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Dim, Déc

REGLEMENT DE COMPTES OU CRIME CRAPULEUX ? Un Franco-sénégalais assassiné à Epinay-Sur-Seine

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Un lâche assassinat défraie la chronique à Epinay-Sur-Seine, dans le Nord parisien. Un jeune Sénégalais, mêlé à des réseaux de trafic de drogue, a été poignardé à mort par un ou plusieurs inconnus dans son quartier. Les policiers, venus chercher le corps de la victime, ont failli subir la colère des jeunes qui ont jugé irrespectueux leur comportement à l’égard de la mémoire du bon Samaritain qui aidait les plus pauvres. Et vingt-quatre heures plus tard, c’est un adulte qui s’est présenté à la police pour revendiquer le meurtre en soutenant s’être trompé de cible.

SénégalÉpinay-Sur-Seine, nous sommes dans le département de la Seine-Saint-Denis. Il est minuit dans la nuit de vendredi à Samedi. Et malgré le froid de canard qui sévit dans cette cité du 9.3, les populations sont dans la rue. Habillés juste d’un pyjama ou vêtus de lourds habits, les riverains de la rue de Marseille sont là, unis dans la douleur. Alertés par les stridents cris de douleur d’un jeune de la cité, ils sont venus s’enquérir de la situation. Ensuite, ils seront choqués par le désolant spectacle qui s’est offert à eux. Sonnés, ils le sont tous après la découverte d’un familier gisant dans une mare de sang. Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répand dans la cité : Bacary Kébé est à terre, inerte.

Remis en liberté il y a juste deux mois après plusieurs années de détention pour trafic de drogue, Kébé était revenu dans le quartier où vit sa famille. Fils aîné, la victime est issue d’une famille nombreuse originaire du nord du Sénégal. Ici, on le présente comme «un fervent musulman, un garçon qui ne reste jamais sourd à l’appel à la prière». Ceux qui le connaissent parlent de lui comme d’un «garçon serviable, poli et très généreux» toujours prompt à venir en aide aux plus démunis parmi les siens. «D’ailleurs, se souvient un résident du Square des Pépinières qui l’a connu, quand il voyait un aîné, une tante arriver et qu’il avait une cigarette en main, il se précipitait de la balancer et d’enlever sa casquette pour le saluer.»

Un fervent musulman, bienfaiteur de la cité et riche propriétaire immobilier à Dakar

Triste contraste, ce garçon bien éduqué et apprécié de toute la cité serait, à en croire certains, un membre très actif des nébuleux réseaux de trafic de drogue du Nord parisien. Propriétaire de nombreux biens immobiliers au Sénégal, la victime était un soutien déterminant sur qui de nombreuses personnes comptaient pour régler leurs problèmes financiers. Dans cette cité où la majorité des populations est au chômage, le jeune homme était un sauveur qui aidait à régler les petits problèmes du quotidien. De sources anonymes proches du dossier, on révèle que «le jeune homme est sorti de chez lui, aux environs de 23 heures, pour se rendre à un taxiphone -cabine téléphonique- afin d’acheter une carte prépayée et appeler son frère, parti en Afrique». Sa mère lui aurait dit que son cadet aurait appelé d’Afrique et avait besoin de lui parler. Que voulait-il lui dire ? Mystère. Parti de chez lui, Bacary s’est rendu à la rue de Marseille où sont établis quelques magasins et où un «rebeu» -un Arabe- vend des cartes. Sorti de sa Golf noire, le Sénégalais s’est engouffré dans le commerce. Lorsqu’il en sortait, il est interpellé par un individu et attiré dans un endroit isolé, loin  des regards indiscrets. Ici, à l’abri des tours d’immeubles, les jeunes s’adonnent à un intense trafic de haschisch. Lui, Bacary, serait dans la «Caroline» (Cocaïne : Ndlr).

«Je l’ai tué par hasard, ce n’est pas lui ma cible»

Ensuite, des voix ont été entendues et Bacary, titubant et gémissant, est sorti de l’obscurité pour tenter de regagner sa voiture, en vain. À peine quelques pas, il s’est affalé sur le pavé et s’est vidé de son sang. Il avait juste 26 ans et a rendu  l’âme sur place. Célibataire, le garçon n’avait pas d’enfant.  Sur son corps, trois blessures au couteau sont visibles, dont l’une, située dans la région du cœur, lui a été certainement  fatale.

Les policiers du commissariat de police d’Epinay-Sur-Seine, arrivés à la suite des sapeurs-pompiers, ont passé quatre heures sur place avec le corps avant de l’acheminer à la morgue, aux environs de 5 heures. Aux dernières nouvelles -dimanche aux environs de 18 heures-, une personne âgée d’une quarantaine d’années -un arabe- marié et père de trois enfants, s’est présenté aux policiers pour revendiquer la paternité du meurtre et se constituer prisonnier. Selon les premières informations obtenues auprès de la famille, le présumé meurtrier a déclaré s’être trompé de cible. «Ce n’est pas un règlement de comptes, Bacary s’est trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment», soutient une source anonyme. La police, pour le moment, ne souhaite officiellement pas encore se prononcer sur cette affaire trop sensible. L’attitude -peu compatissante- des policiers devant la dépouille du «bienfaiteur des pauvres» avait, dans la nuit du drame, failli déboucher sur  une émeute. Pour les jeunes, des policiers discutant tranquillement avaient osé afficher un visage trop radieux pour un si macabre événement. Cette attitude peu humaine des policiers n’a pas été du goût des  habitants.

Source  : LOBSERVATEUR