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KINE SOW, DANSEUSE DU GROUPE RAAM DAAN - «Ce qui me lie à Wally et Papa Thione»

L'OBS - Les inconditionnels de Thione et Wally Seck, la reconnaîtront certainement. Elle se nomme kiné Sow et fait partie, depuis trois ans, des danseurs du groupe Raam Daan. Jeune femme au caractère trempé, elle ne fait pas non plus dans la langue de bois. Dans cette interview, elle nous parle de son parcours dans la danse, sa rencontre avec Papa Thione, ses relations avec ses collègues danseuses, son divorce. Sans détours…

On vous reconnaît à travers les prestations du Raam Daan (formation musicale de Thione Seck). Que pouvez-vous nous apprendre de plus sur vous ?

Je m’appelle Kiné Sow. Je suis artiste-danseuse et j’évolue au sein du groupe Raam Daan du chanteur Thione Seck.

 

 Actuellement, je loge à Ouest-Foire mais, je suis née et j’ai grandi à la Gueule Tapée. J’ai aussi fait une partie de mon enfance à Ouakam avant de m’installer à Keur Massar où se trouvent mes parents. Tous les week-ends je rentre là-bas, ce n’est qu’en début de semaine que je reviens ici à Ouest-foire. Puisque je termine généralement le boulot au petit-matin.

 

 

Quel âge avez-vous ?

Je préfère ne pas le dire.

Pourquoi ?

C’est comme ça et c’est tout.

Avez-vous fait des études ?

J’ai étudié jusqu’en classe de quatrième avant de laisser tomber.

Vous n’étiez pas très douée pour les études ?

Non, ce n’est pas le cas. Je me suis résignée à laisser tomber mes études, parce que je devais me marier. Je n’avais pas le choix, car mon époux n’était pas d’accord pour que je les poursuive. Il ne voulait même pas que je travaille.

Etes-vous toujours dans les liens du mariage ?

Je suis divorcée depuis quatre ans, avec des enfants. Je me suis mariée très tôt. Malheureusement, mon ménage n’a duré que cinq années.

Quel âge aviez-vous, lorsqu’on vous a donnée en mariage ?

J’avais une quinzaine d’années.

Etait-ce un mariage arrangé…

Mon époux était un Burkinabé, je le connaissais de vue mais, ce sont les parents qui ont organisé le mariage. J’étais obligée d’accepter car je ne pouvais pas aller à l’encontre de la volonté de ma famille.

Ce facteur n’a t-il pas pesé lors de votre divorce ?

Effectivement, mais je préfère ne pas trop entrer dans les détails.

Qu’avez-vous fait par la suite ?

J’ai commencé à faire du commerce mais, très vite j’ai arrêté car c’était très difficile pour moi de recouvrer mes créanciers. Le Sénégal est ainsi fait, on n’y peut rien. Plutôt que de jeter mon argent par la fenêtre, j’ai préféré arrêter.

A quel moment la passion de la danse est-elle venue à vous ?

J’étais une petite fille lorsque j’ai attrapé le virus de la danse. Je suis née dans un environnement où les griots régnaient en maîtres. A force de les côtoyer, j’ai fini par tomber amoureuse de la danse. En plus de cela, une de mes tantes avait une troupe de danse hindoue. Cela m’a beaucoup influencée à faire de la danse. Je la pratiquais avant même de me marier. Bien entendu, j’ai mis entre parenthèses ma passion pour pouvoir me consacrer à mon ménage.

Dans quelles circonstances avez-vous connu Thione Seck et intégré son groupe ? 

A part une troupe de ballet, je n’avais jamais évolué au sein d’un groupe. J’ai dansé à l’occasion pour Assane Ndiaye, mais sans plus. C’est un jour alors que j’étais allée en boîte pour écouter Thione Seck, qu’il m’a remarquée. J’étais en train de danser sur la piste et il m’a invitée à monter sur le podium. Etant donné que j’étais une inconditionnelle de ses soirées, nous avons fini par sympathiser et il m’a offert une place au sein du Raam Daan. Même si je n’ai pas encore eu l’occasion de voyager à l’international avec eux, je participe à toutes les tournées dans la sous-région et dans le pays. Au début, mon père était un peu réticent à ce que je fasse de la danse mais, après en avoir discuté avec lui, il a compris que c’était ma passion et il a prié pour moi. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu de me permettre de pouvoir gagner dignement ma vie. Malgré les aléas, je réussis à joindre les deux bouts.

Vous ne comptez pas de vieux jours dans la danse et pourtant vous avez l’air trop âgée pour en faire. De plus en plus, on voit vos collègues se reconvertir dans d’autres domaines ?

Mon âge peut me permettre de danser encore bien des années. Certains me donnent plus que mon âge. Mon mariage, les maternités jouent beaucoup en ce sens. Mais je suis jeune.

En dehors des relations d’employée et de patron qui vous lient à Thione Seck et à son fils Wally Seck, êtes-vous proche d’eux ?

