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Dans la réponse au coronavirus, des actions sont enclenchées au Sénégal pour prendre en charge les premiers cas. Selon le docteur Michel Yao, responsable des opérations des réponses pour l’Oms Afrique, son institution travaille aux côtés du ministère de la Santé et de l’Action sociale pour voir comment opérationnaliser la riposte, dans toute sa grandeur, si une contamination de masse venait à avoir lieu au Sénégal qui tient désormais depuis hier, lundi, son premier cas confirmé de coronavirus (Covid-19).
Dans le plan mondial, l’expert a avancé qu’«au moment où nous vous parlons, on rapporte plus de cas confirmés dans d’autres pays que la Chine et c’est d’ailleurs ce qui reste préoccupant». Il s’exprimait lors de la réunion de coordination et de planification des partenaires d’urgence en vue de la préparation de la région africaine face au Covid-19, ouverte depuis hier, lundi 2 mars, à Dakar. Entretien ! Situation du Coronavirus au plan mondial et Ouest africain ?
La situation épidémiologique est dynamique. Initialement, nous avons la Chine, mais au moment où nous vous parlons, on rapporte plus de cas confirmés dans d’autres pays que la Chine et c’est d’ailleurs ce qui reste préoccupant. Les premières évaluations des risques en Afrique étaient basées sur le scénario de Chine, mais maintenant, avec d’autres foyers comme celui en Italie, en Corée du Sud et en Iran, augmentent le risque. D’ailleurs, depuis la fin de cette semaine, le niveau de risque pour les pays a été élevé. Maintenant, nous sommes à un niveau très élevé pour l’ensemble des pays du monde, en dehors de la Chine.
Est-ce que l’Afrique a les capacités de faire face à la maladie ?
L’Afrique a une capacité qui progresse dans le bon sens, mais il reste encore des efforts à faire. La plupart des pays ont mis en place des mécanismes de détection. Nous recevons de plus en plus des alertes, c’est une bonne chose. Mais, à ces mécanismes de détection, il faut aussi associer les structures d’isolement et aussi celles de prises en charge. C’est là notre préoccupation majeure. Les pays doivent absolument investir rapidement dans l’augmentation de ces capacités. Nous avons près de 18% des cas qui sont sévères ou critiques en Chine. Si la situation se présentait ici, si nous avons 1000 cas, on aurait pratiquement une centaine de cas sévère et les capacités dans les structures de santé sont très limitées.
Dans les centres de réanimation, nous avons d’autres patients qui ont d’autres conditions qu’on ne peut pas mélanger à coronavirus. Il y a aussi le circuit de l’air. Une salle confinée devient une salle à haut risque pour les médecins. Tous ces aspects-là doivent être maintenant incorporés pour l’aménagement de ces structures de prise en charge. Les médecins doivent être aussi protégés, les médecins doivent pouvoir s’habiller, se déshabiller, avec le port des équipements de protection et cela n’est pas acquis. Ce sont tous ces aspects-là qu’il faut rapidement prendre en charge.
L’équipement et le financement font défaut en Afrique. Qu’est-ce qu’il y a lieu à faire ?
Certes, l’équipement fait défaut, mais il faut aussi noter le financement. Il faut qu’il y ait un engagement politique. Les pays doivent faire des investissements initiaux. Et, nous, en tant qu’organisation internationale, nous mobilisons aussi au niveau international. Les pays aussi doivent pré-positionner, on compte beaucoup sur des équipements qui doivent venir d’ailleurs ; mais les demandes restent élevés et il faut que les pays mènent des actions, que les pays qui ont des capacités de productions de certains intrants se manifestent.
L’Afrique est-elle prête à faire face à l’épidémie ?
L’Afrique est prête, à moitié. Il reste beaucoup d’efforts à faire. Cela varie d’un pays à un autre. Et, grâce à Ebola, il y a beaucoup de choses qui ont été faites. On n’est plus au même niveau où nous étions en 2004, quand Ebola a commencé. Maintenant, la plupart des pays ont au moins une petite structure d’isolement, des équipements de protection. On a rapidement mis en place des mécanismes de détection aux points d’entrée. Ça a été très rapide. Il y a des acquis sur Ebola, mais sur le programme de l’influence de la grippe qui fait que des laboratoires avaient des bases sur lesquelles on a pu rapidement bâtir. Je ne dirais pas qu’on est prêt, mais il y a de nombreuses avancées. Nous sommes passés de deux laboratoires, il y a trois semaines, à maintenant plus d’une trentaine de pays qui peuvent confirmer le virus.
Quelle est l’importance de la communication dans la réponse ?
Il faut faire confiance au système de communication en place. Nous encourageons les Etats, dans le cadre du règlement sanitaire international, à être transparents et à communiquer. Plutôt on communique, mieux c’est pour le contrôle de l’épidémie. Pour contraindre ces rumeurs, il faut qu’on ait des mécanismes de communications réguliers et venant de l’autorité de tutelle que sont les ministères de la Santé, y compris nous autres Organisations mondiales de la santé (Oms), pour que les populations puissent aller à la source pour avoir les informations. Nous reconnaissons, aujourd’hui, les progrès réalisés depuis 2004 et nous avons d’ailleurs beaucoup d’alertes que les pays ont pu notifier, avant même qu’on ait des résultats de laboratoires.
Que répondez-vous aux allégations selon lesquelles le Coronavirus ne peut pas se développer en Afrique, à cause de la chaleur ?
Les maladies respiratoires ont une influence avec les saisons. Les saisons de grippe varient en Afrique. Nous avons en Afrique australe la région de l’Afrique du Sud qui rentre en hiver pendant que le Nord est sur une période de sécheresse et vice versa. Et cette saisonnalité a un impact. On a eu des formes graves. Il y a eu, dans le passé, certains pays qui ont eu de grosses épidémies de grippe. Donc, les maladies respiratoires peuvent affecter les africains.
C’est un virus qui est nouveau et nous n’avons pas eu beaucoup d’expériences de cas en Afrique, on ne saurait prédire, avec précision, de la situation. Nous avons beaucoup de villes où le transport en commun est très engorgé et cela peut constituer vraiment un facteur de multiplication rapide. On a vu le cas de l’Ebola qui est passé de milieu rural en milieu urbain en Afrique de l’Ouest et le ravage que cela a pu faire. Il est tôt d’anticiper sur le comportement du virus en Afrique parce qu’on a eu des cas de grippe assez importants dans certains pays en Afrique.
Quelle appréciation faites-vous du plan de riposte du Sénégal ?
Le Sénégal a un plan qui couvre tous les aspects, mais dans le cadre de ces urgences, c’est comment on arrive à opérationnaliser dans toute sa grandeur. Si, par exemple, on a 100 cas graves, comment devrons-nous faire ? C’est mentionné dans le plan, mais il faut aller à l’étape de mise en œuvre effective. Et nous sommes aux cotés des autorités sénégalaises pour avancer rapidement. Mais je peux dire qu’il y a le minimum en ce moment pour gérer les premiers cas. Il faut maintenant penser au pire scénario, si on arrive à une contamination massive et qu’on a les dispositions pour pouvoir faire face. Mais, le minimum est fait au Sénégal.