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Maty trois pommes - «Avant ma détention, j’étais une Star, maintenant je suis une Superstar»

France

L’OBS-People Elle ne vous prend pas au collet mais au culot ! Foulard bien noué sur la tête, sangle autour des reins, elle donne l’air d’être prête pour le combat. Sauf que c’est un combat verbal, avec des mots «mêlés» tout à son image. C’est une énigmatique Mame Maty Fall, alias Maty trois pommes, haut perchée sur ses talons compensés qui fait face au prétoire de L’Obs après son bref séjour carcéral. Accusée, levez-vous…

Quel est l’état d’esprit de Maty 3 pommes, quelques jours après son séjour carcéral ?

Très sincèrement, mon état d’esprit est resté le même. Je suis toujours la Maty entreprenante, combative, très sereine. D’ailleurs, depuis ma sortie de prison, cela me surprend d’entendre les uns et les autres se morfondre sur mon sort. C’est bizarre pour moi et je me demande pourquoi ces réactions. Mais tout de même, je comprends que le fait que je sois placée sous mandat de dépôt soit énorme aux yeux du public. Toutefois, je vous assure que l’un des meilleurs moments que j’ai passés au Sénégal depuis mon retour au mois de janvier dernier, c’était au Camp pénal (prison pour femme). Je peux vous l’assurer et vous le jurer. Je n’ai pas versé une seule larme.

Comment cela se fait-il ?

Permettez-moi de faire un clin d’œil aux superbes femmes qui y sont détenues. Je les remercie énormément de leur soutien moral, les gardes pénitentiaires ne sont pas non plus en reste. Le soir au moment de me coucher, il y avait l’une d’elle, Aïssatou, qui s’occupait de border mon lit. Paulina, une Sud-africaine se chargeait de me puiser de l’eau pour mon bain. J’ai eu de moments de fou rire avec beaucoup d’entre elles, partagé des séances de lido (jeu de société). J’ai même partagé des repas avec Aïda Ndiongue et nous avons discuté longuement. Je suis allée jusqu’à me dire que ce sont nos familles restées dehors qui sont les plus à plaindre dans cette histoire. Ils se font du mouron pour rien. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités pour leur demander de penser à ces femmes qui font plusieurs années en détention sans être jugées. C’est une situation assez pénible à surmonter.

En aucun cas, vous ne vous êtes sentie triste ? 

Honnêtement non ! Lorsque je prenais la décision de revenir au Sénégal pour reprendre ma carrière en main, je m’étais préparée psychologiquement. Je savais que cela n’allait pas être facile et autant dire que je m’attendais à tout. Au moment où je vous parle, je suis consciente qu’il y a d’autres épreuves qui m’attendent. Ici au Sénégal, c’est facile d’entrer en prison et cela te donne une grosse promotion. Je n’ai pas vendu de la drogue, on ne m’a pas surprise avec un homme ou avec un joint dans la main. J’ai été en prison, à cause d’un événement que j’ai eu l’initiative d’organiser. Je ne suis pas la seule à avoir été dans ce cas. Beaucoup de gens qui sont dans l’événementiel sont endettés jusqu’au cou. C’est pourquoi, beaucoup n’ont pas compris pourquoi cette affaire sensée être civile s’est emballée de la sorte. C’est un prêt et il n’y a pas eu délit. On a essayé de me casser, mais malheureusement pour eux, ils n’y sont pas arrivés. C’est loin d’être une réaction d’orgueil, mais mon séjour carcéral s’est très bien passé et après ma sortie, les Sénégalais n’ont de cesse de me témoigner de leur affection et de leur soutien. Avant ma détention, j’étais une star, maintenant, je suis une superstar.Je ne mesurais pas assez mon poids au Sénégal, dorénavant je sais ce que je vaux et ce que je représente aux yeux des Sénégalais. Même les gendarmes m’ont montré combien ils m’aimaient, sans faillir à leurs obligations. Du matin au soir, certains citoyens sont venus de la lointaine banlieue pour venir me voir au tribunal. C’est quelque chose d’énorme et il a fallu que je vive cette épreuve pour m’en rendre compte. J’ai beaucoup plus confiance en moi et cela grâce aux Sénégalais. Le seul choc que j’ai eu dans cette histoire, c’est lorsqu’on m’a annoncé mon placement sous mandat de dépôt, le lundi. Il était question qu’il y ait une médiation pénale, au bout du compte, j’ai été placée sous mandat de dépôt. Le temps que je prenne conscience de ce qui m’arrivait, je suis très vite passée à autre chose. J’ai pris la route du camp pénal à bord du fourgon avec d’autres détenues. Tout au long, j’étais en train d’écouter du P. Square (groupe nigérian) et de chantonner. Je discutais aussi de mon émission avec une garde pénitentiaire. A mon arrivée vers 21 heures, il y avait ma sœur qui m’entendait avec du ‘’dibi’’ bien chaud (viande grillée au feu de bois). On m’a mise dans la chambre 3 où il y a beaucoup plus de détenues. J’ai salué tout le monde et j’ai vu dans ce lot de femmes, Nabou Osé (styliste). Elle est venue vers moi et nous avons discuté, jusqu’aux environs d’1 heure du matin. Je me suis couchée par la suite et le lendemain, on m’a changé de chambre.