Thione Seck me considère comme sa fille et Wally comme sa sœur. Nos relations sont naturelles et sincères.

D’aucuns disent que vous êtes extravagante et vulgaire ?

Non, c’est trop dire. Je peux accepter que je m’habille d’une manière assez singulière, mais il faut savoir que c’est le métier qui veut ça. Lorsqu’on est sur scène, il faut qu’on nous remarque. Un artiste doit avoir de la présence sur scène. Donc ce ne sont que les circonstances qui font que je m’habille de la sorte. Maintenant, en dehors du podium, je m’habille comme tout le monde, décemment. Jamais on ne m’a vue arborer une tenue indécente. Cela va à l’encontre de mes principes.

Que pensez-vous des danseuses qui montrent leur intimité en dansant ?

C’est une chose que je déplore sincèrement. Heureusement que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Certaines danseuses pensent qu’elles ne peuvent se faire un nom qu’en montrant leur intimité. Une femme doit se respecter avant de prétendre au respect des autres. Le milieu de la danse est tel, qu’il faut savoir où mettre ses pieds pour pouvoir aller loin.

Quel genre de relations entretenez-vous avec les autres danseuses ?

J’entretiens des relations cordiales avec mes collègues danseuses, même si je ne les fréquente pas et vice-versa. Lorsqu’on se rencontre, on se salue et chacun fait son chemin.

Vos collègues et vous, êtes souvent taxées de filles aux mœurs légères. Qu’en pensez-vous ?

Je suis très effacée, c’est dans ma nature. J’ai été éduquée ainsi. Certains vont jusqu’à dire que je suis impolie, alors que ce n’est pas le cas. Je suis tout simplement fière, j’ai horreur d’être prise pour une femme facile. Il y a des gens qui dès qu’ils savent que vous êtes danseuse, ils pensent pouvoir vous mettre facilement dans leur lit. Mais, l’apparence est souvent trompeuse… Toutes celles qui évoluent dans la danse ne sont pas de mauvaises filles. La danse est un métier noble comme tout autre. Maintenant, les tentations, les vices, les travers, il y en a à la pelle dans ce milieu. Il suffit d’un peu pour céder…

Avez-vous déjà cédé à la tentation ?

Heureusement que j’ai assez de maturité pour pouvoir comprendre certaines choses. Je peux affirmer haut et fort qu’aucun homme n’ose dire qu’il m’a connue en boîte et a entretenu avec moi des relations charnelles. Lorsque j’ai commencé à danser pour papa Thione, il m’a inculqué des valeurs que je ne suis pas prête d’oublier. Il m’a confié des paroles qui m’ont fait prendre conscience de qui je suis. Il est ma force et si je ne dévie pas du droit chemin, c’est grâce à lui.

Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans votre carrière de danseuse, jusqu’ici ?

C’est le jour où Wally Seck m’a fait appeler et m’a donné un mouton et beaucoup d’argent. C’était au tout début de notre collaboration. Je n’oublierai jamais son geste qui m’a énormément touchée. Jamais au plus grand jamais, on ne m’avait fait un cadeau pareil.

Ce que vous regrettez le plus ?

Il y en a à la pelle. Mais ce qui m’a le plus fait mal, c’est lorsqu’on m’a insultée de mère. C’était au Peenc-mi (boîte de nuit). Je passais mon chemin quand un monsieur m’a accrochée et m’a traitée de tous les noms d’oiseaux. Je n’ai pu m’empêcher de lui demander pourquoi une telle animosité à mon encontre. Par la suite, les videurs sont intervenus pour nous séparer.

Pensez-vous vous remarier ?

Bien entendu, j’attends juste de trouver mon prince charmant. Lors de mon premier mariage, je n’avais pas assez de maturité pour pouvoir faire face aux réalités de la vie de couple. S’il m’était donné de me remarier, je saurais comment faire pour stabiliser mon ménage.

Y a-t-il quelqu’un dans votre vie ?

Non, je suis une grande célibataire. J’attends de trouver l’homme idéal, quelqu’un de pieux, généreux et compréhensif. Il y a beaucoup d’hommes qui me courtisent, mais je n’ai pas encore trouvé le bon.

Si vous deviez vous remarier, alliez-vous laissez tomber la danse ?

Sans hésiter. La danse et le mariage ne sont pas compatibles. A moins de trouver un homme assez souple d’esprit pour accepter toutes les conditions qu’il y a autour de la danse, les horaires, les mauvaises influences…

Si vous aviez un message à faire passer, lequel serait-il?

Ce serait un message à l’endroit de mes collègues danseuses. Je leur demande d’être plus sincères, moins hypocrites. J’entends souvent dire que je suis effrontée, mais je n’en fais pas cas. L’essentiel, c’est que personne ne peut m’empêcher d’arriver là où je dois arriver et vice-versa. Chacun a son propre destin…

MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

source: http://www.gfm.sn/actualites/item/10272-kine-sow-danseuse-du-groupe-raam-daan-ce-qui-me-lie-a-wally-et-papa-thione.html

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