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L’OBS – C’est sur un ton courtois mais ferme, que l’Administrateur général de l’Alliance pour la République (Apr), Maël Thiam, s’est prononcé sur les sujets brûlants de l’heure. Les accusations et menaces de Wade, les candidatures de Karim et Khalifa Sall, le Sommet de la Francophonie qui vient de s’achever à Dakar, sont, entre autres, les questions qu’il a abordées dans cet entretien, sans langue de bois.
Transparency international vient de publier les résultats de l’Indice de perception sur la corruption (Ipc). Le Sénégal est classé au 70erang mondial et au 10e africain, restant toujours ainsi dans la zone rouge. Comment appréciez-vous ce classement?
Il faut d’abord se féliciter du fait que Macky Sall et son gouvernement ont réussi à faire reculer la corruption. C’est une grande performance, quand on sait que le chef de l’Etat s’est attaqué à un cancer vieux d’une trentaine d’années. Si le rythme actuel se poursuit, il y a de fortes chances que la corruption disparaisse au Sénégal. Les Sénégalais doivent se réjouir car en deux ans et demi seulement, le Président Macky Sall a réussi à incruster dans leur carte mentale la nécessité de combattre les méfaits de la corruption. Ce sont donc deux gros points qui sont ainsi gagnés par le Sénégal. Nous en sommes fiers.
Selon le même rapport, les avancées réalisées par le Sénégal sont dues en grande partie à la traque des biens mal acquis et à l’obligation de déclaration de patrimoine pour tous ceux qui gèrent des deniers publics. Y voyez-vous un encouragement à persévérer dans ces deux directions?
Tous les moyens utilisés pour combattre la corruption sont bons. L’important aujourd’hui, comme le relève fort justement le rapport, c’est la poursuite de la traque des biens mal acquis et l’obligation de la déclaration de patrimoine. Il y a aussi d’autres paramètres qui ont facilité l’avancée du Sénégal dans cette lutte, comme la mise en place de l’Ofnac, l’allègement des procédures d’octroi des marchés publics, tout en respectant les règles de transparence. Ce sont moins les mesures prises pour faire reculer la corruption que les résultats qui comptent.
Le Forum civil exige la publication de tous les contrats miniers, suite à l’affaire Arcelor Mittal. Qu’en pensez-vous ?
Tous les contrats miniers sont connus des Sénégalais. Dans l’affaire Mittal, le contrat a été signé le 17 janvier 2012, alors que Macky Sall n’était pas encore aux commandes. S’il y a quelqu’un qui doit répondre de ce contrat là, c’est bien le prédécesseur du Président Sall. Par contre, on a caché aux Sénégalais le fait que le régime sortant était condamné à payer 75 milliards FCfa à Mittal. Le régime actuel est d’ailleurs en train de payer cette dette, c’est ça l’information utile. Le chef de l’Etat a eu le courage de réviser les contrats miniers, dans le seul but d’accroître les intérêts supérieurs du Sénégal. Donc il n’y a aucun problème pour le gouvernement à publier quelque contrat minier que ce soit.
C’est désormais la guerre «totale» entre Me Wade et Macky Sall, dont il menace de détruire la famille. Prenez-vous ces déclarations au sérieux ?
C’est l’ancien Président qui déclare la guerre, mais c’est trop de parler de guerre totale, puisque cela implique deux parties. Le chef de l’Etat est dans une posture de hauteur, en raison de ses fonctions, il ne va pas perdre son temps à répondre à des déclarations dont l’effet d’annonce est le seul but recherché. Maintenant, qu’il profère des menaces à l’endroit de la famille du Président, cela relève du pur banditisme.
Sous cet angle, peut-on dire que le dialogue politique est rompu au Sénégal ?
Non, il y a déjà une coalition, qui est forte de la majorité des partis politiques significatifs, qui exerce le pouvoir. Le Pds n’est pas la seule formation politique de l’opposition, le Président reste ouvert au dialogue, c’est un homme de consensus, mais il ne faudrait pas oublier que c’est le premier garant de la Constitution. Il a l’obligation de faire respecter l’ordre et la loi. Si des gens choisissent délibérément de bafouer les règles du jeu, ils en assumeront toutes les conséquences.
Les fonds politiques reviennent au-devant de l’actualité nationale, avec l’Observateur, qui révèle que 108 milliards, dont 60 ont été décaissés du Trésor public, en violation des règles de procédure en la matière, entre 2008 et 2012. N’est-il pas enfin temps de réglementer l’usage et la destination de ces fonds une bonne fois pour toutes?
C’est la Constitution qui octroie au chef de l’Etat cette prérogative, cela n’a pas commencé avec Macky Sall. Je n’ai pas connaissance de changements dans les montants alloués ou dans les procédures de décaissement. Abdoulaye Wade, qui est concerné par ces scandales, a exprimé sa volonté de dénigrement, mais la gestion des biens publics depuis l’arrivée de Macky Sall à la tête du pays, ne laisse place à aucune ambiguïté. Me Wade a servi des contrevérités lors de son meeting du 21 novembre dernier, c’est dommage, à son âge, qu’il persévère dans la désinformation.
