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Les voyages servent souvent à cela aussi. Au gré des rencontres, à la sortie d’un aéroport, le soir, au cours d’une petite ballade, il vous arrive de tomber sur une personne connue ou non. Loin de chez vous. Loin de chez lui aussi. Et, les premiers contacts souvent improvisés, peuvent mener à toutes les surprises quand l’histoire de l’un comme de l’autre se rencontrent et se mélangent. La nostalgie et le désir de partager l’emportent sur le reste et le coeur se met à vibrer pour raconter la vie d’ici et d’ailleurs. Comme dans un conte l’on parle de ses parents, de ses premières rencontres, de ses décepti
ons... Toutes choses qui ne résument d’un coup, la belle rencontre avec Henry Demba au salon du goût dans la capitale piémontaise, la vieille belle cité de Turin. L’Italie dans ses versions baroque et gothique, mélangées.
Il est sans doute devenu le plus Hollandais des Sénégalais. Parti au début des années 2000 de la petite cité marine de Kafountine, qui l’a vu naître, Henry Demba a tout laissé pour se consacrer à sa seule passion : la pêche. Déçu par les nombreuses grèves, l’enfant des terroirs a fait le choix de quitter l’université de Dakar pour la mer. Et c’est là, que son histoire bascule à travers une rencontre avec une amie hollandaise. Le voilà qui tente l´aventure en allant s´installer aux Pays Bas. La preuve que certaines vocations sont aussi porteuses. Car, si chez certains, la pêche est un métier choisi par défaut, chez lui par contre, il s’agit d’une véritable vocation. Aujourd’hui, c´est au coeur du Salon du goût “ Terra Madre“ qu’il a fallu le chercher entrain de servir des huîtres fraîches aux curieux et connaisseurs de passage. En ce mois d’octobre finissant, Henry Demba est homme très occupé. La quarantaine sonnée, il n´est pas là par hasard. Il a fait du chemin. Et, le voilà entre pause déjeuner et café, qui se raconte.
L’histoire de ce garçon est un mélange d’aventure et de conquêtes de territoires nouveaux. Après avoir vécu toute son enfance dans son village de Kafountine, au nord-ouest de la Casamance, le jeune Henry a commencé à suivre comme beaucoup de jeunes sénégalais de son âge, à prendre le chemin de l’école aidé par de grands parents qui attendaient sans doute beaucoup du garçon. Un brin nostalgique et ému, il raconte cette histoire avec une telle distance qu’il donne l´impression que ce fut très facile. Mais, que ce fut dur avant l’étape d’aujourd’hui qui le consacre.
“Tout cela a commencé, explique Henry Demba, par une déception. J´ai toujours voulu faire des études à l´université, mais au début des années 2000, arrivé à l’univesité, je réalisais un rêve d’enfant. Mais, tout de suite, je me suis retrouvé face à des grèves qui n’en finissaient pas. Lassé de la situation, j´ai pris sur moi de retourner au village et de retrouver mes activités de pêcheur aux cotés de mon père. Je ne vais pas le regretter. La suite est une longue histoire. Et, c´est par un pur hasard que je me suis retrouvé en Europe. Et, dès mon arrivée, fort de l´expérience acquise auprès de mes grands parents, j’ai enseigné les techniques de pêche traditionnelle à des amis hollandais.”
Vêtu de sa blouse, le voilà qui aujourd’hui qui “ouvre” du matin au soir, des huîtres pour la dégustation des passants et leurs famille. Son stand est nul doute un des plus fréquentés de ce salon avec tout ce monde qui meurt d´envie de goûter ses belles pièces mollusques ramassées sur les terres marécageuses d’Amsterdam et ses environs. Un morceau de citron vert à la main pour assaisonner la chair cachée à l’intérieur de la coquille, et voilà que le visiteurs du jour s’offrent ce plaisir avec une larme de vin blanc disponible sur les étalages et servie par le patron, moyennant quelques euros. Le spécialiste qu’il est devenu doit son succès à son abnègation et son courage, mais encore la facilité avec laquelle il se laisse aborder.
