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Sam, Nov

«Plus Macky va interdire, plus les gens vont défier l’autorité, plus il y aura la répression»

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«Plus Macky va interdire, plus les gens vont défier l’autorité, plus il y aura la répression»

L'OBS - Le Sénégal est en train de reculer sur les acquis démocratiques. C’est la conviction des «Droits-de-l’Hommiste», qui estiment que les interdictions à manifester, les bavures policières, sont en train de ternir l’image du Président Macky et du Sénégal. Les défenseurs des droits humains demandent au Président Sall de se ressaisir.

La scène se passe à la Place de l’indépendance. Ce samedi-là vers les coups de 15 heures, Latif Gomis, «Y en a marriste», arbore son T-Shirt «Non au mur !» Puis, un des policiers en faction les invite à vider les lieux, lui et ses autres camarades. Latif, qui n’a rien entendu de la sommation, traîne les pieds. Le policier se met dans une colère noire et lui demande de s’exécuter.

 Latif marche alors pour quitter les lieux. Mais derrière lui, le policier l’arrose d’insanités en l’insultant de mère. Le jeune homme se retourne pour lui demander d’arrêter les insultes, parce qu’il n’y avait pas de raison. C’est la parole de trop. Le policier l’arrête, le roue de coups, d’autres policiers s’invitent à la bastonnade. Le jeune homme est complètement amoché. Un des policiers, piqué par on ne sait quelle mouche, lui donne un coup de crosse de pistolet qui fait gicler le sang de son arcade sourcilière.

Ce cas de violence n’est plus isolé au Sénégal. De plus en plus, des policiers se jettent comme des «barbares déchaînés» sur des manifestants. Comme dernièrement, lors d’une manifestation contre le mur de la honte. «Nous étions assis à même le sol, sans défense, et les policiers nous ont jeté des grenades lacrymogènes, sans nous sommer de quitter les lieux», explique dépité, Fadel Barro, coordonnateur de «Y en a marre». Non content de chasser ces manifestants pacifiques à coups de grenades lacrymogènes, ils ont ensuite arrêté les leaders les ont jetés, menottés, dans le panier à salade, comme de vulgaires «bandits». Il y a quelque temps, la manifestation des Pro Karim à la Place de l’Obélisque, autorisée dans un premier temps, a été interdite par le Préfet de Dakar à la dernière minute.

  Lors de la première fausse alerte du retour de l’ancien Président Abdoulaye Wade mercredi, des forces de l’ordre, armées lourdement, avaient investi les grandes artères de Dakar, comme aux funestes périodes de couvre-feu dakarois. De plus en plus sous l’ère Macky, les libertés sont étouffées au Sénégal et cela inquiète. Une façon de mater les rassemblements qui fait partir en vrilles les acquis démocratiques longtemps arrachés au prix du sang. Le pouvoir de Macky Sall qui clame sa rupture, exaspère les défenseurs des droits de l’Homme et ce n’est pas Seydi Gassama, directeur d’Amnesty international, qui dira le contraire. «Nous assistons de plus en plus à une atteinte aux acquis démocratiques. Le peuple sénégalais a lutté et a versé son sang lors de la dernière présidentielle et l’espoir que nous nourrissions, c’est que le nouveau régime devait consacrer ce droit-là et le respecter dans toute sa plénitude. Malheureusement, nous sommes en train de retourner en arrière de façon extrêmement grave et il se trouve que ce sont ces mêmes personnes qui hier se battaient pour ce droit là, qui sont à l’origine de cette régression-là», dénonce-t-il. Amnesty International qui est derrière la plainte déposée par «Yen a marre» contre la police, n’entend pas céder d’un pouce à sa volonté de défendre les libertés. Et quand le Premier ministre Aminata Touré en vient à interdire les manifestations des libéraux, sous prétexte que le contexte n’est pas une période de campagne électorale. Cela fait sortir de ses gonds Seydi Gassama, le directeur d’Amnesty International section sénégalaise. Il dit : «Les arguments avancés par le Premier ministre sont totalement injustifiables. On ne peut pas empêcher un parti politique légalement constitué de faire des meetings quelle que soit la période.» Des atteintes aux droits de manifester des Sénégalais qui ont fini d’irriter Alioune Tine, le président du comité sénégalais des droits de l’Homme. L’ancien président de la Raddho a renfilé sa tunique guerrière de naguère pour taper du poing sur la table. «Les libertés fondamentales doivent être respectées, ça fait partie des obligations internationales de l’Etat du Sénégal et c’est extrêmement important que l’Etat du Sénégal respecte les libertés fondamentales des Sénégalais, protège les droits humains», martèle Alioune Tine, nommé par décret par le Président de la République à ce poste. Même s’il loue les efforts qui ont été faits par l’Etat pour le respect des libertés fondamentales, Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International presse néanmoins Macky Sall à s’assumer. «Je voudrais demander au Président Macky Sall de se ressaisir, parce que la dérive à laquelle nous assistons est en train de porter gravement atteinte à son image et au pays, il faut qu’il prenne ses responsabilités par rapport à toutes ses personnes belliqueuses qui sont autour de lui. Ces gens-là sont en train de le conduire sur une voie qui va le mener dans l’impasse. Plus il va interdire, plus les gens vont défier l’autorité et plus il y aura la répression. Son image va prendre un sacré coup au plan international», regrette le défenseur des droits humains.  Un Président averti en vaut deux…

MOR TALLA GAYE 

SOURCE: http://www.gfm.sn/actualites/item/14152-plus-macky-va-interdire-plus-les-gens-vont-defier-lautorite-plus-il-y-aura-la-repression.html