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Les secrets d’un «Boy Médina» du Macky
L’OBS – A 59 ans, Papa Abdoulaye Seck, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural qui passe aux yeux de certains comme un frimeur est l’un des plus diplômés de l’attelage gouvernemental sénégalais. Mais, il a d’autres facettes cachées …
Il y a toujours un tic chez un chercheur. Le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural Dr Papa Abdoulaye Seck ne fait pas exception à cette règle-là. Son tic est un hic : avant de parler, il inspire un coup, marque un temps d’arrêt et se met ensuite à débiter ses propos de façon articulée. Et là, les mots craquellent à son énoncé. Chez lui, ce tic ne le quitte jamais. Aujourd’hui, il range sa parole pour se frotter les mains, après une campagne de commercialisation arachidière «réussie».
C’était il y a deux semaines, à Wack Ngouna (Kaolack) devant les acteurs du monde rural et un parterre de journalistes, le ministre démontre avec chiffre à l’appui que la campagne de commercialisation arachidière est un succès, les acteurs du monde rural acquiescent et applaudissent à tout rompre. Puis, il y a trois jours, il a réussi grâce à un plaidoyer «agressif» à convaincre les partenaires techniques et financiers. L’Union européenne à travers le 11e Fonds européen de développement décaisse 73 milliards de FCfa pour le développement du secteur agricole. N’en jetez plus ! Malgré les cris d’orfraie de quelques contempteurs qui veulent lui faire la peau. A l’image de cet ingénieur agronome, Mamadou Ndiaye qui a publié une tribune au vitriol dans Walf Quotidien du mercredi 23 juillet pour l’accuser de «plus verser dans le verbiage langoureux que dans les actions concrètes». Mais, le ministre qui ne manque pas d’ennemis laisse aboyer la «meute» et la caravane passe, sans perdre la face. Par contre, le Conseil national des cadres ruraux (Cncr) par la voix de Samba Guèye, qui n’est pas du genre à manier la langue de bois dit sans formalisme : «Le ministre est un partenaire et c’est un bon partenaire. C’est l’un des nôtres et il connaît bien le secteur. La campagne arachidière de cette année est plus proche de la réussite qu’autre chose», certifie l’homme, connu pour son franc-parler et sa faconde légendaire.
Ce jour-là, assis dans son cocon bureau XXL sis au 3e étage du building administratif, le ministre de L’Agriculture emmitouflé dans un boubou traditionnel vert olive calfeutré dans son fauteuil noir tente de garder le cap. «Accepter d’être dans un gouvernement, c’est accepter que les gens parlent de vous en bien ou en mal. L’essentiel, c’est d’être quitte avec sa conscience et de se rappeler en permanence que servir et bien servir son pays n’a pas de prix», souffle-t-il d’une voix rauque. Sur son visage où trône une barbe en O, gagné par une calvitie menaçante qui dégarnit son cuir chevelu. Papa Abdoulaye Seck qui marche à pas forcés vers la soixantaine n’entend pas déroger d’un iota de sa ligne de conduite. «Chaque jour est un combat, chaque jour il faut faire plus, je suis pour un progrès continu et je suis optimiste, parce que je pense que seul le travail paie et le meilleur sponsor dans la vie c’est l’excellence. Quand on est dans l’excellence avec la grâce de Dieu, la probabilité de réussite est élevée», embraie-t-il.
