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Sam, Nov

Rosny-sous-Bois : Sakho et famille, rescapés de l’enfer

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L’OBS – Deux jours après le drame de Rosny-sous-Bois, qui a fait huit morts, la ville pleure les victimes et soutient ses rescapés. Rencontre avec Sakho et sa famille, sauvés.

Deux par deux, guidés par la fermeté bienveillante des personnels de l’hôpital intercommunal de Montreuil, ils s’engouffrent dans la petite chambre des Urgences. Femmes en boubou multicolore, anciens arborant la calotte musulmane, tous viennent rendre visite à Sakho. A Rosny, tout le monde l’appelle Monsieur Silla. Avec sa femme et leurs quatre enfants, ce colosse originaire du Sénégal résidait depuis 2003 au quatrième étage du 1, rue Victor-Hugo.

 

Jusqu’à ce tragique dimanche matin où leur immeuble s’est effondré, et leur monde avec. Pourtant, autour du lit médicalisé, c’est la bonne humeur qui prédomine. Malgré son goutte-à-goutte dans le bras, ses yeux tuméfiés et son crâne bandé, Sakho aurait presque le sourire. «On est des miraculés, il n’y a pas d’autre mot.» Certes, Kemoko (8 ans), le plus jeune de ses deux fils, est lui aussi hospitalisé, à Necker. «Ils l’ont placé sous sommeil artificiel pour que son corps et son cerveau se reposent, mais il est hors de danger, Dieu soit loué.» Aussi, à chaque nouveau visiteur, une prière en wolof est récitée.

 

 

L’appartement s’est volatilisé

Ce dimanche matin, Sakho s’était levé peu avant 6 heures pour sa première prière du jour. «Ensuite, je suis parti pour me recoucher, et j’ai réglé ma montre sur 8 heures, car je devais me rendre à Grigny (Essonne).» Mais c’est l’énorme «boum» qui le fait se lever en sursaut. «J’ai d’abord cru qu’une fenêtre avait claqué à cause du vent ou d’un orage. Mon premier réflexe a été d’aller voir si les enfants allaient bien, puis je ne me souviens plus de rien…»

L’appartement s’est volatilisé sous les pieds de la famille. De cette chute infernale de quatre étages au milieu des gravats, Sakho a donc tout oublié. «Quand j’ai repris conscience, j’étais dans un brancard avec les pompiers autour de moi. Ils m’ont tout de suite rassuré en me disant que le reste de la famille allait bien. Vraiment, il faut les féliciter du travail accompli.»

Ce n’est qu’hier matin que le père de famille a découvert l’ampleur des dégâts, à la télévision, depuis sa chambre. «Quelle catastrophe ! Quand j’ai vu ça, je me suis dit que ce n’était pas vrai. C’est dur de croire que nous avons survécu à ça.» Passée la joie d’être vivant, il y a la tristesse d’avoir perdu des proches voisins. «Ça me fait beaucoup de peine pour tous les autres.» La famille Silla était notamment proche de Marie-Laure et de ses deux fils, «deux garçons formidables». «Comment cela a-t-il pu arriver», s’interroge Sakho. Nous n’avons pas senti d’odeur de gaz. Si ça avait été le cas, on aurait fait le nécessaire.»

Quel avenir pour la famille ?

Le rescapé s’interroge aussi sur l’avenir de sa famille. «Ma femme, mes deux filles et celui de mes garçons qui sont sains et saufs sont à l’hôtel, mais on nous a dit que ça ne durerait que trois jours. Et après ? L’immeuble ne sera pas reconstruit pendant ce temps !» La famille n’a plus rien. Pour seuls vêtements, Sakho arbore un pantalon de jogging, un tee-shirt et une paire de sandales qu’un ami lui a donnés. «Tous nos papiers ont disparu. Un proche a tenté de les récupérer, mais on ne l’a pas laissé passer à cause du danger.» Un téléphone portable lui a heureusement été confié. «Et ta famille ? Comment va-t-elle», le questionne Stéphanie, une collègue du restaurant de la Villette où il travaille comme cuisinier. «Promis, je passe te voir demain», conclut-elle. Toutes les deux minutes, le mobile sonne. «J’ai même eu un cousin en Arabie Saoudite qui a vu les images à la télé. Quand les gens sont loin, ils s’inquiètent, c’est normal.»
S’il est «très fatigué», Sakho, en rassurant les autres, oublie un temps ses maux de crâne et les vertiges qui ne le lâchent plus, comme cette cataracte qui affecte ses yeux. Petite lueur d’espoir, hier soir, les médecins l’ont autorisé, pour quelques heures, à se rendre au chevet de son fils. Surtout, dans un mois, sa femme Bintou donnera naissance à un nouvel enfant. Comme un nouveau départ.

NICOLAS JACQUARD (LE PARISIEN)

source:http://www.gfm.sn/sakho-et-famille-rescapes-de-lenfer/