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Alors que le nouveau président malien Ibrahim Boubacar Keïta, célèbre ce 19 septembre, la cérémonie de son investiture publique, avec 26 chefs d’Etats comme invités, les maliens réfugiés, en Mauritanie, dans le camp de M’béra, vivent depuis le 05 septembre, sous la suspension de l’assistance du Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR). Mohamed Ag Malha est le président de la commission technique du camp des réfugiés de M’béra, il explique, dans un entretien le calvaire de ces exilés dont certains repartent au Mali, malgré la recrudescence de l’insécurité, depuis la rupture de la prise en charge du HCR.
Propos recueillis par Intagrist El Ansari et Raul Manuel Braga Pires
Quelle est la situation humanitaire dans le camp aujourd’hui ?
Il y a un grand problème avec le HCR. Le HCR nous a abandonnés depuis le 05 septembre 2013. Ils ne restent plus que les ONG qui s’occupent de la santé et de l’eau, en l’occurrence Médecins Sans Frontières et Solidarités International. Tout le reste est suspendu suite à la décision du HCR d’arrêter ses activités.
Qu’est-ce que le HCR a suspendu exactement ?
Le HCR a suspendu l’obtention du statut de réfugié pour les candidats, l’organisation a suspendu la distribution alimentaire, elle a suspendu le programme d’assainissement. Le HCR a suspendu les activités génératrices de revenus, il a suspendu le programme d’habitat, le HCR a suspendu toutes les activités couvertes par leurs financements.
Comment survivent aujourd’hui les 70.000 réfugiés ?
Nous sommes dans la période hivernale, la situation est très pénible, il y a beaucoup de moustiques, il y a aussi des maladies diarrhéiques qui se développent dans le camp, il y a des pathologies pulmonaires. Donc la situation est vraiment très difficile dans le camp au jour d’aujourd’hui. Chacun se débrouille comme il peut.
Combien de gens sont répartis au Mali, depuis la suspension de l’aide du HCR, qu’est-ce que ces personnes risquent-elles ?
Depuis le 05 septembre, date à laquelle le HCR a décidé de suspendre ses activités, plus de 500 personnes sont repartis au Mali. Ce flux de retour est due au fait que les gens n’ont plus accès au statut de réfugié, ceux qui avaient ce statut n’obtiennent plus des rations alimentaires. Cinq cents personnes sont retournées du camp de M’béra vers la région de Tombouctou. Mais ces retours ont été suspendu par le fait que l’armée malienne a arrêté 11 personnes près de la ville de Niafunké, et 09 autres personnes, dans la zone Ouest, à la frontière Mauritano-Malienne. Ces arrestations ont ralenti ces derniers jours les départs du camp.
Donc le Nord du Mali n’est toujours pas sécurisé ?
La sécurité n’est malheureusement toujours pas revenue au Nord-Mali. Il en sera ainsi, tant qu’il n’y a pas eu le retour des réfugiés et des déplacés intérieurs, tant que la « no man’s land » n’a pas été occupé par les populations, tant que les accords de paix de Ouagadougou n’ont pas été signés, tant que le cantonnent des groupes armés du nord, n’a pas été effectif dans la région de Tombouctou, surtout sur l’axe ouest du côté de la Mauritanie, la paix continuera toujours à souffrir, c’est ce qui bloque la sécurité en ce moment.
Si vous aviez Antonio Guterres (Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés) en face de vous, que lui diriez-vous ?
Si j’avais Mr Guterres, le responsable du HCR à Genève, en face, je lui dirais qu’il est tout à fait indispensable de relever le personnel HCR qui travaille au nom du camp de M’béra. Ce personnel n’arrive pas à trouver un terrain d’entente, il n’arrive pas à adapter les textes du HCR aux spécificités des réfugiés maliens qui se trouvent à M’béra. Il serait mieux que Guterres relève carrément les gens du HCR qui n’arrivent pas à faire le travail ici. D’un autre côté, nous allons lui demander de penser beaucoup à ce camp de M’béra, parce que si les gens pensent que c’est le temps de retourner au Mali, moi je ne partage pas cet avis. Pour nous, la sécurité dans le nord du Mali va demander beaucoup de temps parce que c’est une zone où se sont nidifiés les narcotrafiquants, les terroristes. Ces groupes attendent certainement le repli des forces de la Minusma (casques bleus des Nations unies au Mali), et de Serval (forces françaises) pour refaire surface. Donc il serait mieux que les réfugiés attendent encore sur le territoire mauritanien où ils ont une parfaite sécurité.
http://expresso.sapo.pt/refugiados-do-mali-na-mauritania-interpelam-antonio-guterres=f831184