Points forts et faibles des candidatures au poste de Sg de l’Oif : Michaëlle Jean, vers le sommet du consensus ?

A moins que les chefs d’Etat et de gouvernement finissent par trouver une issue au sujet des différends sur les candidats africains. En effet, le Burundais Pierre Buyoya a la chance d’être ancien chef d’État. Il a également une bonne connaissance de la scène politique africaine et l’expérience des médiations. Aussi, est-il issu d’Afrique centrale, une des grandes régions francophones à ne jamais avoir été représentée au poste de secrétaire général. Mais son «passé de putschiste» le rattrape ajouté à la place assez marginale du français au Burundi et de ce pays dans l’Oif.

Le Congo-Brazzavillois Henri Lo­pes lui a de l’expérience. Il s’était déjà présenté en 2002. Il a une légitimité linguistique et son pays reste influent sur le continent. Il est également issu d’Afrique centrale, une des grandes régions francophones à ne jamais avoir été représentée au poste de Secrétaire général. Mais son point faible reste son âge ajouté à sa faible expérience en matière politique et surtout économique et à la mauvaise image de son pays d’origine. Quant à l’Equato-Guinéen Agustin Nze Nfumu, il peut compter sur la puissance financière de son pays (la Guinée équatoriale). Mais il n’a aucune notoriété en dehors de son territoire. En plus, la langue officielle de la Guinée équatoriale est l’espagnol et non le français. Il faut noter également la mauvaise image de la Guinée Equatoriale, en matière de transparence et de démocratie.
Il ne reste alors au chef d’Etat et de gouvernement qu’à voter la Cana­dienne Michaëlle Jean ou le Mau­ricien Jean-Claude de l’Estrac. Ce dernier a une très bonne connaissance des institutions multilatérales (il a été secrétaire général de la Com­mission de l’Océan indien). Le symbole de Maurice (cette île multiculturelle connaît une réussite démocratique et économique) constitue pour lui un atout et sa campagne très active sur le plan économique (il a été ministre de l’Economie de son pays) n’a pas manqué de susciter de l’intérêt. Seulement, ses points faibles restent l’influence modeste de son pays et le fait que la langue officielle de l’île Maurice soit l’anglais. Michaëlle Jean ; la plus jeune et la seule femme reste la meilleure alternative, bien que le dernier mot revienne aux chefs d’Etat. En tout cas, son élection donnerait un coup de jeune à l’image de l’Oif. Son statut d’ancien chef d’État (bien que ce soit un poste honorifique, elle a été gouverneure générale du Canada) peut fortement peser sur la balance, en plus du fait que sa campagne très active sur le thème de la Francophonie économique (elle s’est déplacée sur les cinq continents) a véritablement marquée les esprits. Elle est Canadienne et sa nationalité dérange certains. Mais il ne faudrait pas oublier qu’elle a des origines haïtiennes et qu’elle a une connaissance bien que ce soit modeste de la scène politique africaine. La vraie raison qui pourrait pousser les chefs d’Etat africains à ne pas soutenir cette candidature reste le fait que le Canada est opposé à ce qu’un pays africain devienne membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu.
Au final, peu importe qui va gagner cette bataille électorale pour la succession à Abdou Diouf, qui a marqué l’Oif pendant ses douze ans de règne, il est certain que le prochain secrétaire général devra définir un nouveau paradigme et assurer un nouveau leadership. Elle ou il devra apporter des idées nouvelles, imprimer une nouvelle dynamique, et surtout avoir une nouvelle représentation du monde qui repose sur le courant de pensée actuel.

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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/politique/item/37086-points-forts-et-faibles-des-candidatures-au-poste-de-sg-de-l%E2%80%99oif--micha%C3%ABlle-jean-vers-le-sommet-du-consensus-?