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Député de Bès du Niak, et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar, le député Cheikhou Oumar Sy signataire du recours introduit au niveau du Conseil constitutionnel pour l’invalidation de la loi portant modification du règlement intérieur de l’Assemblée, s’est insurgé contre la prise de position du ministre conseiller chargé des affaires juridiques du chef de l’Etat Ismaïla Madior Fall annonçant déjà une possible décision de l’organe juridique.
Il s’est aussi épanché sur le choix du chef de l’Etat de confier l’exécution du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) au PNUD, regrettant une politisation de l’administration et du coup, demandant au Chef de l’Etat de se séparer des ministres « griots ». Entretien...
Député Cheikhou Oumar Sy : « Ismaïla Madior Fall est devenu « un tailleur » juridique…le Président devrait se débarrasser d’au moins 2/3 de ses ministres »
Député de Bès du Niak, et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar, le député Cheikhou Oumar Sy signataire du recours introduit au niveau du Conseil constitutionnel pour l’invalidation de la loi portant modification du règlement intérieur de l’Assemblée, s’est insurgé contre la prise de position du ministre conseiller chargé des affaires juridiques du chef de l’Etat Ismaïla Madior Fall annonçant déjà une possible décision de l’organe juridique.
Il s’est aussi épanché sur le choix du chef de l’Etat de confier l’exécution du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) au PNUD, regrettant une politisation de l’administration et du coup, demandant au Chef de l’Etat de se séparer des ministres « griots ». Entretien...
Retour sur le tollé suscité par le vote de la loi portant modification du règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Avez-vous été surpris par sa proportion ?
C’est bien malheureux qu’il y ait eu un tollé, puisque c’est la première proposition de loi de l’Assemblée, et c’est devenue une rhétorique ou une ironie de l’histoire, que chaque fois qu’il y a une loi scélérate que ce sont les députés eux mêmes qui déposent cette proposition de loi. Il y avait trois ou quatre articles qui nous intéressaient, comme rétablir le mandat du président de l’Assemblée, ce qui était bon et unanime. Même au niveau de la législature, on avait demandé que ce mandat soit ramené à 5 ans. Il y avait d’autres articles qui posaient problèmes. Ça posait problème puisque cela entravait la liberté des députés, mais aussi c'est comme si on nous faisait porter une camisole de force pour rester dans un groupe parlementaire.
Il y aussi le fait de ramener le groupe à 1/10 de l’Assemblée. Nous avons jugé que le moment n’était pas opportun, mais aussi vu la manière nous n’avons pas compris pourquoi il fallait introduire ce dispositif là pour que à mi-chemin on puisse dire aux députés, si vous n’avez pas 15 députés vous ne pourrez pas constituer un groupe. Cela a constitué une gêne et un manque de confiance. Dans cette dynamique, le débat a été ponctué d’échanges chauds, on a parlé de vagabondage parlementaire, mais je crois que la transhumance doit être combattue d’abord à l’extérieur de l’Assemblée, dans les partis politiques et refuser que le parti au pouvoir accepte des transhumants.
Si le président de la République donne l’exemple le reste va suivre. Mais si aujourd’hui, il va voir Djibo Ka pour lui demander de rejoindre son parti le week end et le Lundi on vote une loi pour empêcher aux députés de transhumer, cela pose problème.
Et s’il fallait faire une chose pareille, pourquoi pas suivre les Assises. Elles ont été simples, elles préconisent l’exclusion du député plutôt que de lui faire porter une camisole. Parce qu’à l’article 60 du règlement intérieur, il est clairement dit que si le député quitte son parti, il est exclu. Mais la coalition n’en faisait pas partie. Et à l’état actuel, on risque d’avoir une Assemblée Nationale, qui n’a pas d’opposition. Je ne suis même pas sûr que d’ici à la prochaine rentrée, le groupe des libéraux, vu ce qui s’y passe, puisse constituer un groupe. C’est des enjeux énormes et on devait juste se limiter à adopter la restitution du mandat à 5 ans et aller dans l’étude approfondie du règlement, mais on a juste choisi de régler des questions politiques. Quel impact cela peut-il avoir dans le fonctionnement de l’Assemblée ? Rien.
Je n’ai pas compris aussi que moi qui n’étais pas dans la salle, que l’on puisse me compter parmi ceux qui ont voté, aussi bien El Hadj Diouf, El Hadj Cissé, Aida Mbodj, des députés qui avaient quitté la salle.
142 députés, c’était trop exagéré, et moralement et éthiquement, c’était aberrant. Dans le mois de Ramadan, que des gens puissent falsifier le décompte pour faire plaisir…pour faire croire aux populations que tout se passe bien, c’est regrettable
Et que l’on ait ce système de vote bloqué, manigancé par le Professeur Ismaïla Madior Fall, on nous avait lié nous parlementaires. On devait lire article par article et dire si on était d’accord. Ce vote nous a porté préjudice, mais surtout cela a été un recul démocratique.
Pour revenir au ministre conseiller Ismaïla Madior, il a d’ores et déjà annoncé que le recours que vous avez déposé au niveau du conseil constitutionnel serait invalidé.
