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DECES DE ABOUBACRY KANE Le Sage du Ps s’en est allé

Sénégal  

Aboubacry Kane est mort dans la nuit de vendredi à samedi, à l’âge de 90 ans. Il a été enterré  samedi après midi, au cimetière musulman de Yoff après une levée du corps à l’hôpital Principal, en présence du chef de l’Etat Macky Sall, de parents et amis et de nombreux représentants de la classe politique sénégalaise.    Président du Conseil consultatif des Sages du Parti socialiste jusqu’à son décès, ancien Conseiller territorial avant l’indépendance, Aboubacry Kane fut aussi vice-président de l’Assemblée Nationale du Sénégal. Engagé politiquement en 1948, il avait rejoint le clan de Senghor en étant militant du Bloc démocratique sénégalais (Bds), une formation où il fit la rencontre de Mamadou Dia avec lequel il va nouer de solides rapports. 

 

Ce qui fait dire à Babacar Touré, dans “Aboubacry Kane. Le dernier fils de la Grande Royale”, ouvrage co-écrit  par Hamidou Dia et Youssou Mbargane Guissé  : “Contrairement à une idée distillée par la propagande de l’époque, les camarades du Président Dia partageaient avec ce dernier des convictions fortes, un patriotisme ardent aux antipodes du projet néocolonial de leurs anciens camarades de partis”. C’est ainsi que, a-t-il souligné : “la solidarité sans faille, l’affection nourrie à la sève d’idéaux communs, l’esprit de camaraderie et un nationalisme ombrageux avaient fini de sédimenter le parcours tourmenté de ces militants de l’indépendance”. 

Et c’est pourquoi, Babacar Touré qui avait le privilège de faire parti de ses “neveux préférés”, y magnifie “le militant pétri des valeurs de justice sociale, d’équité et imbu des principes de démocratie et de promotion des libertés et collectives”. Lui “qui se faisait un sang d’encre pour changer la perception du Chef de l’Etat (Abdou Diouf. Ndlr) à propos des médias et d’animateurs du Groupe Sud Communication”. Pour  Babacar Touré,  “le doyen Aboubacry Kane avait très tôt compris que la construction nationale impliquait un processus de déconstruction gouverné par le débat contradictoire, la confrontation des idées et des expériences”.  Et quelle expérience ! Ainsi Babacar Touré de souligner : “Solidement arrimé à ses convictions, il dut subir la répression senghorienne au fil d’une traque sans merci contre ceux que l’on appelait les “diaistes” qu’il fallait écrêter”. 

Dans ce même ouvrage, Jacques Diouf notera que lors des douloureux événements de Décembre 1962 consacrant la rupture entre le président Senghor et le président du Conseil, Mamadou Dia, Aboubacry Kane “ fait le choix , difficile et courageux , de la fidélité et de la loyauté  qui lui valent, ainsi qu‘à sa famille, des années de privation et de souffrance”.     
Il aura connu toutes sortes d’épreuves à cause de ses choix politiques et de sa fidélité, mais sans que cela ne déteigne sur son engagement et sa loyauté envers le Parti socialiste.

Le président Abdou Diouf lui en sera  d’ailleurs gré, en reconnaissant lors de l’hommage qui lui avait été rendu pour ses 88 ans, que  ses choix politiques et ses fidélités assumées lui ont valu beaucoup d’épreuves. Mais précisera l’ancien chef d’Etat, « il savait que c’est le prix à payer pour être en conformité avec lui-même ». Une fidélité avec soi magnifiée aussi par Moustapha Niasse qui relevait dans l’ouvrage coécrit par Hamidou Dia et Mbargane Guissé : “Aujourd’hui encore cet homme est porteur du même idéal à son âge avancé. De ce point de vue je crois, il est plus jeune que beaucoup de jeunes. Il reste militant des droits de l’homme et de la démocratie parce qu’il croit en des convictions solides et il y demeure”. Il ne croyait pas si bien dire dans ce Sénégal de la transhumance politique où certains hommes et certaines femmes ont tendance à changer de boubou ou de pagne politique pour demeurer toujours dans les grâces du nouveau pouvoir qui vient de défaire leur camp. Contrairement à ceux-là, fidèle il l’était.

Ainsi Ousmane Tanor Dieng de relever dans ce même ouvrage: “On passerait à côté de l’homme si l’on n’évoquait pas son abnégation et son engagement militant “. Le doyen Abdoubakry poursuivait-il  “a toujours été socialiste. Il demeure encore aujourd’hui socialiste”. Et cela est d’autant plus remarquable que cette fidélité têtue à un idéal et à un parti s’est poursuivie  comme le souligne Tanor Dieng alors que : “il n’attend plus rien de son militantisme, ni honneur ni bien matériel, lui que l’âge et une santé fragile aurait pu conduire à l’éloignement pour un  repos bien mérité”.

Bien entendu, il lui était difficile de se résoudre à cela lui qui avait la conviction chevillée au corps. La fidélité dont il faisait montre à l’égard de ses convictions et de son parti n’était nullement synonyme de sectarisme. Bien au contraire il arborait l’exclusion et le larbinisme des courtisans. Il soulignait ainsi, selon Babacar Touré, “le destin atypique d’un aristocrate, au sens où l’entendait  Chateaubriand, c’est-à-dire “démocrate par nature, aristocrate par mœurs”, tout le contraire des oligarques s’arcboutant à des privilèges de rang social”. Aboubacry Kane qui s’en allé dans la nuit de vendredi à samedi dernier restera à jamais un exemple, parce que, comme le soulignait Babacar Touré dans l’ouvrage sus-mentionné :”Au moment où les valeurs positives manquent le plus”, il a su sa vie durant son séjour dans cette vallée des larmes, “rester une boussole qui nous permet de naviguer entre les balises et nous repérer en scrutant l’horizon. D’autres horizons”.

Puisse la terre de Yoff lui soi légère.

A sa famille, à ses camarades du Parti Socialiste, à ses amis et parents, Sud préente ses sincères condoléances. 

source: http://www.sudonline.sn/le-sage-du-ps-s-en-est-alle_a_16966.html

 

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