«Mon émission dérange. On a cassé Tange et c’était à mon tour»

Pouvez-vous revenir sur ces faits qui ont précipité votre chute à la MAF (Maison d’arrêt pour femmes) du Camp pénal ?

Depuis 2008, je me suis lancée dans l’événementiel, j’ai eu 2 réussites et 2 échecs. Pour cette fois-ci, j’ai organisé un événement à Dubaï, dans un contexte très difficile. J’ai emmené avec moi deux chaînes de télé concurrentes (TFM et SEN TV), cela a été une erreur. Il y a des choses qui se sont passées, mais je préfère les taire. Mon objectif était de les rapprocher, mais ce n’était pas possible. Par rapport à l’artiste que j’ai choisi pour animer la soirée, Pape Diouf, beaucoup n’étaient pas pour. J’ai eu beaucoup de coups bas après.

Certains ne voulaient pas que ce soit le chanteur Pape Diouf qui anime la soirée. Pourquoi donc, alors que c’est un artiste talentueux, au top de sa carrière ?

Beaucoup ont œuvré de part et d’autre, pour que cela ne soit pas une réussite avec Pape Diouf. Beaucoup de choses se sont passées et cela a été un échec financier. Mais dans la vie, il faut assumer. Pape Diouf est un ami et je ne regrette pas de l’avoir choisi. Lors de mon premier événement, c’était avec lui et j’avais réussi à gagner de l’argent. Lorsque nous sommes rentrées de Dubaï, mon associée Ndèye Awa Diop et moi, n’avons  pas pu honorer mes engagements vis-à-vis de la compagnie Transair, qui a fourni les billets d’avion pour le transport des personnes qui participaient à l’événement. J’ai remué ciel et terre pour trouver de l’argent, mais c’était difficile. Entre temps, la plainte est arrivée. La grande question c’est pourquoi mon associée n’a pas été inquiétée. Au niveau de la Gendarmerie, normalement, on ne devait pas relâcher certaines personnes. Il y a eu beaucoup de zones d’ombre. C’est à ce moment-là que je me suis dit qu’on me préparait un sal coup.Mais Ndèye Awa restera néanmoins ma sœur. C’est une talibé Niassène comme moi, elle est issue d’une bonne famille et a des parents merveilleux. Je comprends qu’elle ait eu peur et qu’elle ait essayé de sauver sa peau, lors de son audition, mais elle n’est pas une mauvaise personne. Toutefois, dans la vie, quoi qu’il arrive, il faut toujours assumer et garder la tête haute. Je suis sûre que des gens lui ont dit que j’ai gagné de l’argent sur son dos dans cette affaire, mais elle finira par se rende compte de son erreur et elle aura peut-être des remords. Pour le moment, je préfère la laisser réfléchir, qu’elle pèse le pour et le contre. Au Sénégal, les valeurs ont changé, les gens sont devenus méchants. Je suis dans un milieu, celui du showbiz où il y a des coups bas. Il s’y passe des choses dégueulasses, il y a la guerre des télés et mon émission dérange. On a cassé Tange Tandian (son ex co-animateur), c’était à mon tour. Il en savait beaucoup dans ce milieu, le moment venu, il fera des révélations.

