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L’OBS – «L’Apr contrôle plus de 80% des collectivités locales, nous avons gagné 478 collectivités locales sur 602»
«Taxawu Dakar a eu une victoire territoriale et non sociologique»
«Si nous étions partis en rangs serrés, ce serait un séisme politique au Sénégal»
L’administrateur de l’Alliance pour la République (Apr) analyse dans cet entretien les résultats des élections locales du 29 juin. Selon Maël Thiam, le parti présidentiel confirme son hégémonie au sortir de ce scrutin.
Quelle analyse faites-vous des résultats issus des élections locales ?
Ce qu’il faut noter, c’est avant tout la maturité de la démocratie au Sénégal, qui s’est traduite par un vote qui s’est déroulé sans aucune difficulté majeure. Pour ce qui est des résultats, il ne fait aucun doute que ces élections ont confirmé la chute vertigineuse du Pds qui jusqu’en 2012 contrôlait 377 collectivités sur les 549 de l’époque. C’est aussi l’occasion de noter l’effondrement structurel de Rewmi, quand son chef (Idrissa Seck), candidat malheureux à deux élections présidentielles, se confine dans un mouvement appelé And defar Thiès, cela montre qu’il ne voit pas ces élections avec une dimension nationale. Et nous n’avons vu aucune figure emblématique du Rewmi qui soit le porte flambeau d’une localité quelconque. Cet effondrement est donc confirmé. Et en tant qu’administrateur de l’Apr, je me réjouis des résultats de ces élections qui ont confirmé l’hégémonie de l’Apr. En 2009, on avait 19 collectivités locales. A l’heure actuelle, nous en sommes à 80% des collectivités locales du Sénégal. Jamais un parti politique qui a cinq ans d’existence n’a pu avoir une assise territoriale aussi intéressante que celle de l’Apr à l’occasion de ces Locales.
L’Apr a pourtant perdu dans plusieurs zones ?
Dans toutes les zones perdues par l’Apr, la mouvance présidentielle a confirmé son assise sociologique. Je prends l’exemple de Cambérène, Taxawu Dakar a eu 376 voix de plus que Bby, et nous avions une liste dissidente exclusivement Apr qui a eu 818 voix. C’est pareil pour Mbour, Bby y a eu plus de 4 100 voix, une liste exclusivement Apr est sortie avec 3 000 voix et le Ps a eu 5 000 voix. Donc, au-delà de l’assise territoriale, nous confirmons encore l’assise sociologique de la majorité présidentielle.
Vous parlez d’effondrement du Pds et de Rewmi, alors que certains disent qu’il y a eu une percée de l’opposition avec ces deux partis ?
J’aimerais bien que ces gens me disent ce qu’ils appellent percée. Comment peut-on parler de progrès du Pds en constatant que l’Apr contrôle plus de 80% des 602 collectivités, le Pds n’a même pas gagné 100 collectivités. On peut tergiverser, mais cela est arithmétiquement vérifié. D’autre par, Rewmi est un parti à dimension nationale, mais à part Thiès, dans quelle localité avez-vous vu rayonner une liste Rewmi ? Aujourd’hui, le parti politique leader au Sénégal c’est bien l’Apr. Tout le monde parle de débâcle et de défaite de la majorité présidentielle, mais dans l’absolu, nous avons gagné 478 collectivités locales sur 602.
Est-ce que le fait qu’il y ait eu plusieurs listes Apr et Bby parallèles n’a pas joué sur les résultats ?
Oui évidemment, si aujourd’hui nous étions partis en rangs serrés, ce serait un séisme politique au Sénégal. Mais au stade actuel de l’évolution de l’Apr, nous ne pouvions pas espérer avoir l’unanimité de points de vue dans chaque localité. Nous étions dans une phase de positionnement, de décryptage de l’autre et de recherche de synergie, il est tout à fait normal qu’il y ait des divergences. Mais nous avons la majorité du point de vue territorial et sociologique.
On constate que plusieurs responsables du parti ont été battus dans leurs localités, qu’est-ce que cela augure pour l’avenir de l’Apr ?
Il faudrait d’abord savoir que les Locales ne sont pas une évaluation du gouvernement ou de l’Etat. Il y a le paramètre de la qualité des relations entre le candidat et sa localité, il y a aussi la capacité de discernement des électeurs. Et conformément à l’Acte Trois de la décentralisation, il y a la capacité des candidats à pouvoir régler les problèmes de la localité. Donc, il y a beaucoup de paramètres qui interviennent, et il ne me semble pas suffisamment pertinent de faire un parallélisme entre l’appartenance d’une personnalité au gouvernement et les résultats obtenus. Toutefois, il est tout à fait normal que nous prêtions une attention particulière à ces hauts responsables qui ont perdu dans leurs localités respectives. Et dans les jours à venir, des analyses beaucoup plus approfondies seront effectuées pour prendre les mesures idoines.
