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Crise « humanitaire » entre le Sénégal et la Gambie : Evitons de rééditer le drame humain de 1989, entre le Sénégal et la Mauritanie !

Mauritanie
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                              gambie

L’exécution de la sentence de mort de deux Sénégalais en Gambie, en violation de la Convention consulaire de Genève et des règles de bon voisinage, a jeté le froid dans les relations entre les deux pays. Depuis lors, la tonalité des discours d’indignation qui s’amplifie, comme une trainée de poudre, à la suite de l’interpellation publique des Autorités Gambiennes par le Chef de l’Etat du Sénégal, est en train d’attiser le feu entre ces deux pays.

Les va- t- en guerre, au Sénégal, reprennent du service dans tous les milieux, encouragés par les propos musclés et « guerriers » de nos organisations de Défense de Droits Humains à l’encontre du Président Gambien, et par les révélations irresponsables, à la limite de la décence, faites publiquement sur les plateaux de la Télévision nationale (RTS),  par un ancien Ambassadeur du Sénégal en Gambie, sur les rapports « hostiles » que les Autorités Gambiennes auraient toujours entretenus avec le Sénégal.

Que s’est – il passé donc pour qu’on en arrive là ?

Trois Sénégalais ont été jugés à une sentence à mort, depuis 2007, par les Autorités judiciaires Gambiennes, que le Chef de l’Etat de ce pays est en train d’exécuter, après en avoir fait une annonce publique.

Où étaient donc les Autorités Sénégalaises de l’époque, et l’Ambassadeur du Sénégal en Gambie, qui, aujourd’hui, jette de l’huile au feu par des révélations fracassantes, quand il fallait  défendre les droits de nos concitoyens lors de leur arrestation, leur détention, leur jugement et leur condamnation à la peine de mort ?  Leur devoir n’était-il pas de veiller aux respects de leurs droits lors de leur incarcération, de faire en sorte qu’ils bénéficient d’un procès équitable, et une fois la sentence à mort prononcée, les aider à user de toutes les voies de recours pour faire la faire communier en une condamnation à vie, dans l’espoir de les faire gracier ultérieurement ?

Mais, pouvait – il en être ainsi, si au Sénégal même, les droits humains de nos compatriotes ne sont respectés ni en interpellation, ni en détention, ni en incarcération, et que nos concitoyens de la Diaspora sont traités par nos Ambassades et Consulats en « parias », s’ils ne sont pas victimes d’arnaques pour obtenir ou régulariser leurs documents nationaux ?

De même, où étaient nos organisations de Défense des Droits Humains durant tout le calvaire que vivaient nos concitoyens dans les geôles Gambiennes ? N’ont – elles pas, aussi, failli à leur devoir d’alerte et de sensibilisation des Sénégalais sur le sort de nos compatriotes dans le couloir de la mort en Gambie ? Que signifient donc les agitations fébriles de ces organisations et les révélations de cet ancien Ambassadeur, après que les Autorités Gambiennes aient commencé à exécuter leur décision de justice, et que le Président Macky Sall, qui vient d’hériter du dossier, les ait interpelées publiquement ? 

C’est, sans aucun doute, dans le but de détériorer davantage les rapports entre  le Sénégal et la Gambie, au prix d’une rupture diplomatique et « d’une situation de guerre » entre nos deux pays, avec tous les risques de violence entre nos deux peuples, et  de déstabilisation de la sous- région.

Le grand perdant, dans une telle évolution, c’est sans conteste, le Sénégal et les Sénégalais, notamment nos compatriotes en Gambie, comme cela fut le cas avec la Mauritanie en 1989.

La Gambie et sa stabilité sont doublement vitales  pour le Sénégal et les Sénégalais.

En effet, c’est le troisième pays de destination de nos exportations en Afrique, derrière le Mali et la République de Guinée, loin devant la Côte d’Ivoire et le Nigéria. Donc, ce serait suicidaire  d’envenimer ses rapports avec les principaux destinataires des exportations pour un pays, qui  a axé sa stratégie de croissance dans la promotion des celles-ci, et dans l’intégration sous - régionale.

De même, la Gambie est un élément stratégique pour le retour de la paix en Casamance, et pour la stabilité du Sénégal. Donc, toute déstabilisation de la Gambie dans laquelle notre pays aurait participé, aura des conséquences négatives incalculables sur l’intégrité de notre territoire national et sur la sécurité de nos populations, avec le risque grave de perte de nos conquêtes républicaines et démocratiques.

Ni la France, ni l’Union Européenne, ni les Etats Unis, n’ignorent ce que représente la Gambie pour le Sénégal, mais peuvent, pour des raisons de compétition géostratégique, en faire fi, et jouer à la surenchère dans notre crise « humanitaire » avec ce pays, alors qu’ils gardent le profil bas devant l’exécution des peines de mort en Irak et aux Etats Unis mêmes.   D’ailleurs, OBAMA, la France et l’Union Européenne se taisent sur le sort du Sénégalais actuellement  dans le couloir de la mort aux USA, mais affichent une fermeté sans faille contre le Chef de l’Etat Gambien, en exploitant, sans retenue, notre « crise humanitaire » avec ce pays !

