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Le coup d’État au Gabon marque la fin de 56 ans de règne de la famille Bongo dans ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole, et est le dernier en date d’une série de prises de pouvoir militaires sur le continent.
Des officiers militaires se faisant appeler le Comité de transition et de restauration des institutions (CTRI) sont apparus à la télévision d’État à 3h15, le 30 août 2013, heure de Libreville, pour annoncer le renversement du président Ali Bongo et l’annulation des élections générales organisées le 27 août.
« Toutes les institutions de la République sont dissoutes : notamment le gouvernement, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique et social et environnemental, le Conseil électoral du Gabon », a annoncé le colonel Ulrich Manfoumbi.
« L’incapacité de la communauté internationale et des organismes régionaux à rétablir la démocratie dans les pays frappés par un coup d’État, comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger, a encouragé les officiers militaires à prendre le pouvoir sans craindre de répercussions. »
« Nous appelons la population gabonaise, les communautés des pays voisins vivant au Gabon, ainsi que la diaspora gabonaise, à rester calmes. »
Le CTRI a nommé le général Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la Garde présidentielle d’élite, en tant que « chef d’État de transition », tandis que le président Bongo a été placé en résidence surveillée.
Les différentes institutions africaines et internationales ont condamné le coup d’État, en termes souvent moins virulents que le mois dernier pour le Niger. L’Union africaine « condamne fermement » la tentative de coup d’État, y voyant « une violation flagrante » de ses principes. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat « appelle l’armée nationale et les forces de sécurité à s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l’intégrité physique du président de la République des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement ».
La France a également condamné la prise de pouvoir militaire, sans insister sur le processus électoral, si ce n’est la requête d’« élections libres et transparentes ». Tel n’est pas le cas de l’Union européenne ; « naturellement, les coups d’État militaires ne sont pas la solution mais nous ne devons pas oublier qu’au Gabon, il y avait eu des élections pleines d’irrégularités », a déclaré Josep Borell, chef de la diplomatie de l’UE.
Retour d’Internet
Le coup d’État pose de nouveaux problèmes à la communauté internationale, qui doit décider comment réagir aux renversements militaires de plus en plus fréquents en Afrique, ainsi que des maux de tête aux investisseurs dans une économie dominée par le pétrole.
Des foules sont descendues dans les rues pour célébrer le coup d’État, qui s’est produit quelques heures seulement après l’annonce des résultats provisoires de l’élection de samedi. La commission électorale du pays avait déclaré le président Bongo vainqueur avec 64,27 % des voix à l’issue d’un scrutin largement condamné pour ses irrégularités.
Peu d’observateurs internationaux ont été autorisés à entrer dans le pays pour surveiller le scrutin et des changements de dernière minute ont été apportés au processus électoral. Le jour du scrutin, de nombreux centres électoraux n’ont pas ouvert à temps, laissant de nombreux électeurs faire la queue pendant des heures. En outre, le gouvernement a coupé les services Internet et ordonné un couvre-feu national à la fermeture des bureaux de vote, sous prétexte de menace de violence. L’une des premières mesures décidée par les militaires a d’ailleurs été de rétablir l’accès au réseau mondial : une manière de s’attirer les faveurs de la jeunesse et de la diaspora.
Le Gabon dispose d’abondantes ressources naturelles. Il est non seulement le quatrième producteur de pétrole d’Afrique, mais ses vastes forêts tropicales, qui couvrent 88 % d’un territoire plus grand que le Royaume-Uni, lui ont également permis de devenir un pionnier dans le domaine de l’écotourisme et de développer des crédits de carbone qui peuvent être vendus aux entreprises des pays développés qui souhaitent compenser leurs émissions.
Cependant, sous le règne de la famille Bongo, le pays n’a pas atteint son potentiel économique et les bénéfices du développement ont été répartis de manière inégale.
« En fin de compte, Ali Bongo n’a pas réussi à s’accrocher au pouvoir en raison de la frustration populaire croissante liée au fait que les vastes richesses pétrolières n’ont pas profité aux Gabonais ordinaires », commente auprès d’African Business Maja Bovcon, analyste principale chez Verisk Maplecroft.
« Toutefois, même si le mécontentement à l’égard de la famille Bongo était grand, l’inspiration du coup d’État est probablement venue du Sahel, où nous avons assisté à une série de coups d’État ces trois dernières années », ajoute-t-elle.
Quelle réponse de l’Union africaine ?
La situation du Gabon offre toutefois un certain nombre de contrastes avec le Sahel. Sa situation sécuritaire n’est pas perturbée par les insurrections djihadistes qui se propagent dans la région sahélienne. De plus, même si son revenu de 9 000 dollars par habitant est dispersé, il reste dix fois supérieur à celui d’un pays comme le Mali, souligne Charlie Robertson, de FIM Partners. Qui souligne la nervosité des marchés financiers à l’annonce du coup d’État et de ses péripéties, comme après la diffusion d’une vidéo d’Ali Bongo demandant le soutien de la population. Le Président déchu appelle la communauté internationale « à faire du bruit ».
« L’incapacité de la communauté internationale et des organismes régionaux à rétablir la démocratie dans les pays frappés par un coup d’État, comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger, a encouragé les officiers militaires à prendre le pouvoir sans craindre de répercussions », explique Maja Bovcon.
La société minière française Eramet a temporairement cessé ses activités dans le pays pour des raisons de sécurité ; le géant pétrolier français TotalEnergies a déclaré que sa principale priorité était d’assurer la sécurité de ses 350 employés et de ses opérations au Gabon.
Pour Charlie Robertson, des sanctions contre le Gabon compliqueraient le paiement des intérêts de ses euro-obligations, tandis que la suspension de l’aide n’a pas fonctionné dans le cas de pays sahéliens tels que le Niger. L’arrêt des exportations de pétrole du Gabon aurait des répercussions négatives pour les détenteurs d’obligations et pourrait être remis en cause par des pays comme la Chine.
Toutefois, « si l’Union africaine n’agit pas, elle donne carte blanche aux officiers militaires pour renverser le régime », conclut-il.
LA, avec African Business, Londres.
source:https://magazinedelafrique.com/politique/la-fin-dune-dynastie-au-gabon/