Vous insinuez que ce sont des gens du show-bizz qui sont derrière votre emprisonnement ? 

Il y a pleins de choses que je ne peux pas dire par rapport à mon émission…

Mais vous n’êtes pas la seule animatrice à faire du people dans le paysage médiatique…

Je fais la télé depuis pas mal d’années et auparavant, j’ai fait de la radio, donc, je sais bien de quoi je parle. Mon émission est la première à traiter d’actualités people de cette manière.

Dans votre émission, vous ne faites que reprendre des faits que les sites Internet, les quotidiens ou les magazines ont déjà traités…

Cela n’empêche pas que nous soyons quand-même menacés. Mon émission dérange énormément de personnes. La télé, les magazines, les journaux et autres, ne sont pas le même médium. La télé est toujours un mythe au Sénégal, elle est très puissante. J’ai révolutionné la manière de faire du people sous nos cieux. A la 2STV déjà avec Boubacar Bâ, nous avons innové avec «Show tout chaud», les gens pensaient que je n’allais pas rebondir avec une autre émission. Je suis revenue avec «100% people» et j’ai bouleversé le paysage médiatique avec la Sen Tv. Personne ne peut m’enlever cela.

Vous dérangez qui, soyez précise ?

Il y a des choses que je ne dirais pas.

Est-ce que ce n’est pas trop prétentieux de votre part de prétendre que votre émission dérange et d’insinuer que c’est à cause de cela que vous vous êtes retrouvée en détention ?

Je ne suis pas la seule animatrice, mais avec «Show tout chaud», j’ai été numéro un pendant deux ans. En 1997, j’étais déjà une star avec Boubacar Diallo et feu Jules Junior. Je sais que j’ai marqué beaucoup de gens et que grâce à moi, certains ont attrapé le virus de la radio ou de la télévision. Sur le plan médiatique au Sénégal, je suis une personnalité.

De là à dire que vous dérangez ?

Oui, même des artistes me demandaient de faire attention à moi, tout comme des Sénégalais anonymes.

«Comment Youssou Ndour est intervenu dans cette affaire»

Maintenant que vous avez recouvré la liberté dans cette affaire, allez-vous vous acquitter de votre dette ?

Je vais payer jusqu’au dernier centime. Je vais négocier un délai avec la société en question via nos avocats.

Avez-vous des ressources nécessaires pour éponger votre dette ?

En 72 heures, j’ai pu réunir 7 millions, des gens m’ont aidée et je les remercie. Pour le reste, je suis optimiste.

Quel est votre avenir dans l’animation télé ?

J’ai beaucoup de propositions en ce moment et j’ai aussi des concepts à développer, mais je préfère faire une pause. J’ai encore beaucoup de choses à faire dans les médias sénégalais, ce sera à temps voulu.

Après la 2STV, la SEN TV, la TFM sera t-elle votre prochain point de chute ?

Vous verrez. Franchement, je n’ai pas encore eu de contact avec la TFM et je profite de cette occasion pour remercier Youssou Ndour. J’ai appris qu’il est intervenu dans cette affaire en appelant la partie plaignante, et cela m’a beaucoup touchée. J’irai le voir pour le remercier de vive voix, mais que les gens n’interprètent pas cela comme si j’allais pour quémander du travail ou de l’argent pour payer ce que je dois. Je ne suis pas une arriviste ou une opportuniste. Je vais éponger ma dette avec l’aide de ma famille.

Qu’est-ce qui a motivé votre départ de la SEN TV ?

Je ne vais pas répondre à cette question ? Retenez que j’observe une pause et je vais en profiter pour relooker mon émission. Que les Sénégalais m’attendent, car ça va déménager…

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

SOURCE:http://www.gfm.sn/avant-ma-detention-jetais-une-star-maintenant-je-suis-une-superstar/

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