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Des peines de huit et vingt ans de prison ont été requises jeudi à Bobigny contre Alassane Diop et Amadou Fall, accusés du meurtre du DJ antillais amateur Claudy Elisor, lynché par un groupe de jeunes dans la nuit du Nouvel An 2011.
Amadou Fall, «c'est le chef, le leader, celui qui désigne la victime, qui frappe le premier et s'acharne, ne vise que la tête». Il partira en volant des bouteilles de champagne, clamant «c'est ma salle, c'est ma soirée!», a affirmé l'avocate générale Anne-Laure Brutin.
Cet homme de 24 ans comparaît libre devant la cour d'assises car il est sorti de prison il y a trois mois à la faveur d'un problème de fax au tribunal, un raté rarissime de la justice. Sénégalais, il aurait pu fuir mais dit avoir choisi d'affronter ses juges pour défendre son innocence. Vingt ans ont été requis contre lui.
Le parquet a demandé huit ans de prison contre son coaccusé, Alassane Diop, 29 ans, reconnu par moins de témoins mais qui est, selon elle, «le seul à représenter le groupe, ce groupe qui va faire +la force+ et va permettre les coups». M. Diop se dit étranger à l'affaire.
Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont à nouveau souligné les carences d'une enquête qui n'aura permis d'identifier, sans certitude absolue, que deux agresseurs dans un groupe au moins trois fois plus large.
Avec principalement des témoignages, souvent fluctuants et contradictoires, à l'encontre des accusés, «les certitudes sont bien maigres, suffisamment maigres pour que vous ne soyez pas en mesure de condamner M. Fall», a plaidé son avocat Me Gilles-jean Portejoie.
Le jeune homme s'était rendu à la police après s'être débarrassé de son portable et s'être teint en blond, une manœuvre selon les enquêteurs. Il avait fait des aveux, mais est depuis revenu dessus, disant avoir craqué «sous la pression».
«On était à la recherche» d'un coupable et «peut-être que la pression politique a pesé sur les enquêteurs», a rappelé Me Portejoie. Quelques jours après les faits, le président Nicolas Sarkozy avait promis que les coupables seraient «retrouvés et sévèrement punis».
- Box à moitié vide -
L'affaire avait soulevé une forte émotion outremer, mais «la justice pénale n'est pas là pour apaiser la souffrance de la communauté antillaise», a ajouté l'avocat.
De son côté, l'avocate générale a reconnu «la souffrance» des familles face à un «box des accusés à moitié vide», mais a assuré qu'il n'y avait pas eu «de volonté de ne pas travailler» des juges face à «un dossier difficile, sans élément matériel» reposant uniquement sur des témoignages.
Cruciales en l'absence de trace ADN probante ou de vidéosurveillance, les auditions des témoins qui ont assisté au tabassage à mort de Claudy Elisor se sont succédé mais beaucoup ont peiné à identifier formellement les agresseurs, trois ans après des faits qui se sont déroulés après plusieurs heures de fête et dans une semi-obscurité.
Cette nuit-là M. Elisor, père de famille de 33 ans, anime bénévolement une soirée dans une petite salle du Blanc-Mesnil, que les jeunes de la cité dite «du 212», toute proche, ont l'habitude de fréquenter.
Amadou Fall a reconnu être le jeune qui vers 04H00 a tenté d'entrer dans la soirée avant d'en être éconduit. Mais il récuse être celui qui a ensuite organisé en quelques minutes, à coups de SMS, une expédition pour laver l'affront dans le sang.
Les agresseurs s'étaient dirigés sans hésiter vers le DJ, qui s'était effondré dès le premier coup de poing. Les intrus s'étaient acharnés sur son visage à coups de poing, de pied et de chaise, tandis qu'un homme avec un pitbull montait la garde.
Plongé dans un coma profond, Claudy Elisor avait succombé quelques jours plus tard d'un œdème cérébral.
Le verdict est attendu dans l'après-midi.
© 2014 AFP
source: http://www.20minutes.fr/ledirect/1382621/20140522-dj-antillais-tue-2011-8-20-ans-requis-contre-accuses