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L’OBS – Un tour dans les artères de Dakar permet de constater une forte et permanente présence des véhicules et policiers dans certains points stratégiques. Ce plan est pensé et mis en œuvre par la hiérarchie policière qui veut maintenant faire dans l’anticipation. Le Commissaire central de Dakar livre les secrets de la stratégie déroulée pour mettre les délinquants hors d’état de nuire.
Il a été constaté depuis quelques mois beaucoup de rafles et autres check-point dans la capitale. Qu’est-ce qui l’explique ?
L’une des missions du policier, c’est de rendre meilleure la condition de l’homme dans le milieu où il vit. Tant que le phénomène criminel est d’ordre, le policier est à l’aise. Mais chaque fois qu’il y a des velléités, des troubles dans un secteur, nous sommes obligés d’aller au-devant des attentes des populations et de procéder, comme vous le dites, à des missions de sécurisation sur le terrain. Ce sont des missions fréquentes parce que la police doit s’installer dans l’autre cas.
Est-ce que vous avez réussi à installer la police chez les délinquants ?
A Dakar, les gens commencent à dormir tranquille depuis un certains moment. Le phénomène de délinquance a été réduit en sa plus simple expression. La sécurité, c’est-à-dire la protection des personnes et des biens, constitue une des priorités majeures de la politique de l’Etat, car toute société a besoin de paix, de tranquillité publique et d’équilibre. Jusqu’à un passé récent, toutes les méthodes de police consistaient à réagir par rapport à l’événement. C’était souvent basé sur des services de maintien de l’ordre, des interventions de police judiciaire. C’était donc une logique de réaction qui, jusqu’alors, commandait les actes des policiers. A un moment donné donc, les gens ont dit qu’il fallait qu’il y ait une rupture d’équilibre. Pourquoi ? Parce qu’un monde ancien devait disparaître pour céder la place à un monde nouveau. Comment ? En créant des conditions d’anticipations par rapport à l’événement, pour ne pas être réactif. C’est une nouvelle approche qui consiste à prévenir les troubles à l’ordre public. Cela n’évite pas qu’il y ait des événements ex-nihilo, mais c’est pour les réduire. On confronte ces données aux réalités du terrain, et en le faisant, on parvient à combattre la délinquance. D’où le principe de police de proximité.
Alors, le phénomène de police de proximité va au-delà de l’implantation des postes de police ?
Effectivement. C’est une nouvelle approche qui consiste à rapprocher la police de la population, à avoir une police visible à tous les niveaux, à amener la police devant les attentes de la population. Le rôle d’anticipation doit être pris en compte. A une logique de réaction, il faut la substituer à une logique d’anticipation. Et c’est ça la police de proximité.
Y a-t-il un schéma spécifique pour la mise en œuvre de la police de proximité ?
Dakar est divisé en plusieurs zones. Cette territorialisation répond à des principes d’accès qui engagent aussi bien des forces suffisantes que des moyens roulants pour pouvoir couvrir la zone et effectuer un maillage efficace, et trouver des réponses adéquates aux formes d’insécurité qui règnent suivant la spécificité de chaque zone.
Est-ce que vous avez un effectif suffisant pour répondre à ce besoin ?
Pour le moment, l’autorité a réagi en conséquence en mettant en place les hommes nécessaires, mais ce n’est pas encore complet. Mais avec le temps, il y aura une nette amélioration et on va l’élargir au reste de la région.
Le dispositif mis en place sera-t-il permanent ?
Ce dispositif devra être permanent et maintenu de jour comme de nuit. En permanence, la présence policière devra être visible. Le policier sera, à partir de ce moment, un des pions de base de la construction de la sécurité sociale.
Y a-t-il des hommes en civil qui sont sur le terrain à part les hommes de tenue ?
Effectivement, il y a des hommes en civil qui intègrent le phénomène. Mais ces hommes en civil également ont des zones d’action indépendamment de la forte demande sociale de sécurité qui oriente souvent leurs actions.
Est-ce qu’il y a des résultats probants depuis que ce dispositif est mis en place ?
Les taux d’agression ont baissé. Beaucoup de bandes ont été démantelées. Il y a eu l’interpellation surtout de ceux qui faisaient la Corniche Ouest, ceux qui sortaient entre 3 et 4 heures du matin dans certaines zones vers les Hlm, Sacré-Cœur… Les ilotiers sont sur le terrain en permanence.
C’est quoi un ilotier ?
