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Avec la flambée des prix de l'immobilier et la crise, de nombreux « couples de raison » repoussent leur rupture pour des motifs financiers. Comment s’organise la vie à 2 quand on n’est plus un couple, mais qu’on partage toujours le même lit ?Antoine travaille dans la communication à Paris. Trentenaire dynamique, il partageait sa vie depuis 3 ans avec une jeune commerciale. Avec un peu plus de 2700 € brut de salaire mensuel chacun, leur train de vie était plutôt confortable: joli appartement dans un quartier tendance de la ville, femme de ménage, beaux voyages… mais peu à peu, la routine et l’usure du quotidien ont eu raison de ce couple.
“Sandra est une fille bien, avec beaucoup de côtés intéressants. Mais nous avions une vraie incompatibilité d’humeur. J’arrive à un âge où je me projette en tant que futur père, et clairement, Sandra n’est pas la future mère de mes enfants. Depuis trop longtemps déjà, nous étions plus des colocataires que des amoureux” souligne Antoine.C’est tout naturellement qu’un soir, il y a quatre mois, ils sont tombés d’accord sur le fait qu’ils n’étaient jamais d’accord. Après une grande discussion, la décision était prise, il leur fallait rompre. “Sandra a commencé les recherches pour déménager le jour même… mais vous savez ce que c’est, dans les grandes villes et a fortiori à Paris, il faut des mois pour trouver un appartement correct.” En attendant, Antoine et Sandra partagent toujours le même appartement. Estimant qu’ils ont passé l’âge de squatter le canapé de leurs amis ou de retourner chez leurs parents, ils s’accommodent tant bien que mal de la situation.
Une situation inconfortable qui oblige Antoine à jongler, d’autant plus que celui-ci a rencontré entre temps une jeune femme avec qui il entame une aventure sérieuse. Antoine a des scrupules à l’inviter chez lui en présence de son ex-compagne mais actuelle conjointe, dans l’esprit “viens chez moi, j’habite chez ma copine”. “Elle est prévenue de la situation, quoi qu’un peu gênée.” précise-t-il. Si, par respect, Antoine continue à prévenir Sandra de l’heure de son retour quand il sort, il a également gardé d’autres habitudes de couple: “Si je prends ma douche, évidemment je sors tout nu de la salle de bain devant elle. Je ne vais pas enfiler un costume trois-pièces au sortir de la douche pour me cacher, ce serait ridicule.” Dans ces conditions, un retour de flamme n’est-il pas envisageable ? Pas d’après Antoine, qui confesse tout de même avoir le coeur serré de laisser son ex-amie seule devant la télévision le dimanche soir, tandis que lui va rejoindre sa nouvelle conquête au restaurant. Mais il se tient à la décision de rompre, s’accrochant à l’idée que d’ici quelques mois, il profitera de son appartement seul et pourra y inviter sa nouvelle fiancée.
Si l’on met de côté les questions purement sentimentales, cette séparation a un impact négatif sur le budget d’Antoine : ”J’estime que ma séparation va me faire perdre environ 1000 € de pouvoir d’achat par mois ” En effet, si de petits luxes sont envisageables quand on fait « moitié-moitié », il est plus délicat de dégager de gros budgets, qui plombent vite le faible équilibre du compte d’Antoine. Alors adieu, la femme de ménage, adieu, les voyages lointains… ” Nous divisions tout par deux, donc évidemment ça va faire un choc à mon banquier. Gaz, EDF, téléphone fixe, internet, taxe d’habitation… tout ça, ce sera pour ma pomme désormais ! ” se plaint Antoine. Sandra, de son côté, recherche toujours activement un 35m2 pour 850 € dans Paris.
Une fois qu’elle sera partie, Antoine se donne 6 mois pour s’en sortir financièrement. ” Si dans 6 mois je suis trop juste, je déménagerais et chercherais à louer un nouvel appartement moins cher… ” dit-il. Lorsqu’on lui suggère de cohabiter rapidement avec sa nouvelle conquête, Antoine est catégorique: ” Non, vraiment… ce n’est pas une situation que j’envisage ! ” Souhaitons lui bonne chance car, comme dit le proverbe, mieux vaut un petit “chez soi” qu’un grand “chez les autres”.
Marlène Schiappa
Les concubins du pouvoir d’achat
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