Un profil de «crack», rigoureux à l’excès, selon ses anciens collaborateurs…
Lui devenu ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural en septembre 2013 a tracé sa vie en cultivant l’excellence. Puis reconduit en 2014 au même poste quand d’autres ont cédé le leur. On fait mine ou feint d’oublier qu’il s’est échappé du populeux quartier de la Médina à Dakar. En ce temps-là, l’école Médina (A) devenu entre-temps Alassane Ndiaye Allou, du nom du défunt talentueux enseignant journaliste reçoit les potaches du coin. Papa Abdoulaye Seck apprend le B-A-BA de l’alphabet, mais ne se familiarise pas avec. Car au bout de deux ans, il quitte le Sénégal pour rejoindre son père diplomate de carrière en poste en Yougoslavie. Il revient plus tard pour se préparer à l’Entrée en sixième. Il passe l’étape et se retrouve au Lycée Blaise Diagne inoculé des valeurs de gauche, où il décroche son Bac série C. Suivi d’une panoplie de parchemins : Diplôme de l’Institut des Hautes Etudes Commerciales de Bruxelles (IChec) Option informatique, Brevet en Economie de Développement (Hautes Etudes commerciales de Bruxelles), Diplôme de 3e cycle de la Faculté d’agronomie de Louvain/Belgique- Option agroéconomie et un doctorat en analyse et politiques économiques agricoles à l’école nationale d’agronomie de Dijon (France). L’on peut rajouter que cet spécialiste en politiques et stratégies agricoles est membre titulaire de la section sciences agricoles de trois académies : Académie nationale des sciences du Sénégal, Académie africaine des sciences, académie mondiale des sciences…
Après les bancs de l’université, il se retrouve chercheur-stagiaire à l’âge de 26 ans. Il gravit les échelons et se retrouve Directeur général de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra) de 2000 à 2006. «Il nous a laissé le souvenir d’un homme très organisé, bien au fait des problèmes de l’agriculture et du secteur agricole. C’est un homme d’une grande sensibilité, mais qui est absolument rigoureux. Certains qui avaient du mal à finir leur dossier n’aimaient pas sa démarche, mais il savait récompenser ceux qui travaillent», témoigne un haut cadre d’un centre agricole réputé.
«Macky m’a convaincu de revenir travailler au pays»
Ce début de carrière repose sur une tête bien pleine, bien faite. Mais dénuée de l’arrogance classique des élites autoproclamées. Papa Abdoulaye Seck qui a le nez plongé dans le guidon à l’Isra décide de s’ouvrir à d’autres horizons en 2006. Il participe à un concours international très sélect où le candidat choisi se charge de diriger AfricaRice, un des quinze centres internationaux de recherches agricoles du monde. Le délibéré dure plus d’un an et au bout d’un haletant suspense, Papa Abdoulaye Seck hérite du très convoité fauteuil de Directeur général basé en Côte d’Ivoire, puis à Cotonou au bénin avec les dégâts de la crise au pays de la Lagune Ebrié. Papa Abdoulaye Seck a connu à l’époque Macky Sall, alors ministre des Mines. Les deux hommes se revoient à plusieurs reprises. Puis quand Macky Sall stationne à la Primature, Papa Laye comme l’appellent ses proches devient conseiller de Macky. Les deux hommes se lient d’amitié ? «Je travaille avec plaisir avec le Président de la République, c’est un homme qui est attentif, ce n’est pas le chef, je connais tout et ça c’est très important», juge-t-il. Le contraire aurait étonné. Mais le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural sait rendre à son pays ce qu’il lui a donné. Il ne se fait pas de sang d’encre, quand le chef de l’Etat Macky lui demande de revenir au bercail, de laisser ses juteux avantages et un salaire «international» pour mettre la main à la pâte Yokkuté. Papa Abdoulaye Seck a sauté dans le premier avion à destination de Dakar sans la moindre once de regret. «Entre choisir de servir son pays à ce niveau et gagner des millions de FCfa dans une institution, je choisis de servir mon pays, cela n’a pas de prix», lâche-t-il.
Dans certains milieux, certains le qualifient de frimeur lui servant du «Seck Ndananne», de suffisant, de rigoureux à l’excès, lui tente de policer la caricature. «Je ne pense pas que ces gens-là me connaissent, le fait d’être rigoureux, ce n’est pas un défaut, c’est une qualité. Dans la vie, on ne peut pas réussir de grandes choses en se laissant aller. On doit faire la différence entre rigueur, suffisance et méchanceté. Je ne pense pas être un homme suffisant, mais je suis un homme rigoureux», philosophe-t-il énigmatique.