Mais, des Républicains et des Démocrates Sénégalais, notamment dans les organisations de Défense des Droits Humains, doivent en prendre compte, pour conjurer les démons de la déstabilisation de notre sous-région, qu’on aurait  tort de ne voir que chez les Islamistes radicaux.

Le tollé actuel, contre les Autorités Gambiennes, risque, par le climat d’hostilité qu’il cultive, d’éloigner les nouvelles Autorités Sénégalaises de la recherche, par des voies diplomatiques et des moyens de droit, une solution à la « crise humanitaire et de bon voisinage » entre nos deux pays.

D’autant plus, qu’à l’exception de la Sénégalaise mariée à un Gambien qui aurait commis sur lui un crime passionnel, les Sénégalais ignorent encore les délits que nos compatriotes auraient commis, pour  leur valoir la peine de mort en Gambie. Tout est présenté comme si le Président  de Gambie a fait la « chasse » aux Sénégalais, et en a exécuté deux, en attendant le troisième, après les avoir fait arrêter et juger sur ordre !

Cette  désinformation  nourrit  et entretient la rumeur sur un « despote » sanguinaire, ennemi du Sénégal, qui règne en terreur en Gambie, que notre pays aurait intérêt à contribuer à son bannissement  de la Communauté Ouest Africaine, et à le chasser du pouvoir !

Ce que l’Occident avait obtenu du Sénégal pour chasser KUKOÏ Samba Sagna du pouvoir  en Gambie, l’on caresse, aujourd’hui, le rêve de le rééditer, malgré le risque évident, que cela comporte, de  creuser  davantage le fossé entre Gambiens et Sénégalais, et d’éloigner les perspectives de paix en Casamance, et de stabilité de la sous-région.

Loin de nous l’idée de cautionner les violations des droits et libertés du peuple Gambien, et les persécutions et autres vexations de Républicains et de  Démocrates dans ce pays, du fait du régime du Président YAYAH  Jammeh.  Encore moins la peine de mort. Mais, malgré la solidarité qui nous incombe, ce sont, avant tout, les Républicains, et Démocrates Gambiens, notamment leurs organisations de Défense des Droits Humains, qui sont interpelés, face à l’autoritarisme du régime. D’ailleurs, comme leurs homologues Sénégalais, ces organisations ont brillé par leur manquement à leur devoir d’alerte de l’opinion, devant les condamnations à mort prononcées par la Justice Gambienne.

Il n’est donc pas du devoir du Sénégal de se substituer à eux, pour chasser le « despote » et restaurer « l’ordre républicain et démocratique ». Ce rôle de « gendarme démocratique » dans la sous-région ne sied guerre à notre pays, encore moins au peuple Sénégalais, qui compte des millions de ses ressortissants dans ces pays. Notre pays a été incité, par l’Occident, à le faire avec KUKOÏ, pour récolter ensuite une crise en Casamance, d’où l’on peine de sortir depuis plus de 30 ans !

Ce n’est donc pas un hasard, que les gesticulations  de nos organisations de Défense des Droits Humains, se produisent dans un contexte, où de signaux forts d’une nouvelle de coopération fraternelle,  sont donnés, par les nouvelles Autorités Sénégalaises, à leurs homologues Gambiens, qui y ont répondu positivement, en acceptant la construction du pont sur la Gambie, qui constitue un élément clef du retour à la paix en Casamance, et en acceptant l’invitation qui leur est faite, par le nouveau Chef de l’Etat du Sénégal, de participer pleinement au processus de paix.

La crise « humanitaire » qui est intervenue, entre temps, entre nos deux pays, est, aujourd’hui, outrageusement exploitée, pour renverser cette tendance à la décrispation des relations entre nos deux pays.

Il urge donc de mettre fin à cette surenchère et à cette indignation sélective, pour créer un climat qui permette aux nouvelles Autorités Sénégalaises, de gérer cette crise avec sérénité, dans les intérêts du Sénégal et des Sénégalais, notamment de nos compatriotes en Gambie, et dans le respect  véritable des Droits Humains.

En fait, organiser une marche de protestation devant l’Ambassade de Gambie à Dakar pour cette « affaire », et s’abstenir d’en faire autant devant l’Ambassade des Etats Unis à Dakar, pour extraire le Sénégalais qui est, dans ce pays, dans le couloir de la mort, est révélateur d’une politique à deux vitesses de défense des Droits Humains des Sénégalais de la Diaspora.

Il est donc temps de mettre un terme au recours à la défense des Droits Humains et  de la Démocratie, pour couvrir des objectifs politiques inavouables.

C’est le devoir de tous les patriotes, républicains et démocrates Sénégalais, notamment dans les organisations de Défense des Droits Humains, d’aider les nouvelles Autorités, dans cette douloureuse  « crise humanitaire et de voisinage » entre le Sénégal et la Gambie, en développant une attitude responsable et empreinte  de dignité.

                                                Fait à Dakar le 30 Août 2012

                                                                                                         Ibrahima Sène  PIT/SENEGAL