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Makhtar Diop, vice-président de la banque mondiale pour l’Afrique «Nous avons mis 326 milliards CFA dans la lutte contre Ebola»

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MAKTAR DIOP

L’OBS- Quels sont les risques économiques si la transition dérape au Burkina Faso ? Quel est l’impact économique de l’épidémie Ebola sur l’Afrique de l’Ouest ? Le Sénégalais Makhtar Diop, 54 ans, est le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique. L’ancien ministre de l’Economie et des Finances explique aussi pourquoi il renonce à la présidence de la BAD, la Banque africaine de développement.

 

 

 

 

Longtemps la Banque mondiale s’est félicité de la stabilité politique au Burkina. Mais est-ce qu’elle a vu le revers de la médaille au Burkina parce qu’il y a un seul homme au pouvoir pendant plus d’un quart de siècle et du coup la confiscation des richesses au profit d’un clan.

Il est clair que c’est un pays très important pour tous. C’est un grand pays dans la sous-région. C’est un pays qui a des défis de développement très importants. Nous souhaitons qu’il y ait la transition la plus rapide possible et inclusive afin que nos programmes ne soient pas interrompus au Burkina. Je crois que si les programmes économiques mis en œuvre au Burkina devaient être suspendus temporairement à cause de la situation politique, cela aurait un effet très néfaste sur le développement économique du pays.

Le Burkina a un bon taux de croissance autour de 7%, pourtant près de la moitié de la population vit avec 1 dollar par jour. Est-ce que cela ne pose pas le problème de la répartition des richesses ?

C’est un débat général en Afrique. La croissance en Afrique est la croissance qui a eu l’effet le moins important dans la réduction de la pauvreté. Cela étant dit, au Burkina, nous avons eu des progrès importants qui ont été réalisés au niveau de l’indicateur de l’indice de développement humain, au niveau du taux de mortalité maternelle, l’espérance de vie, l’éducation où les taux de scolarisation sont passés de 57 à 80% en 2013…ces progrès doivent être consolidés et accélérés. C’est très important.

Oui, mais d’après l’indice Mo Ibrahim sur la gouvernance, le Burkina a perdu 4 places en 5 ans et se trouve aujourd’hui 21e sur 53 pays. Est-ce que ce n’est pas un pays condamné à la mauvaise gouvernance ?

Je crois qu’il y a des collègues mieux placés que moi pour commenter sur le processus politique et les dynamiques de transition politique dans les pays. Laissez-moi, s’il vous plait, me consacrer aux applications économiques et ce qu’on peut faire du point de vue économique pour renforcer et rendre cette transition politique et démocratique beaucoup plus viable et plus soutenable.

Est-ce qu’on peut avoir de la bonne gouvernance sans la démocratie ?      

La bonne gouvernance est un élément-clef. Mon expérience en tant que membre du gouvernement dans mon pays, il y a plus d’une quinzaine d’années, c’est quelque chose pour laquelle je me suis battu. Cette bonne gouvernance prend des formes diverses au niveau des communautés de base, des administrations locales, pour que justement la société civile, les acteurs politiques puissent avoir leur mot pour que ça ne soit pas quelque chose qui est simplement géré par l’Exécutif.

Est-ce que vous avez pu chiffrer l’impact économique de la fièvre à virus Ebola qui circule dans la sous-région ?

Oui, nous avons pu estimer que dans les deux prochaines années, si l’épidémie Ebola n’était pas endiguée rapidement, l’impact pourrait se chiffrer à 32,6 milliards de dollars. Donc on verra de moins en moins le commerce inter-Etats, les investisseurs ne viendront pas….

C’est-à-dire que l’Afrique de l’ouest perdrait 32 milliards de dollars sur les deux ans qui viennent…

En termes de Pib, oui. Au Sierra Léone, nous avons fait une enquête au niveau des ménages et on a constaté que plus d’1 quart travaillant dans le monde rural n’était plus en activité dû à Ebola. Cela va avoir des conséquences sur le taux du secteur agricole en 2015.

Que peut faire la Banque mondiale ?

Nous avons mis 500 millions de dollars dans la lutte contre Ebola, et qui entre autres permettront le transfert du personnel de santé de certains pays africains qui ont décidé d’aider les autres dans la lutte contre la pandémie. Nous avons aussi financé l’achat de médicaments, la création de laboratoire, un centre de test de mise en quarantaine.

source: Rfi