-coup-de-colere-et-compassion-pierre-goudjo-agboba-deballe-sans-les-ballons-de-karim-wade/