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René Bassène, observateur du conflit casamançais et écrivain : «Le processus de paix est bloqué à cause...»

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CasamanceRené Bassène, observateur du conflit casamançais ayant publié un livre sur le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc), exprime son amertume de voir le conflit casamançais bloqué à cause des «Messieurs Casamance». Selon M. Bassène, tant que ces hommes et femmes n’harmonisent pas leurs interventions pour le seul intérêt de la Casamance, aucun progrès ne sera noté malgré l’accalmie constatée en ce moment. 

Nous sommes quasiment au terme de 2014. En tant qu’observateur du conflit, pouvez-vous nous dire où en est aujourd’hui le processus de paix en Casamance ? 
Le processus de paix est au point mort. Il n’existe que de nom. Il demeure encore stérile et n’a connu aucune avancée réelle. Cela, malgré la disposition et l’engagement déclarés des belligérants à négocier pour trouver une issue heureuse au vieux conflit qui est en train de perdurer en Casamance.

Contrairement à vous, d’aucuns disent que le processus de paix est dans une bonne dynamique et que des négociations sont menées en douce, et c’est ce qui d’ailleurs justifierait cet accalmie constatée sur le terrain…
On essaye de faire croire à l’opinion que des négociations seraient en train d’être menées en douce et que c’est ce qui explique cette relative accalmie notée sur le terrain. Mais je précise que ce n’est pas le cas. Aucune négociation sérieuse n’est encore entamée et aucun acteur ne peut et n’ose se réclamer de cette  accalmie notée et chantée par tous, car provenant d’une simple volonté du Mfdc de déposer les armes pour négocier conformément à leur déclaration d’intention. Je persiste et réitère que sur le terrain, rien n’a bougé concernant le processus de négociations.

Qu’est-ce qui est alors à l’origine du blocage du processus de paix ?
Il y a, entre autres, la division du Mfdc en plusieurs factions au niveau de toutes ses composantes (combattante, civile et politique interne et extérieure). Mais un des grands facteurs bloquant demeure, à mon avis, la multiplicité des facilitateurs ou «Messieurs Casamance». Il y a sur le terrain plusieurs groupes aux démarches et méthodes très différentes et qui se livrent une rivalité indescriptible pour soi-disant une même cause : celle de parvenir à une paix définitive en Casamance. 
A leur niveau, tous les coups sont permis, de la calomnie en passant par les conspirations, les combines jusqu’aux coups bas. L’essentiel, c’est de parvenir à neutraliser le rival voire l’adversaire, de totalement l’écarter du processus de paix et de parvenir à faire de l’une ou de l’autre faction du Mfdc sa chasse gradée. Comment dans de telles conditions, on pourrait parvenir à la paix, si ceux-là même qui sont supposés aider à son retour se comportent de la sorte ?

Quelle analyse faites-vous de la nouvelle dynamique du Mfdc de vouloir négocier par l’intermédiaire des organisations internationales telles que Sant Egidio par exemple ?
La décision de certains chefs du maquis de s’ouvrir aux nouveaux «spécialistes en recherche de paix» provenant cette fois de l’Europe avec Sant Egidio, Etats-Unis avec le conseiller spécial pour la Casamance et des Iles Comores avec Ahmed Said n’a pas abouti au résultat espéré. Bien que ces internationaux se réclament d’une certaine neutralité et d’une indépendance financière, mais surtout d’une grande expérience dans la résolution des conflits à travers le monde et particulièrement en Afrique noire, ces acteurs étrangers qui étaient absents au Rwanda, en Libye, au Soudan, au Mali, en Côte d’ivoire et présentement en Centrafrique, en Syrie et en Ukraine sont dans la même dynamique que les démarcheurs locaux. On n’a l’impression de passer du «blanc bonnet au bonnet blanc». En réalité, tous comme ces derniers, ils opèrent séparément sur le terrain, avec exactement différentes méthodes et approches, différents messages pour une même cible et pour un même but. 
On attend de voir le résultat de leurs interventions en Casamance. Mais en ce qui me concerne, je crains fort que le manque de synergie et d’harmonie dans leurs stratégies les conduise directement au même échec que celui de nos «spécialistes locaux» dans la démarche de paix.

Est-ce que vous croyez en la disposition du Mfdc et de l’Etat du Sénégal à aller à la table des négociations ?
Oui ! Je refuse de croire que la main tendue du Président Maky Sall au Mfdc, pour aller à la table de négociations et la réponse positive obtenue pour la première fois de tous les chefs du Mfdc, entendez combattants, civils et politiques, ne soient que des déclarations de principes. C’est encore une grande opportunité qui malheureusement est en train d’être très mal exploitée à cause, et je ne cesserai de me répéter, d’un manque de vision à donner au processus de paix, mais également à cause du comportement des «Messieurs Casamance», dont l’ardente rivalité est en train de progressivement nous éloigner de cette paix tant désirée.

Quelles solutions préconisez-vous alors pour un retour rapide de la paix en Casamance ?
Pour arriver à un succès par rapport à la relance du processus de paix, il faut que tous les acteurs concernés, l’Etat en premier, le Mfdc ainsi que les démarcheurs de paix, s’accordent sur un contenu à donner au processus de paix. Il n’y a rien de défini en termes de stratégies et démarches à entreprendre pour arriver à la table de négociations. C’est par ailleurs ce vide que sont en train de trop mal combler les «Messieurs Casamance». Ils ont fini par semer une sorte d’anarchie, car il n’y a aucune harmonie d’actions entre eux. Chacun s’active de son côté et s’occupe avec son bailleur de son processus de paix à lui seul. Conséquences : le grand engouement qu’ont suscité toutes ces déclarations favorables à la redynamisation des pourparlers en faveur du retour de la paix est en train de lentement s’estomper dans les mêmes esprits où il a germé. De nos jours, l’opinion dans sa majorité n’a aucune idée précise de ce qu’est devenu le processus de paix. C’est pourquoi beaucoup, comme vous d’ailleurs, se posent la question de savoir où en est concrètement le processus de paix en Casamance.

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Source:http://www.lequotidien.sn/new/index.php/component/k2/item/991-rene-bassene-observateur-du-conflit-casamancais-et-ecrivain-le-processus-de-paix-est-bloque-a-cause.html