C’est celui qui évolue dans une aire géographique déterminée. Comme je l’avais dit tantôt, Dakar est sectorisée. Dans chaque secteur, il y a des hommes qui évoluent le jour et d’autres qui évoluent la nuit. Ce sont ces hommes-là qui vont se fidéliser avec le milieu qui constituent des ilotiers.
Il y a combien d’ilots à Dakar ?
Il y a plusieurs ilots à Dakar. Ils partent du Cap Manuel jusqu’au rond-point de la Case des Parcelles Assainies de Dakar. La ville est divisée en plusieurs ilots. Au niveau de ces ilots également, ce qui fait la force de cette sectorisation, c’est que tout ce qui a comme phénomène nouveau, à partir du moment où l’ilotier prend service, il lui suffit d’avoir un petit camp d’évolution pour savoir qu’il y a des données nouvelles dans son secteur. Il se familiarise avec les gens, il se familiarise également avec le milieu. Soit les informations viennent de la population directement vers lui, soit il constate lui-même le phénomène nouveau. C’est ce qui concerne le nouveau plan de sécurité de Dakar.
Le dispositif est-il élargi dans la banlieue ?
Il y a de nouvelles techniques d’approches dans la banlieue. Mais la gestation en matière de police de proximité démarre toujours à partir de Dakar. Mais le dispositif est élargi dans certaines zones de la banlieue, comme à Guédiawaye et à Rufisque. Mais il reste à l’étendre dans les autres zones.
Est-ce que les moyens suivent ?
Les moyens humains et matériels sont là. Ce sont des moyens flambants neufs qui sont mis à la disposition des unités pour leur mis en œuvre sur le terrain. On a eu beaucoup de moyens quand même.
Peut-on s’attendre à ce que ce plan soit déroulé au niveau national ?
Pour y arriver, il faut des contrats locaux de sécurité qui sont des structures au sein desquelles les populations sont représentées, les acteurs sociaux tels que les Asc, les personnes ressources telles que les syndicalistes et tous ceux qui ont entre leurs mains les leviers de commande de la localité. Ces différents acteurs interviennent pour donner leur point de vue sur la politique criminelle. A partir de la jonction de ces différents points de vue, il y a ce que l’on appelle le diagnostic local de sécurité. A partir de ce diagnostic local de sécurité, les gens définissent les zones d’action prioritaires sur les zones où la délinquance est plus fréquente, les zones où il faut agir pour remettre en cause le phénomène criminel. Donc, à partir du moment où ces zones sont définies, il est beaucoup plus simple à l’ensemble des acteurs de réduire au strict minimum la délinquance. Seulement, il faut relever que la délinquance à Tambacounda est différente de celle qui est opérée à Saint-Louis.
Si l’on comprend bien, la riposte menée dépend de chaque localité ?
Effectivement, parce que la délinquance varie d’un endroit à un autre. Pour trouver des réponses adéquates à la délinquance, il faut adapter les méthodes de lutte aux réalités locales. Par exemple, dans certaines zones, il y a des vols de bétails. Dans d’autres zones, il y a la prostitution ou encore la violence armée. Ailleurs, il y a la délinquance financière ou ce sont des pickpockets. Il faut, selon chaque cas et chaque localité, trouver des moyens de riposte appropriés.
Justement, est-ce qu’il y a une approche nationale globale autour de cela ?
En ce qui concerne la région de Dakar, vous avez vu qu’il y a une nouvelle approche. Celle-ci consiste non seulement à rendre la police visible et à aller au-delà des attentes des populations, mais aussi à établir des passerelles de communication entre la police et la population. Maintenant les gens commencent à comprendre, ils vont vers les policiers. Ces derniers également essayent de trouver des solutions immédiates. Parfois, il y a des obstacles, mais des prétextes à l’inaction n’apparaissent que rarement, parce qu’à chaque fois qu’ils ont des difficultés, ils s’en réfèrent à la hiérarchie qui trouve automatiquement une solution.
Comment avez-vous vécu l’affaire Bassirou Faye ?
On n’ose pas commenter pour le moment, étant donné que c’est une affaire pendante devant la justice. Il y a des gens qui vont effectuer des diligences nécessaires à l’information. Nous ne saurons vraiment nous étendre sur cette question.
C’est vous qui avez déployé tout ce dispositif là ?
Nous ne pouvons pas répondre à cette question.
NDIAGA NDIAYE
SOURCE:http://www.gfm.sn/comment-nous-avons-elabore-le-nouveau-plan-de-securite-de-dakar/