Account
Please wait, authorizing ...
Not a member? Sign up now
×

Sidebar

23
Sam, Nov

France : Des salariés sans-papiers poursuivent leur patron en justice

INTERNATIONAL
Outils
Vos reglages
  • Plus petit Petit Moyen Grand Plus grand
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Fast backlinks and Guest-post hosting

scandale

Ils ont été autorisés à poursuivre l’occupation des locaux et vont porter plainte pour «traite des êtres humains» contre leur employeur.

Des sourires et même quelques rires. A la sortie du Tribunal de grande instance de Paris, ce mardi midi, les 18 salariés sans-papiers du salon de coiffure-manucure New York Fashion, situé dans le quartier du Château-d’Eau à Paris, sont soulagés.

 Depuis le 24 juillet, date à laquelle ils ont appris la liquidation de la société, ils occupent les locaux de leur lieu de travail en signe de protestation. Le 6 juin, ils étaient devenus les premiers salariés en situation irrégulière à obtenir un contrat de travail, résultat de quinze jours de grève durant lesquels, soutenus par la Cgt, ils ont dénoncé leurs conditions de travail et les retards de salaires. Mais ce nouveau mouvement de grève n’est pas au goût du liquidateur qui a saisi le Tribunal pour exiger leur expulsion. La juge en a décidé autrement : une nouvelle audience en référé aura lieu le 23 octobre. En attendant, un médiateur sera chargé de trouver une solution. 

«C’est plutôt une bonne nouvelle», affirme dans la salle des pas perdus l’avocate Aline Chanu, en s’adressant aux 18 travailleurs sans-papiers présents à l’audience. Durant quelques minutes, elle leur explique que dans les prochains jours, un médiateur viendra les rencontrer pour écouter leurs revendications mais que, pour l’heure, l’expulsion n’aura pas lieu, et ce malgré l’insalubrité des locaux soulevée par le liquidateur. «Merci!», s’exclament quelques-uns d’entre eux, pendant que d’autres témoignent leur reconnaissance en anglais. Chacun son tour, ils viennent serrer dans leurs bras l’avocate et n’hésitent pas à prendre quelques photos pour immortaliser l’instant. «Ça laisse le temps de se retourner», lance Rémi Picaud, représentant de la Cgt commerce.

Des espoirs de régularisation envolés
Il faut dire qu’après la signature de leur contrat de travail, les salariés du 57, boulevard de Strasbourg ont très vite déchanté. Madina, une jeune Ivoirienne de 25 ans, occupe avec ses collègues les locaux depuis le 24 juillet, date à laquelle tous ont appris la liquidation du salon de beauté. «Le problème, c’est que le patron ne veut pas assumer, explique cette future maman. Lorsque nous avons signé nos contrats début juin, il a accepté de payer nos salaires en entier. Mais, depuis, il les a déjà divisés par deux, disant que le Smic, c’était trop cher.»
Le 15 juin, soit une semaine après la signature des contrats de travail, le patron du salon de beauté s’est déclaré en cessation de paiements «sans même prévenir les salariés», précise Marilyne Poulain, responsable immigration à l’union départementale de la Cgt Paris. Le 22 juillet, le Tribunal de commerce de Paris a prononcé la liquidation judiciaire. Les salariés n’en ont été avertis que deux jours plus tard, date à laquelle ils ont décidé de reprendre la grève. «C’est un nouveau salarié, placé dans la boîte par le gérant après la signature des contrats, qui a représenté le personnel devant le Tribunal de commerce, sans les informer, et sans vote. Il était devenu gérant de la structure et défendait les intérêts de l’employeur», explique Marilyne Poulain à la sortie de l’audience. Ce salarié, l’un des rares à ne pas être venu au Tribunal ce mardi, n’était d’ailleurs pas représenté par Aline Chanu et ne participe pas à l’occupation des locaux.
Les travailleurs grévistes, qui n’ont toujours pas perçu l’ensemble des retards de salaires, ne pourront désormais plus prétendre à une régularisation de leur situation. Le Cerfa, document qu’il faut remplir pour obtenir un titre de séjour, ne peut être validé qu’à condition d’être en activité au moment du traitement du dossier. Or, même si le gérant a rempli ces documents, l’arrêt de l’activité de la société met un point final aux espoirs de régularisation des salariés.

Une plainte pour «traite des êtres humains»
Face à une telle situation, la Cgt a décidé de porter plainte au pénal le 6 août pour «faillite frauduleuse», «abus de vulnérabilité», «travail dissimulé» et «traite des êtres humains». Le Parquet a aussitôt été saisi et a demandé à la direction des renseignements de mener une enquête. Mercredi et jeudi, les travailleurs sans-papiers iront déposer des plaintes individuelles devant ce même service. «Le but, c’est qu’ils puissent être reconnus comme victimes», explique Marilyne Poulain. L’unique moyen pour eux de prétendre à leurs droits, et «de les protéger de ce système».
Car c’est bien d’un système qu’il est question. La plupart de ces travailleurs sans-papiers ont commencé à travailler dans un des salons de beauté du quartier du Château dès leur arrivée en France. Ming, un jeune Chinois qui a atterri en France il y a seulement quelques mois, a même commencé à travailler au 57 boulevard de Strasbourg dès le premier jour de son arrivée. D’autres, comme Madina et Aminata, ont d’abord travaillé au 50 de la rue, avant de venir à New York Fashion. «Lorsque les Chinoises ont commencé à parler de grève au 50, on a pris peur et on est parties», explique Madina. «Ce sont des salons cogérés de manière officieuse, précise Marilyne Poulain. Ce sont des pratiques presque mafieuses, où les salons ouvrent et ferment en se passant la gérance.» Depuis quelques mois, l’Inspection du travail concentre d’ailleurs ses efforts sur ce quartier où plus de 80 courriers ont été envoyés pour inciter les gérants à fournir des contrats et des fiches de paie à leurs salariés, documents nécessaires à l’obtention d’un titre de séjour.

 

source:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/33995-france--des-salari%C3%A9s-sans-papiers-poursuivent-leur-patron-en-justice