La passion est née donc pour le pêcheur qui va saisir sa chance et se mettre dans la pêche et la distribution de produits halieutiques. Venu au salon en voiture depuis les Pays-Bas, Henry est un homme plein d´ambition aujourd´hui. Par amour pour la pêche, poursuit ce garcon plein de vie, “j’ai effectivement abandonné les études et la fac. Mon grand père m’avait mis à l´epreuve dès l´age de 8 ans en m´amenant avec lui, lors de ses sorties en mer. Et, quand j´etais à l’Université, j´avais du mal à supporter de rester deux semaines, un mois sans aller au cours. J´ai donc pris sur moi de rentrer au village essuyant les critiques de mes amis de certains membres de ma famille qui me disaient que c´était une erreur et qu il fallait continuer. J’ai dit non et je me suis lancé dans cette activité que je connaissais encore plus et où je ne perdais pas de temps…“
Pêcheur et enfant du monde
Parti avec une amie, le voilà donc au coeur des polders; un monde qu’il découvre. J’ai tout de suite aimé ce pays à cause de l´eau qui est partout, explique Henry Demba. Aujourdhui, je peux vous dire que c´est mon deuxième pays. Car ici, c´est comme si j´étais toujours à Kafountine surtout quand je suis en mer. La mer, elle est la même partout. Il n´ y a pas d immeubles, mais rien d´autre que l´eau.“ Pêcheur devenu ostreïculteur, le jeune homme explique sa rencontre avec le mollusque le plus prisé de la mangrove africaine, par sa grand mère qui exploitait la ressource dans le village de Kafountine. “ Ma grand mère récoltait et vendait les huîtres au marché du village pour payer une partie de mes études. Et, chaque fois, après les coups de cloche de 17 heures, je filais à la plage chez ma grand mère, prendre les huîtres pour le dîner de la maison.”
Après avoir vu ce qui se faisait au Sénégal en matière de pêches et d´exploitation des huîtres, et mis la main sur l’expérience et les connaissances des exploitants hollandais, le voila devenu un autre homme aujourd´hui. “Ici, ce qui est visible dans les pratiques, c’est surtout la volonté de préserver la ressource et son habitat; mais surtout de garantir la qualité des espèces pêchées ou récoltées. Pour le reste, il n’y a pas beaucoup de diffèrences dans la manière d’exploiter les huîtres en Hollande comme au Sénégal. Il suffit de les ramasser en choisissant celles qui ont la bonne taille. Sauf qu au Pays Bas, c’est encore plus facile parce qu’on les trouve dans des secteurs ou l’eau s’est retirée. C’est après qu’on les jette dans les digues pour éliminer tout ce qui est algues et pourritures. Pour ce salon, je peux vous dire que j’ai ici avec quelque 12.000 huîtres que je dois écouler avant la clôture de ce salon 2014. “ Pour les journées du jeudi 23 et du vendredi 24 octobre, la petite confidence est qu’il aura vendu entre 4500 et 5000 euros de ses produits exposés dans ce Salon. Près de 10.000 euros en deux jours, il faut le faire et l´homme se la joue modestes, tranquille et très serein sur ce métier qu´il aime et qu’il a définitivement choisi.
S’il est aujourd’hui au coeur d’un système de production bien plus èlaboré, le jeune diola de la Casamance n’a pas oublié d’où il est venu. Souvent Henry est de retour dans son village pour encadrer et former des jeunes à la pêche.“ J’ai déjà formé une quinzaine de jeunes qui sont maintenant dans le métier chez moi à Kafountine. Ce que je veux dire aux jeunes sénégalais est qu’on peut atteindre son rêve en y croyant et en acceptant d’être formé a quelque chose. Il ne faut surtout s’arreter au premier obstacle. Pour lui, il n’y a pas qu’un seul métier pour atteindre le bonheur. Tout ce qui peut permettre de s’épanouir est un travail noble qui peut donner le bonheur a une personne.“
La panoplie de l’homme est ainsi devenue assez variée et, chaque année, pour faire la promotion de la pêche sportive, Henry Demba débarque aussi avec une cinquantaine d’amis pour pêcher le barracuda, l’espadon, la carpe rouge etc. Le travail et le plaisir en même temps, c’est aussi une des marques de ce jeune homme courtois et très abordable. Pour l’anecdote, il a promis de revenir au Sénégal dans quelques semaines pour accompagner les femmes de Ziguinchor, dans l’exploitation et la mise en vente des huîtres. Une sorte de partage d’expériences destiné à la promotion de sa région et de son pays.
Source:http://www.sudonline.sn/l-enfant-de-kafountine-au-c%C5%92ur-des-polders_a_21579.html