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L’OBS – Ces derniers temps, ce sont les Sénégalais résidant au Maroc qui occupent le devant de la scène médiatique au Sénégal. Le meurtre abominable de Charles Paul Alphonse Ndour à Tanger en est pour beaucoup. L’Observateur, qui est au Maroc pour une série de reportages, a voulu s’abreuver à la bonne source pour élucider tout ce qui a été dit sur cette tragédie qui a secoué tout le pays, voire le continent.
Rencontré dans son bureau à Casablanca, le consul général du Sénégal au Maroc, Massamba Sarr, malgré la gravité de l’heure et un quotidien plus que chargé, a trouvé du temps pour expliquer la situation des Sénégalais dans le royaume Chérifien. Mais jamais sans sa chargée de communication, la très courtoise Aïda Wagué.
MAKHALY NDIACK NDOYE
(ENVOYE SPECIAL AU MAROC)
SITUATION DES SENEGALAIS AU MAROC. «Je dirais, vu les excellentes relations entre les autorités sénégalaises et marocaines, que les Sénégalais sont privilégiés au Maroc par rapport aux ressortissants d’autres pays. Les relations séculaires entre ces deux pays favorisent cette situation. Mais comme dans tous les pays du monde, il y a des règles à respecter. Les Sénégalais qui viennent au Maroc peuvent y entrer sans visa. Ce qui ne les empêche pas d’être en situation régulière pendant trois mois. Mais au-delà du troisième mois, le ressortissant sénégalais doit quitter le Maroc, à moins qu’il soit titulaire d’un contrat de travail et d’habitation. En ce moment-là, il peut postuler à l’obtention d’un titre de séjour. Les conditions sont donc ce qu’il faut. Il faut avoir un toit et un travail, sans cela, vous êtes en situation irrégulière. En résumé, tout Sénégalais qui veut venir au Maroc peut entrer dans le pays sans problème par voie terrestre ou aérienne, sans avoir de visa. Ceci est un premier avantage que nous avons par rapport aux autres. Parce qu’il y a d’autres étrangers dont les pays sont plus proches du Maroc que le Sénégal et qui ont besoin de visa pour entrer dans le pays. Le Sénégalais qui veut venir ici est dispensé de ça. Seulement, il y a plusieurs types d’immigrants sénégalais au Maroc. Au départ, c’étaient les étudiants et après leurs études, ils étaient bien intégrés au Maroc. Certains mêmes ont des conjoints marocains. Ce qui justifie les associations officiellement reconnues par les autorités marocaines. Mais, il y a une nouvelle génération, avec l’ouverture des frontières, qui n’est mue que par le désir d’aller immigrer en Europe via le Maroc qui est une zone tampon entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe. Ces gens qui sont en transit au Maroc, quand ils n’ont pas la possibilité de continuer, restent. Ce sont ces gens-là que vous voyez dans les villes du Nord comme Tanger. Ils sont obligés de rester le temps de trouver une opportunité parce qu’ils ne peuvent pas traverser. Ils sont pour la plupart en situation irrégulière parce que leur destination n’était pas le Maroc.»
QUE FAIT LE CONSULAT POUR REMEDIER A CETTE SITUATION. «Je le disais tantôt. Depuis que nous avons pris les rênes (il a été nommé il y a juste quelque mois, Ndlr), nous déployons un plan de sensibilisation. Il y a un volet au Sénégal et un autre au Maroc. Les choses doivent commencer au Sénégal pour que le Sénégalais candidat à l’émigration au Maroc puisse connaître les conditions dans lesquelles il peut venir et rester au Maroc. C’est-à-dire les conditions régulières pour l’établissement au Maroc. Vous avez raison, nous avons du travail à faire, mais les autorités et les médias au Sénégal doivent nous accompagner dans ce travail. Nous demandons aussi à nos compatriotes qui entrent au Maroc de venir vers nous. Le consulat est ouvert à tout compatriote qui arrive au Maroc, même pour deux ou trois jours. Nous lui demandons de venir vers nous pour avoir toutes les informations utiles pour son séjour. C’est dans ce cadre que nous avons établi ce que nous appelons la carte consulaire. Elle nous permet de savoir qui est arrivé ici au Maroc, où il réside, quels sont ses contacts. Lui, à son tour, il a le contact du consulat, à toutes fins utiles.»
