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«Sans papiers, j’ai été exploitée, insultée, humiliée, traitée de sale Négresse en Espagne»

Sénégal

L’OBS-People Elle, c’est l’une des ambassadrices de la Beauté sénégalaise dans la diaspora. Elle se nomme Aïcha Bâ et c’est la nouvelle Miss Sénégal Espagne où elle vit depuis 5 ans. Mannequin et actrice, elle a réussi à se construire une notoriété au pays de Don Quichote, où on la surnomme «la niña de Rajoy». Mais, la vie n’a pas toujours été tendre avec elle. De l’infortune, elle s’est hissée vers la gloire. Face à L’Obs, elle rouvre les chapitres de sa vie à Barcelone…

 

Aïcha Bâ, Miss Sénégal Espagne 2014, est une actrice et mannequin. Parlez-nous de vous ?

 

 

Je m’appelle Aïssatou Bâ, mais on me connaît plus sous le nom d’Aïcha. J’ai 26 ans et cela fait 5 ans que je vis à Barcelone (Espagne). Je suis née à Kaffrine, mais j’ai grandi à Dakar. Mon père est Peulh et ma mère Sérère. Récemment, j’ai été élue Miss Sénégal Espagne. Je suis mannequin et actrice en même temps.

Racontez-nous votre enfance ?

J’ai eu une enfance plutôt joyeuse, entourée de parents aimants. Seulement, c’est à cette période que j’ai vécu un drame, qui m’a énormément marqué. J’ai perdu mon père à l’âge de 11 ans. Il était diabétique et couvait d’autres maladies qui ont fini par l’emporter. Je n’étais encore qu’une enfant, mais je garde néanmoins des brides de souvenirs très douloureux de cette époque. Après, il fallait bien continuer à vivre, j’ai poursuivi mon cursus scolaire normal. J’ai étudié jusqu’en classe de Terminale. Malheureusement, après deux tentatives, je n’ai pas réussi à décrocher le Baccalauréat. J’étais une bonne élève avec de bonnes notes, mais cela n’a pas marché. C’est ainsi que je me suis mise dans l’idée d’émigrer en Europe. Je suis allée en France, chez ma grande sœur. J’avais un séjour d’un mois, mais j’ai décidé de rester malgré tout. J’étais donc en situation irrégulière et j’avais peur de sortir. Au bout de 6 mois, je me suis rendue compte que j’avais une vie de recluse et j’ai décidé d’aller voir du côté de l’Espagne. J’avais entendu dire qu’au bout de 3 ans, avec un contrat de travail, on pouvait avoir des papiers. C’était une aubaine pour moi et j’ai décidé de tenter ma chance.

Aviez-vous de la famille là-bas ? 

Non, je connaissais juste un ami avec qui je correspondais sur Facebook. Je lui ai demandé si je pouvais rester quelque temps chez lui, il a accepté. Il m’a recueillie dans son appartement qu’il partageait avec sa copine espagnole, en contrepartie d’un petit loyer. La cohabitation n’a pas toujours été facile, nous n’avions pas le même tempérament. Au début, c’était assez difficile et j’ai beaucoup souffert. J’ai vécu des situations très laborieuses, j’avais du mal à assurer ma survie. Sans papiers, j’ai été exploitée par des employeurs qui profitaient bien de ma situation. Je gardais des enfants, parfois je faisais la vaisselle dans des restaurants pendant toute la nuit. Le matin, je nettoyais les bureaux. Il m’arrivait aussi de faire le tour des plages pour tresser les Blanches comme beaucoup de Sénégalaises le font. Les Sénégalais, eux, revendaient des sacs de contrefaçon toujours sur les plages. Une fois, j’ai été menacée et humiliée par les Forces de l’ordre. Ils nous interdisaient d’ennuyer les touristes sur la plage, mais nous n’avions pas le choix. Nous étions là, avec nos photos à importuner les Blanches pour leur montrer les modèles de tresses, histoire de les convaincre. Quelquefois, c’étaient elles-mêmes qui nous insultaient et nous envoyaient balader, en nous traitant de sales Négresses. Je rentrais alors bredouille, après une journée passée à chercher des clientes, sans rien à me mettre sous la dent. Le lendemain, je retournais tenter ma chance, je n’avais pas le choix. C’était mieux que de me vendre, de voler ou de tendre la main. Bon nombre de Sénégalais sont dans cette situation à l’étranger, ils galèrent et triment sang et eau pour s’en sortir. J’en ai côtoyé pas mal, parce que nous vivions pratiquement tous dans le même quartier. J’ai même habité avec certains en colocation. Nous louions une grande maison et chacun avait sa chambre et nous nous cotisions pour préparer à manger. A un moment donné de ma vie, j’en ai eu par-dessus la tête et j’ai voulu retourner en France. Un ami français à moi est venu en vacances en Espagne, en voiture et lorsqu’il rentrait, je lui ai demandé de m’emmener avec lui. Arrivée à la frontière entre l’Espagne et la France, nous avons été contrôlés. On m’a demandé ma carte de résidence et puisque je n’avais que mon passeport, j’ai été retenue à la frontière pendant 24 heures, dans un poste de police. Je n’ai pas été enfermée, mais le fait de rester seule, sans soutien, m’a complètement abattue. Mon ami était obligé de s’en aller et de me laisser à mon propre sort. Ce n’est que le lendemain que j’ai pu regagner Barcelone. J’en profite pour lancer un appel à nos mamans qui ont des filles qui vivent dans des situations semblables. Qu’elles ne poussent pas leurs enfants à faire des conneries pour les contenter. Comment peut-on demander à sa fille qui se bat pour survivre dans des conditions difficiles de vous envoyer de l’argent ? Certaines, pour ne pas frustrer leurs mères, versent dans du n’importe quoi.