La remise du rapport de l’Armp devrait intervenir à la veille du Sommet de la Francophonie. Elle a été reportée sine die, pourquoi?
Si le pouvoir voulait cacher quelque chose à ses hôtes, il disposait d’autres moyens pour le faire, d’autant qu’on n’a pas besoin, à l’ère de la communication de masse, d’être au Sénégal pour savoir ce qui s’y passe. Ce n’est pas pertinent comme argumentation. Par contre, il était nécessaire de ne ménager aucun effort pour faire du Sommet de la Francophonie une réussite totale car pas moins de 35 chefs d’Etat et de gouvernement nous ont honorés de leur présence.
Si la Francophonie est une réussite totale, des interrogations subsistent sur le coût financier de ce Sommet. Pouvez-vous éclairer la lanterne des Sénégalais ?
Je suis sidéré d’entendre des Sénégalais spéculer sur le coût financier du sommet. Le Cicad n’est pas un produit exclusif, il fait partie d’un ensemble de programmes dont le but est d’amorcer une autre façon de développer le Sénégal. D’abord, le Président a fait de Diamniadio un pôle dont le Cicad n’est qu’un élément. Il y est prévu des logements sociaux, des hôtels, des parcs industriels, entre autres. Jusqu’à présent, plus de 80% des investissements sont investis sur le littoral, l’intérieur du pays représentant presque un désert en termes d’infrastructures. Pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, Macky Sall a décidé d’inverser cette logique, en injectant des milliards dans les régions. Diamniadio est le point de départ idéal pour lancer cette nouvelle vision. Le tourisme occupe une place prépondérante dans l’économie du pays, il y avait un grand manque à gagner dans ce qu’on appelle un tourisme de conférence. Sous Senghor et Diouf, le Sénégal avait de grandes parts de marchés à ce niveau, grâce à ce bijou qu’est le Cicad, le Sénégal va reconquérir le marché juteux du tourisme de conférence. Ce qui va impacter sur l’économie du pays. Tous les pays qui ont organisé de telles manifestations ont bénéficié du soutien des Etats membres, l’important c’est la pertinence de l’ouvrage.
On reproche à l’Apr d’héberger en son sein des transhumants qui ont été épinglés par des rapports d’audits. Que répondez-vous ?
Je n’ai pas connaissance de personnalités condamnées dans leur gestion et qui ont rejoint l’Apr. Un rapport d’audit concerne des remarques sur la gestion, mais il n’y a pas eu de condamnation de ces personnes dont vous parlez. Par ailleurs, ce sont des citoyens comme tous les autres, même s’ils ont appartenu à l’ancien régime. Ils ont le droit, après mûre réflexion, de migrer dans le parti politique de leur choix et d’y faire émerger leur leadership. Le jour où la justice décidera de les entendre, même le chef de l’Etat ne pourra s’y opposer, au nom de la séparation des pouvoirs. Ceux qui pensent que l’Apr les blanchira se trompent, nous sommes dans une dynamique de massification du parti où toutes les voix comptent.
Y compris celles de ceux sur qui pèsent de forts soupçons de corruption ?
Je ne suis pas dans une station qui m’autorise à gérer des rumeurs. Aucun de ceux que vous appelez transhumants n’a perdu ses droits civiques. Le clivage des partis politiques n’existe plus, le Plan Sénégal émergent a été élaboré dans le but exclusif d’amener le pays à la station du développement. Pour cela, nous avons besoin de l’intelligence de tous les Sénégalais. Il faudra que nos compatriotes abandonnent cette façon de penser, ce sont les résultats qui comptent et tous les Sénégalais doivent être mobilisés pour la réussite du Pse. Pour que nous sortions du sous-développement et surtout de ces débats stériles.
Karim Wade et Khalifa Sall apparaissent comme les plus sérieux adversaires de Macky Sall en 2017. Ces candidatures vous font-elles peur ?
J’ai beaucoup de respect pour ces deux-là. Il est prématuré de parler de la Présidentielle de 2017, puisque beaucoup de choses peuvent intervenir d’ici là. Déjà, la candidature de Karim Wade dépend de l’issue de son procès. Il faudra qu’il soit d’abord blanchi par la justice pour qu’il puisse se lancer dans la course, ce qui est loin d’être évident, pour l’instant. S’il bénéficie d’un non-lieu, sa candidature ne peut pas inquiéter Macky Sall, puisqu’à la dernière présidentielle, il a été battu dans son propre bureau de vote. Ensuite, il n’a pas une majorité sociologique qui lui permet de constituer une menace sérieuse. Pour Khalifa Sall, il appartient à un parti (le Parti socialiste) qui chemine avec l’Apr dans le cadre d’une grande coalition dénommée « Benno Bokk Yaakaar » (Bby). Pour l’instant, ni sa formation originelle ni Bby ne l’ont investi, donc il faut attendre pour y voir plus clair. Dans tous les cas, il sera très difficile, pour ne pas dire impossible, de barrer la route à Macky Sall en 2017.
IBRAHIMA DIAKHABY
SOURCE:http://www.gfm.sn/mael-thiam-administrateur-general-apr-les-menaces-proferees-par-wade-a-lendroit-de-la-famille-de-macky-sall-relevent-du-pur-banditisme/