SENEGALAIS QUI CROUPISSENT DANS LES PRISONS MAROCAINES. «Le travail du consulat, c’est ça. Nous, notre devoir c’est de protéger les Sénégalais qui viennent dans ce pays. Et dans les conventions internationales, nous sommes habilités à connaître les compatriotes qui sont en prison et savoir dans quelles conditions ils sont. Nous avons ici (il brandit un document, Ndlr) un point légal de tous les Sénégalais qui sont dans les prisons marocaines. Les autorités marocaines communiquent régulièrement avec nous pour nous informer dès qu’un Sénégalais est arrêté et placé sous mandat de dépôt. C’est un avantage que nous avons parce qu’il découle d’une convention entre les deux pays. Les autorités marocaines sont tenues de nous informer et heureusement elles le font régulièrement. Aujourd’hui, j’ai le point total de tous les Sénégalais détenus dans les prisons marocaines. Il s’agit des prisons de Casablanca, Tanger, Tétouan, Kenitra, etc. Nous avons à la prison de Casablanca 9 Sénégalais, à celle de Salé 2 prisonniers, 8 sont détenus à Tanger après cet évènement malheureux qui y est intervenu (Ils ont écopé d’une condamnation de un mois ferme après jugement, Ndlr). A la prison de Agadir, il y a 1 Sénégalais. Nous avons aussi 1 Sénégalais en prison à Tétouan et un autre à Kenitra. (Ce qui fait un total de vingt deux Sénégalais qui croupissent dans les prisons marocaines, Ndlr). Le procureur de Tanger permet à notre représentant de visiter les 8 Sénégalais pour leur apporter réconfort.»
INFRACTIONS POUR LESQUELLES ILS SONT ARRETES. «Elles sont diverses. Mais il y a surtout l’escroquerie. Il y a également le trafic de drogue (Il se répète). La mise en circulation de faux billets de banque y est aussi, le recel, etc. Des gens qui ont acheté des portables volés, par exemple. Pour les dames, ce sont surtout des accusations de vol, et le plus souvent ce sont des femmes de ménage. Et là, il y a parfois des accusations non justifiées et pas plus tard qu’hier, j’ai écrit au gouverneur à ce sujet. Les accusations de vol sont les principales causes qui conduisent les femmes sénégalaises en prison. Il y a aussi un cas de trafic d’arme. Le mis en cause est un transporteur. Il avait transporté par mégarde une arme. J’ai d’ailleurs demandé la grâce pour lui.»
MORT DE CHARLES PAUL ALPHONSE NDOUR. «L’enquête est très avancée. Dès le premier jour, je me suis personnellement transporté sur les lieux. Les autorités, au plus haut niveau, ont demandé que la lumière soit faite sur cette affaire. Nous avons aussi saisi les autorités judiciaires et policières de Tanger dès le début. Elles ont coopéré. C’est dans ce cadre que des personnes qui ont été identifiées comme étant les présumés meurtriers avaient été arrêtées et déférées. Hier (avant-hier, Ndlr), j’ai reçu du procureur de Tanger une information faisant état de l’arrestation d’une quatrième personne accusée d’avoir participé à cet homicide volontaire. Il a même été écroué et les enquêteurs cherchent un cinquième suspect. Les autorités marocaines chargées de l’enquête, dans un souci de transparence, nous ont demandé de désigner un représentant pour suivre toute la procédure aussi bien à l’enquête qu’à l’information. La personne désignée nous informe quotidiennement de l’état d’avancement de l’enquête. Et c’est sûr que le procès de ces personnes débutera dans moins d’un mois ou d’ici la fin du mois d’octobre (2014). Ainsi, nous voulons rassurer nos compatriotes et nous mettons tout notre possible pour qu’une solution judiciaire soit trouvée dans ce cas précis (mort de Charles Paul Alphonse Ndour, Ndlr). Les autorités marocaines nous ont rassurés qu’il n’y aura aucune impunité (…) Charles Paul Alphonse Ndour est décrit comme une personne correcte, discrète respectueuse des règles. Il faut signaler qu’il ne vivait pas à Tanger. Il habitait à Rabat. Il a passé moins d’un mois à Tanger avant la survenue de cet évènement malheureux. Il y a eu beaucoup de supputations sur son meurtre, mais je déplore le fait que les photos de son meurtre soient publiées. On devait respecter sa vie même après sa mort. Beaucoup de choses qui ont été dites sur les circonstances de sa mort ne se sont pas vraies.»
LES DIFFICULTES RENCONTREES PAR LE CONSULAT. «Nous avons les difficultés qu’ont tous les travailleurs. Nous devons être opérationnels en tout temps parce que les problèmes peuvent survenir à n’importe quelle heure. J’ai été informé des évènements de Tanger à minuit et demie par nos représentants sur place, j’ai dû me déplacer à trois heures du matin et il me fallait toute mon équipe à cette heure. Même si nous ne pouvons pas régler tous les problèmes, nous devons satisfaire certains, toujours être là pour nos compatriotes. Le consulat est une maison du Sénégal. Nous tentons toujours, en tout cas, de réconforter les compatriotes qui sont dans le besoin. Ce que moi j’ai comme difficulté, c’est que j’ai besoin de beaucoup plus de communication auprès de nos compatriotes sur les conditions de vie et d’existence au Maroc, les règles à respecter, etc. Aujourd’hui, 44 000 Sénégalais sont immatriculés, mais je sais qu’il y a trois fois plus de Sénégalais au Maroc. Nous avons lancé une campagne pour recenser tous nos compatriotes établis ici.»