Ce qu’il a dit est extrêmement grave. Il est en train de dire au Conseil constitutionnel la réponse ou la démarche à donner à notre recours. Il est devenu un tailleur juridique, il n’est plus objectif, et cela n’est pas bon pour le Président qui doit avoir des avis indépendants et un panel de juristes qu’ils consultent pour avoir des avis différents sur la table. Aujourd’hui il a piloté, et très mal, l’acte 3 de la décentralisation que tout le monde décrie, mais il est aussi en train de déconsolider l’Assemblée en faveur de l’Exécutif. Et ce n’est pas la première fois, puisqu'en l’entendant parler de glissement de la majorité, cela veut dire que ce qui l’intéresse c’est de tout faire pour affaiblir l’Assemblée. Nous avons décidé de porter ce recours pour dire qu’il y a vice de forme, même le Président du groupe de la majorité Moustapha Diakhaté et mon ami Zator Mbaye, l’ont admis. Et je crois qu’il faut annuler le vote, ils auront certainement la majorité. Mais au moins, qu’ils aient la décence de ne pas aller au-delà des chiffres qui sont réels. Et pour Ismaïla Madior Fall, il faut qu’il sache raison garder. On ne le reconnait plus, il est devenu un politicien. Ce n’est pas à lui de dicter la validité ou non de ce recours-là.
Des députés de BBY menacent de démissionner de la majorité, jusqu’où ceux de Bès du Niak peuvent aller ?
A l’heure actuelle, nous sommes en discussion pour voir quelle est la meilleure attitude à adopter, j’ai un leader qui est dans la coalition et je ne prendrai pas de décision sans que lui-même juge de son opportunité. Ce qui nous affecte c’est le manque de sérénité dans la démarche, il faut faire la différence entre les actes économiques et politiques. On est dans une confusion totale sur le dernier plan; et tout cela pose un débat de clarté et de visibilité dans le landerneau politique et sur ce cas précis là, je suis assez libre pour pouvoir dire oui ou non.
Un mot sur le PUDC qui a été confié au Programme des Nations Unies pour le développement pour son exécution, laissant ainsi en rade l’administration. Les agents administratifs ne seraient-ils plus capables d’exécuter de programme ?
Ce n’est pas que l’administration est devenue incapable, mais elle est devenue extrêmement politisée. Et cela est bien dommage. Si le Président décide de confier un programme de 400 milliards au PNUD, il faut remettre en question notre administration et au-delà le choix des ministres. Si j’étais lui au moins 2/3 de ces ministres-là, j’allais les mettre à la porte. On peut compter aujourd’hui le nombre de ministres capables d’exécuter un programme. S’ils viennent à l’Assemblée, on peut compter sur le bout des doigts, parce que l’on sait qui maîtrise son dossier et qui peut accompagner le chef de l’Etat dans le cadre du PSE. Mais d’autres sont incapables d’exécuter un projet capable d’accompagner le Président dans le cadre du programme Sénégal Émergent et cela se reflète sur le travail de l’administration. Et quand on politise l’administration, c’est pour accompagner le Président pour faire du folklore. Mais il faut aussi faire attention à ce débat là, puisque le PNUD travaille depuis un bon bout de temps sur ce programme d’urgence communautaire. Et mêmes si le CONGAD a décrié le choix du Président c’est aussi remettre en cause les ressource humaines dont a besoin le PSE pour développer le Sénégal. S’il juge que le PNUD est plus apte à développer ce programme que nous même Sénégalais, cela remet en cause un pan du PSE qui concerne les ressources humaines sénégalaises capables de porter ce plan.
Le Président devrait se séparer de quels ministres selon vous ?
(Rires) je ne peux pas donner de nom. Mais j’ai fait un plaidoyer pour un forum au Sénégal pendant six mois, et quand le Mali a été au courant il l’a pris et l’a organisé. Un forum qui devait non seulement porter l’empreinte et le leadership du Président mais aussi donner plus de visibilité au Sénégal. Et c’est là que les ministres doivent avoir une capacité d’analyse des enjeux devant eux. Mais ne pas faire le griotisme, mais d’être capable d’absorber les milliards que les partenaires mettent à notre disposition. Le Président a pris de grandes options aussi bien dans l’agriculture que l’éducation, mais c’est peu de ministres qui sont capables d’exécuter le PSE. Et c’est là où le Président a des problèmes. Vous avez un ministre des télécommunications qui ne s’expriment pas, alors que vous avez un enjeu énorme sur les télécommunications. Comment peut-on avoir un ministre qui ne discute pas des enjeux du numérique ou de comment en faire une valeur ajoutée ? Ce débat se pose et à l’heure actuelle, c’est une autre frustration.
Vous avez, dans le cadre de votre rôle de courroie de transmission du Khalife Thierno Madani, effectué une visite chez le Khalife des mourides. Quel était l’objet de cette visite ?
Elle entre dans le cadre du mois béni du ramadan où le Khalife Thierno Madani Tall a jugé utile d’aller visiter le Khalife des mourides, Serigne Sidy Makhtar Mbacké. Et il m’a confié la mission d’aller le rencontrer et de lui transmettre son message et lui montrer que les familles religieuses sont des socles solides au Sénégal. Et dans ce cadre, c’est le Khalife lui-même qui devait se rendre à Touba mais il a eu une contrainte. On a transmis le message au Khalife qui a été sensible, très ému et qui nous a demandé en retour de dire au Khalife qu’il reste ouvert et que le pays reste un pays où l’Islam a un socle solide basé sur les confréries...
source: http://www.dakaractu.com/Depute-Cheikhou-Oumar-Sy-Ismaila-Madior-Fall-est-devenu-un-tailleur-juridique-le-President-devrait-se-debarrasser-d-au_a93293.html