Est-ce qu’on peut s’attendre à une reconfiguration ou restructuration de l’Apr ?
Je crois qu’il faudrait d’abord saluer la stratégie de l’Apr, nous avons encore une fois démontré que nous sommes une organisation qui ne se sert pas de la communauté scientifique, mais qui y apporte une valeur ajoutée. Tout le monde nous a reprochés de ne pas être un parti structuré, certains disant même que l’Apr n’est pas un parti politique. Mais une organisation comme la nôtre a su mettre en œuvre des stratégies qui lui ont donné une victoire à 80%. Et c’était un choix de ne pas structurer le parti, mais de l’organiser. Maintenant, nous allons réfléchir et en fonction de nos objectifs, voir quel sera le meilleur format pour affronter les prochaines élections.
Le chef de l’Etat avait annoncé des sanctions contre les responsables partis en rangs dispersés, pensez-vous qu’il va effectivement sévir ?
Je pense que cela relève de l’exclusive volonté du Président. Mais dans ma compréhension, il était normal que dans la période des investitures, que nous usions de tous les moyens à notre disposition pour faire respecter l’ordre et faire appliquer les décisions de la commission d’investiture mise en place par le président du parti. Maintenant que nous sommes arrivés à l’évaluation des résultats, je pense qu’il lui reviendra de prendre les mesures nécessaires pour que de pareilles «rebellions» ne se reproduisent plus. En tout état de cause, il ne faudrait pas voir cela sous l’angle étriqué de la punition. Le Président prendra les mesures qui seront les meilleures.
Et que vous inspirent les démissions de Moustapha Cissé Lo et de Cheikh Bamba Dièye ?
Cheikh Bamba Dièye n’a fait que confirmer sa position, il n’a jamais été de cœur avec le Président. Je rappelle que du temps de Benno Siggil Senegaal, c’est lui qui disait que Macky Sall était la goutte de sang qui souillait le lait que constituait Bss. Je crois qu’il n’a jamais accepté la victoire du Président Macky Sall, sa démission est un non événement. Il l’a démontré à travers ses discours de campagne. En outre, on ne l’a jamais vu défendre Bby. Maintenant qu’il a été lamentablement laminé dans sa propre commune, il ne fait que le constat de son déficit et confirmer ce qu’il a toujours ressenti sans pouvoir le dire aux Sénégalais. Il n’a jamais accepté le leadership du Président Macky Sall. Aujourd’hui, quelqu’un comme ça est gentiment jeté dans les poubelles de l’histoire politique du Sénégal. Concernant Moustapha Cissé Lo, je regrette ce qui lui est arrivé. Il a commis des erreurs qu’il a reconnues, ce qui l’a amené à faire un choix qui relève de sa volonté, je ne peux que regretter de voir un responsable du parti démissionner. Mais cela ne remettra pas en cause le bon fonctionnement du parti.
Comment analysez-vous la large victoire de Taxawu Dakar avec Khalifa Sall dans pratiquement tout Dakar ?
Je dirais que Taxawu Dakar a eu une victoire territoriale et non sociologique. Je vous ai donné l’exemple de Cambéréne où c’est l’Apr qui est majoritaire, il y a aussi l’exemple de la Patte d’Oie, des Parcelles Assainies. Au niveau de Grand-Yoff, nous avons eu des difficultés avec nos différentes têtes de liste. A Mermoz, si vous totalisez les voix des deux listes de l’Apr, elles sont majoritaires. Donc pour moi, politiquement parlant, ceci n’est pas du tout inquiétant, d’autant plus que la ville n’a plus le poids qu’elle avait avant. Il est normal que les Dakarois soient frustrés et qu’ils aient donné la primeur à Taxawu Dakar.
N’est-il pas temps pour l’Apr de se séparer de ses alliés de Bby ?
C’est vrai qu’il y a eu des problèmes par-ci et par-là, mais nous allons faire une évaluation sans complaisance de notre compagnonnage, tant du point de vue politique que du point de vue de la gestion du pouvoir. Et, nous en tirerons les conséquences. Mais à ce stade, il est prématuré de prendre certaines décisions.
ADAMA DIENG
SOURCE:http://www.gfm.sn/cheikh-bamba-dieye-na-jamais-accepte-la-victoire-de-macky-sall-sa-demission-est-un-non-evenement/