«Il jouait latéral droit à l’Asc les Damels, coéquipier de Abdoulaye Bâ ancien capitaine du Jaraaf»
Pourtant, l’homme n’a toujours pas baigné dans la réflexion, Papa Abdoulaye Seck a eu ses moments d’insouciance. En vrai Boy Médina, il a fait les quatre cent coups à la Rue 23. Sans fatras de démesure ni fracas d’impertinence. Plutôt, Papa Abdoulaye Seck a taquiné du ballon dans l’équipe fanion de l’Asc Les Damels où il a joué avec Abdoulaye Bâ, ancien capitaine du Jaraaf, plusieurs fois international. Quand Abdoulaye Bâ ratissait large, lui Papa Abdoulaye Seck était un latéral droit à la «Cafu» qui aimait dévorer les espaces pour créer le surnombre. «J’étais un latéral droit offensif, c’est pourquoi il m’arrivait de jouer milieu de terrain», avise-t-il. Son coéquipier le plus côté au marché boursier du football reste Christophe Sagna avec lequel il a joué dans le team du Lycée Blaise Diagne. A l’époque, le garçon supporter dans l’âme de la JA avait un miroir en l’occurrence Malick Sy Souris, capable à lui seul de percer une muraille défensive. Pourquoi l’ancien Président de la Fédé de foot est l’idole ? «Je n’ai pas beaucoup vu jouer Souris, mais ce que je retiens de lui, c’est son intelligence du jeu et ce qui était impressionnant, c’est qu’il alliait Sport et Etudes», reconnaît-il. Sans se démonter…lui le Boy Medina.
«Ecouter le morceau ‘’Médina’’ de Youssou Ndour suffit à mon plaisir»
Medina, coin populeux réputé flambeur où ces jeunes sont crayonnés comme des férus de strass et paillettes, le jeune Papa Abdoulaye Seck s’y est vite casé et il n’est pas allé loin pour trouver chaussure à son pied. Le bonhomme qui fêtait à peine ses 30 ans toque à la porte de son directeur d’école pour demander la main de sa fille. Depuis lors, le couple tient bon, malgré les vagues, les tempêtes. Un secret de longévité que dévoile le ministre sans avoir l’air d’y toucher. Il dit : «Je suis un homme attachant, j’aime beaucoup ma famille au sens très large, j’aime aussi mes amis de toujours.» Si le boulot ne lui bouffe pas son temps, il passe son temps à regarder des matches de football, le ministre est nostalgique de la grande épopée des Verts de Saint-Etienne. Il aime aussi trouver sa source d’inspiration à travers la musique de Ndiaga Mbaye, mais surtout l’enfant de la Medina comme lui, Youssou Ndour. «Ecouter le morceau, ‘’Médina’’ de Youssou Ndour suffit à mon bonheur», avoue-t-il.
Malgré son agenda surbooké, le ministre de l’Agriculture a horreur des espaces perdus. C’est pourquoi, il reconnaît sans ambages lire beaucoup. Le dernier bouquin qu’il a lu s’intitule : «N’ayons pas peur de la science» de Catherine Brechignac, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences de France. Ouais, il faut aussi noter que Papa Abdoulaye Seck est un agriculteur qui a son champ à Djiender où il cultive des carottes et autres légumes. Lui va avec un viatique qui le suit partout : «Rien de sérieux n’est facile.» Ces éternels amis de la Médina saluent son profond attachement à ses parents, surtout à sa maman… Avec ces costumes avec pochette, Papa Abdoulaye Seck passe-t-il pour un BcBg bling bling ? Le ministre sérieux jusqu’au sinistre freine. Là, il ne badine plus…il respire un coup, mais se tait par la suite.
MOR TALLA GAYE
source :http://www.gfm.sn/les-secrets-dun-boy-medina-du-macky/