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Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme hier, un rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention au Sénégal a été présenté. Les conclusions d’une année d’enquêtes ont été déroulées lors d’une cérémonie présidée par le ministre de la Justice, Garde des sceaux à la Maison d’arrêt des femmes de Liberté VI.
D’après le dernier rapport de l’administration pénitentiaire, les femmes détenues représentent 4,32% des 36 028 prisonniers du Sénégal. Mais du fait de leur minorité, leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte, a relevé le rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention signé par l’Association des juristes sénégalaises, l’Observatoire national des lieux de privation de liberté et le bureau régional des Nations-Unis pour les droits de l’Homme . Présenté hier, lors de la célébration internationale de la femme à la Maison d’arrêt des femmes de Liberté VI, le document résume les enquêtes effectuées pendant un an dans les prisons pour femmes de Liberté VI, Rufisque, Thiès, Kaolack et Tambacounda. «Ce que nous avons vu, c’est que les femmes sont surtout en prison parce que ce sont des femmes. Elles sont victimes de marginalisation dans la société parce que l’Etat n’a toujours pas reconnu leurs droits fondamentaux tels qu’ils sont énoncés à la fois dans la Constitution du Sénégal et dans la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans le Protocole de Maputo. Et aussi parce que l’on ne prend pas en compte leur spécificité et qu’elles sont majoritairement pauvres et illettrées dans ce pays», a partagé la présidente de l’Association des juristes sénégalaises, Fatou Kiné Camara. Au-delà de la question de la marginalisation basée sur le genre, la première cause de détention chez la femme est le trafic de drogue avec un taux de 31%. Ensuite, elles sont détenues pour infanticide. 16% de la population carcérale féminine sont accusés de ce crime. Le troisième motif, qui est souvent lié à la pauvreté, c’est le vol avec 11%. Le niveau d’instruction est aussi pris en compte dans le rapport. Il apparaît que les 34% des femmes détenues ne sont pas instruites, 32% ont le niveau du primaire. Celles qui ont le niveau du secondaire sont 20% et elles sont 14% à avoir un niveau supérieur. Dans ce lot, deux situations se distinguent : les détentions préventives et les condamnations. La proportion des détenues en préventive est de 72% contre 28% pour les condamnées. Les longues détentions préventives qui sont de six mois en matière délictuelle et illimitées pour les crimes en sont la cause.
72% de la population carcérale en détention préventive
La présidente de l’Association des juristes sénégalaises demande à ce que l’on revoit la loi sur la drogue et que l’on permette «au juge de moduler les peines en fonction de l’accusé qu’il a en face de lui». Pour réduire le nombre de femmes détenues pour infanticide, Fatou Kiné Camara demande l’application des dispositions du Protocole de Maputo signé par le Sénégal. Cette convention stipule que la femme peut avoir accès à l’interruption volontaire de grossesse en cas de viol ou en cas d’inceste ou lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique et lorsqu’on ça peut mettre en danger la vie du fœtus. Les rédacteurs de ce rapport se sont aussi arrêtés sur la situation des femmes enceintes dans les établissements de privation de liberté. «Il n’est pas normal que l’on trouve en prison des femmes enceintes, des femmes allaitantes et des femmes avec des enfants à bas âge. En plus, c’est interdit dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. Nous demandons à l’Etat de respecter les conventions qui posent les droits des femmes et d’avoir des mesures alternatives à l’emprisonnement des femmes en général et en particulier des femmes qui ont des enfants ou des femmes enceintes et évidemment de revoir sa législation», a plaidé la juriste. Le Représentant du bureau régional des Nations-Unis pour les droits de l’Homme a résumé les recommandations faites aux responsables du système judiciaire et pénitentiaire sénégalais. Andrea Ori a appelé à «l’harmonisation de la législation sénégalaise avec les engagements internationaux et régionaux pour éliminer les motifs d’inculpation discriminatoires et attentatoires aux droits humains des femmes». Ensuite, il a invité à «humaniser les lieux de privation de liberté» et à «prévoir des peines de substitution à l’incarcération pour les femmes». Enfin, M. Ori a recommandé de «fixer un délai limité à la durée de la détention préventive».A ces préoccupations, le ministre de la Justice a répondu en rappelant les réformes envisagées dans le système judiciaire et pénitentiaire. «La réforme du Code de procédure pénale est en train de prendre cela en charge pour limiter les détentions préventives et c’est un grand problème pour les femmes parce que la majorité des femmes qui sont en détention sont en détention préventive», a dit Sidiki Kaba. Avec la suppression des assises et la création des chambres criminelles dans des Tribunaux de grande instance, les détentions préventives vont être écourtées, a-t-il ajouté. Les réformes prévoient une indemnisation des victimes des longues préventives acquittées. En ce qui concerne la loi Latif Guèye qui criminalise le trafic de drogue, le Garde des sceaux a souligné que le texte a été voté au ministère de l’Intérieur et a informé qu’une évaluation est faite.Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
source: http://www.lequotidien.sn/new/index.php/component/k2/droits-des-femmes-dans-les-prisons-leurs-besoins-specifiques-non-pris-en-compte.html
Sénégal - Droits des femmes dans les prisons : Leurs besoins spécifiques non pris en compte
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