Selon nos informations, le jeune homme était connu des forces de l’ordre pour des vols et des affaires de stupéfiants. Aucun élément ne permet, pour l’heure, d’associer son passé aux événements survenus hier matin. Plusieurs de ses proches affirment, au contraire, que Wahid a été victime de son courage. Dans la nuit de dimanche à lundi, des rixes successives ont éclaté en marge de la fête foraine de la ville. Elles opposaient des jeunes issus des quartiers des Merisiers, du Village et du domaine de la Vallée. Wahid serait intervenu pour séparer des jeunes qui se battaient rue du Parc, vers 23 h 30.

« J’ai fait comme lui, j’ai tenté de calmer les esprits, rapporte un ami d’enfance, venu soutenir la famille hier. Wahid, il ne cherchait pas la bagarre. C’était un gars tranquille, qui avait de l’ambition. Il voulait juste un travail et vivre sa petite vie. » « Malheureusement, quand on voit comment ça finit, on se dit qu’il vaut mieux tourner la tête et passer son chemin », commente un autre jeune, qui fait les cent pas le long du trottoir.

Adossé à un muret, un riverain interpelle Cyril Nauth, le maire (FN) de Mantes-la-Ville : « Qu’est-ce que vous allez faire avec cette fête foraine ? » « Elle se termine ce soir, de toute façon. La police sera évidemment présente. Pour l’année prochaine, je vais certainement demander un dispositif de surveillance encore plus conséquent », résume le maire fraîchement élu, venu sur place dès 7 heures du matin.

Réunie dans le jardin, à l’arrière du pavillon, la famille, effondrée, fait bloc. La dame qui hébergeait Wahid depuis quelques années — et se présente comme sa tante — devance les questions : « On va dire que c’est un règlement de comptes pour une affaire de drogue. C’est totalement faux. On ne veut pas parler. »

D’après les premiers éléments de l’enquête confiée à la brigade criminelle de la PJ de Versailles, Wahid a eu le temps de voir son ou ses agresseurs. Il a quitté sa voiture, une Citroën Saxo verte stationnée le long de la maison, et s’est enfui avant d’être atteint par le tir. Le tireur était vraisemblablement armé d’un fusil.

Hier, les enquêteurs ne disposaient pas de plus de précisions. Les techniciens de l’identification criminelle ont travaillé sur place toute la matinée.

Deux autres jeunes, issus du quartier des Merisiers, ont été blessés lors des affrontements de la nuit et transportés à l’hôpital de Mantes-la-Jolie, autour duquel la surveillance a été renforcée. En fin de journée, la police, le sous-préfet et le maire de Mantes-la-Ville se sont réunis pour installer une « vigilance renforcée » sur le terrain. Hier matin, deux éducateurs qui connaissaient la victime pensaient déjà à l’avenir : « Notre travail au quotidien, c’est de réfléchir avec les jeunes à la manière de bien vivre tous ensemble. Il s’est passé ce que l’on redoutait le plus. Il faut qu’on trouve les mots justes pour leur dire de rester calmes. Pour éviter que ça dérape encore. »