«Je défilais sans être payée»

Quand est-ce que vous avez concrètement commencé à voir le bout du tunnel ?

Au bout de deux ans, lorsque j’ai réalisé que j’étais tout près d’avoir des papiers réguliers. Je continuais à enchaîner de petits boulots, même si je n’étais pas bien payée, l’essentiel pour moi était d’avoir des contrats. Le mannequinat était ma passion de toujours. Depuis ma tendre enfance, je m’y suis lancée. Malheureusement là non plus, ce n’était pas évident. Je participais aux castings, mais on ne me prenait jamais à cause de ma couleur de peau. Les Espagnols n’ont pas l’habitude de travailler avec les mannequins noirs. Malgré tout, j’ai persévéré. J’ai fini par supplier les stylistes de me laisser défiler, même si je ne suis pas payée, ils ont accepté. Par la suite, après plusieurs défilés, ils se sont, eux-mêmes, rendus compte de mon potentiel et m’appelaient à chaque occasion. Ils m’ont donné la chance de montrer mon talent. Après 3 ans, j’ai pu régulariser ma situation et gagner un petit cachet. Au fil du temps, ça a augmenté et j’ai intégré une agence. En même temps, j’ai suivi une formation en Comptabilité et Gestion financière et j’ai eu mon BTS. J’ai également appris l’Anglais. Maintenant, je peux circuler librement et les employeurs ne peuvent plus me berner. Je négocie farouchement mes contrats. D’ailleurs, je me suis professionnalisée en prenant des cours de mannequinat dans une très grande école, pendant 1 an.

Maintenant que tout cela est derrière vous, avez-vous réussi à vous imposer dans le milieu du mannequinat en Espagne ?

Effectivement ! Je défile pas mal et je n’ai jamais pensé que je pourrais travailler, un jour, avec de grandes marques de l’industrie de la mode.

Comme qui ?

Gucci, Salvatore Feragamo, Escara, Lili Chotti. Mais ce dont j’étais le plus fier, c’est d’avoir défilé pour les plus grands stylistes spécialistes de robes de mariées, comme Rosa Clara. J’ai participé au plus grand podium de mode en Espagne (Gaudi novias). Tous les mannequins en rêvent et j’étais la seule Noire à l’avoir fait. C’était une très grande fierté et je rends grâce à Dieu d’avoir pu en arriver-là.

Vous êtes aussi connue comme actrice-comédienne, comment est-ce que cela est arrivé ?

C’est arrivé au moment où je m’y attendais le moins. Un acteur très célèbre en Espagne, Pedro Ruis, avait besoin d’une fille pour interpréter un rôle dans son spectacle. Au départ, il cherchait une fille Blanche et il est venu dans mon agence pour faire un casting. J’étais intéressée par le rôle, mais puisque je ne correspondais pas aux critères, je ne voulais pas me faire de faux espoirs. J’allais m’en aller, pendant que les autres filles attendaient. A l’entrée, je l’ai croisé avec la directrice et aussitôt, il lui a demandé qui j’étais. La directrice a répondu que j’étais mannequin et nous a présentés. Pedro a demandé à ce que je fasse le casting et m’a remis un CD où il y avait un film sur le rôle que l’on devait interpréter. J’avais deux semaines pour l’apprendre. Sur le champ, j’ai compris que j’avais ma chance et qu’il ne fallait pas que je lâche prise. J’ai donc fait appel à un acteur qui était cousin à l’un de mes amis. Il m’a coachée et m’a appris comment m’y prendre. Pendant une semaine, jour et nuit, il m’a aidée et cela a payé. Le jour du casting, je l’ai passé et le soir même, on m’a appelée pour me dire que j’étais prise parmi plus de 100 filles. Le premier jour, lors de la représentation, j’avais très peur. Il y avait plus de 2 000 personnes, je tremblais sur la scène. Après le spectacle, j’ai pleuré, malgré les félicitations des spectateurs qui estimaient que, pour une première, ce n’était pas mal. Ensuite, nous avons fait une tournée nationale dans toute l’Espagne et j’ai fini par être rodée. Je me suis fait un nom et la presse s’est intéressée à moi. Là-bas, on m’appelle la «niña de Rajoy» (fille du président Rajoy), c’est le rôle que j’interprétais. J’ai également un court-métrage à mon actif. Là, je vais démarrer, en octobre prochain, une formation pour mieux me perfectionner avec le théâtre et le cinéma. Je vise une carrière internationale.

«Je pense pouvoir être la prochaine Miss Sénégal»

Comment êtes-vous devenue Miss Sénégal Espagne ?

J’en entendais parler comme tout le monde et j’ai tenté ma chance, persuadée par une amie que j’avais mes chances. Sans conviction, j’y suis allée et j’ai gagné. Du coup, je vais représenter les Sénégalaises d’Espagne aux prochaines élections Miss Sénégal.

Pensez-vous pouvoir remporter la couronne ?

Je pense que je serais la grande gagnante de la prochaine édition. Je l’espère vraiment.

Pensez-vous revenir vous installer définitivement au Sénégal ?

Si je trouve des opportunités qui en valent le coup avec des réalisateurs, pourquoi pas ! Je ne demande que ça, revenir au Sénégal pour y travailler. Dans le long terme, je voudrais même investir ici, dans l’industrie de la beauté et du bien-être.

Côté cœur, avez-vous quelqu’un dans votre vie ?

Je suis avec quelqu’un depuis 9 mois. C’est un Espagnol. Notre relation se passe bien et j’espère que cela aboutira sur un mariage…

PAR MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU

SOURCE:http://www.gfm.sn/sans-papiers-jai-ete-exploitee-insultee-humiliee-traitee-de-sale-negresse-en-espagne/

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