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Caricaturer le prophète Mahomet, comme l'a fait l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo mercredi, relève de la "provocation", mais ne peut justifier l'incendie criminel de sa rédaction, disent des musulmans à la prière du vendredi dans le nord de Paris.
Caricaturer le prophète Mahomet, comme l'a fait l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo mercredi, relève de la "provocation", mais ne peut justifier l'incendie criminel de sa rédaction, disent des musulmans à la prière du vendredi dans le nord de Paris.
Dans une ancienne caserne de l'avenue de la Porte des Poissonniers (XVIIIe) reconvertie en salle de prière, des fidèles soulignent que l'origine musulmane des auteurs présumés de l'incendie du siège du journal n'est pas établie. D'autres refusent de s'exprimer ou disent découvrir la nouvelle. L'imam Tidjani Diakité, qui assure le prêche ce vendredi, n'évoquera en tout cas pas ce que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a qualifié d'"attentat" peut-être commis par des intégristes musulmans.
Dans la grande cour asphaltée où des centaines de fidèles se pressent peu avant la prière de 13H00, ceux interrogés par l'AFP s'accordent pour condamner l'incendie. Si ses auteurs sont musulmans, "ils n'ont rien à voir avec l'islam, qui n'a jamais dit de faire du mal", lance un homme de 28 ans à la fine barbe. Pour Hicham, 19 ans, brûler les locaux d'un journal "n'est pas le meilleur moyen de protester" contre des caricatures. "Il faut être conciliant car nous sommes dans un pays laïc et un pays de libertés", plaide Mori Diomandé, 50 ans.
Pour une majorité de fidèles toutefois, la liberté d'expression doit avoir "des limites" et les dessinateurs de Charlie Hebdo sont "allés trop loin" en caricaturant le prophète Mahomet, "nommé rédacteur en chef" de l'édition spéciale du journal de mercredi, rebaptisé pour l'occasion "Charia Hebdo". Cela "touche la sensibilité de la plupart des musulmans", souligne Mori Diomandé. Mahomet est "quelqu'un de sacré" dont la représentation est interdite, rappelle Chayma El Khaira, 19 ans.
"La liberté de la presse est un droit fondamental en France, donc la limite n'est pas franchie légalement, mais pour les musulmans (...), dans notre coeur, elle est franchie", explique Hicham. Un grand jeune de 20 ans, djellaba blanche et blouson noir, estime que caricaturer Mahomet, "ça ne fait pas partie de la liberté d'expression". "C'est provoquer", dit-il. Il se rappelle de la publication en 2006 de caricatures qui avaient fait scandale, dont une du dessinateur danois représentant Mahomet la tête enveloppée d'un turban en forme de bombe à la mèche allumée. "Ca m'a fait mal", lâche-t-il.
Noureddine Abdelhak, 35 ans, parle, lui, de ce qu'il suppose être l'ignorance des dessinateurs de Charlie Hebdo qui ont "sali l'image" de Mahomet : "ils ne savent pas ce qu'il signifie pour les musulmans, ils auraient pu faire des caricatures sur autre chose, mais pas sur le symbole lui-même".
Le mot "respect" est aussi sur toutes les lèvres de ces fidèles musulmans dont la religion commande de "respecter tous les prophètes" de toutes les religions. "Si Moïse ou Adam étaient caricaturés, ça me ferait mal car ce sont des prophètes, des exemples", explique le jeune homme à la djellaba. "On peut très bien s'exprimer, mais dans le respect", dit-il.
Pour Chayma El Khaira, le "problème" serait "réglé" si l'on "arrêtait de caricaturer les religions des uns et des autres, islam, judaïsme ou christianisme".
"La liberté des uns commence là où celle des autres se termine. Il y a des limites à la liberté d'expression, pour les uns comme pour les autres, et il faut savoir trouver le juste milieu pour vivre ensemble", résume Youssef Dhabbah, 27 ans.
SOURCE: JEUNE AFRIQUE