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MBATHIO BEYE, MISS BLACK FRANCE «JE GARDE LES PIEDS SUR TERRE»
Mbathio, vous êtes la première fille à être élue Miss Black France. Qu’avez-vous ressenti sur le coup ?
J’avoue que j’étais très surprise sur le coup, mais après, une fois l’émotion passée, je me suis sentie très fière de moi en me disant que je vais contribuer à rehausser l’image de la femme noire. J’espère que je vais réussir à symboliser cette image.
C’est la première fois que ce concours est organisé et il faut dire qu’il n’a pas été médiatisé depuis le début des sélections. Comment avez-vous appris l’existence de ce concours ?
C’est par le biais du média par excellence, c’est-à-dire l’Internet. J’ai tout de suite été tentée d’y participer, d’autant plus que toutes mes copines qui ont vu l’information n’arrêtaient de m’en parler.
Avez-vous participé à d’autres concours de Miss auparavant ?
Oui j’ai participé à Miss Sénégal Paris l’an dernier. Mais je n’étais pas finaliste.
Qu’est-ce qui vous a particulièrement motivée pour participer à «Miss Black France» ?
A travers ce concours, je voulais promouvoir la beauté noire, l’élégance de la femme noire, son indépendance et son intelligence. Ce sont ces qualités-là que je voulais mettre en avant, surtout la dernière, c’est-à-dire l’intelligence, parce que si vous avez bien remarqué, toutes les candidates font des études supérieures. Elles n’avaient pas que leur beauté à vendre.
Parlez-nous des différentes étapes de ce concours jusqu’à la phase finale ?
Il y a eu une première sélection devant l’organisateur du concours, Frédéric Royer, des journalistes et des photographes. Ensuite, il y a eu une deuxième sélection devant d’autres journalistes. Puis, les candidates ont participé à des répétitions avec la chorégraphe et chargée de communication, Maïmouna Coulibaly. On a ensuite participé à des séances photos. Ça a pris beaucoup de temps. La première sélection avait eu lieu depuis le mois d’août 2011. Mais, si cela a pris autant de temps, c’est parce que les organisateurs voulaient bien préparer les candidates les plus aptes à prendre part au concours. Il y a aussi le fait que toutes les candidates sont des étudiantes et, donc, on ne pouvait pas les réunir en dehors des vacances scolaires.
Qu’est-ce qui a changé dans votre quotidien depuis votre distinction, samedi soir ?
(Rire) J’ai conscience de ce qui m’attend, même si je l’appréhendais déjà. Je me dis que je peux véhiculer, et même transformer l’image de la femme noire dans la société française et même africaine. C’est quelque chose à quoi je tiens beaucoup et je sais que cela va me prendre du temps, mais j’y consacrerai toute mon énergie pour y arriver.
La question portait plutôt sur les conséquences que votre nouveau statut de Miss Black France pourrait avoir sur votre quotidien.
C’est vrai qu’il y a un grand engouement autour de cette élection de Miss Black France et beaucoup de sollicitations, notamment de la part des médias. J’étais l’invitée du Grand journal (Canal+, lundi soir) même si je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’exprimer, le public l’aura constaté d’ailleurs. Cela est dû à la campagne électorale, qui occupait les débats. N’empêche, j’ai quand même eu le temps de faire passer mon message sur l’image de la femme noire.
Que pensez-vous des critiques qu’a suscitées ce concours?
C’est vrai qu’il y a eu des polémiques, mais pour moi, le débat sur le caractère communautaire de ce concours n’a pas lieu d’être, du moment que nous cherchons à mettre en valeur la beauté noire, l’élégance et l’intelligence de la femme noire. Cette femme noire qui est une actrice majeure de cette société, mais dont la valeur n’est pas assez mise en avant. Donc, tout ce qu’on a recherché à travers ce concours, c’est de magnifier ces qualités, il n’y a aucune volonté communautariste derrière ça. Maintenant, il y aura toujours des gens qui vont chercher à polémiquer, mais je ne prends pas en considération ces polémiques.
L’organisateur de Miss Black France, Frédéric Royer, disait à l’Observateur que vous pouvez concourir à Miss France si vous le voulez. Alors, allez-vous déposer votre candidature à la prochaine élection Miss France ?
Honnêtement, non. Ce que j’ai gagné me suffit déjà. Mais j’encourage les autres anciennes candidates de Miss Black France à concourir à l’élection de Miss France pour y représenter la beauté noire, la magnifier.
Votre distinction aurait-elle eu la même valeur si vous étiez élue Miss France?
Miss France, c’est plus médiatisé, mais je suis vraiment heureuse d’être élue Miss Black France car, c’est à travers cette distinction-là que je pourrais défendre et magnifier la femme noire. Il y avait plusieurs candidates venues d’horizons divers, avec une diversité de parcours et nous n’aurions pas pu véhiculer l’image de la femme noire comme nous l’aurions voulu s’il s’agissait d’une autre élection comme Miss France.
Quels sont vos projets ?
J’aimerais bien promouvoir l’entreprenariat féminin. Mais dans l’immédiat, en ma qualité de Miss Black France, je suis l’ambassadrice de la lutte contre la drépanocytose, qui est la maladie génétique la plus répandue dans le monde. Je me consacrerai du mieux que je peux à ce rôle. C’est une maladie très répandue, mais on n’en a pas assez conscience pour autant. En ce qui concerne mon projet d’entreprenariat féminin, la femme sénégalaise, la femme africaine, la femme noire, en général, étant connue comme une femme entreprenante, une femme battante, une femme qui joue un rôle essentiel dans sa société, j’aimerais donc l’aider, avec mes moyens, à concrétiser ses projets.
Comment allez-vous allier le programme que requiert votre statut de Miss avec vos études ?
Je me consacre à mes études en priorité et s’il y a un rôle à jouer dans le cadre de mon statut de Miss, je le jouerai de la manière la plus active possible. Ce sont mes études qui priment. Et d’ailleurs, même à travers mes études, je peux aussi promouvoir les qualités de la femme noire. Je crois même que c’est une alliance bénéfique, car sans mes études je ne pense pas que j’aurais été élue Miss Black France.
Allez-vous rentrer au Sénégal ou vous installer en France après vos études ?
J’aimerais lancer une entreprise de cosmétique qui serait implantée en France et au Sénégal. Pour moi, c’est un avantage d’être des deux côtés. Ça va nous permettre d’accroître les échanges, en tirant l’expérience de l’un et de l’autre pays. Ça ne peut être que bénéfique. Ce qui compte, c’est de contribuer au développement du Sénégal.
Le fait d’être Miss ouvre des portes dans le milieu du mannequinat. Comptez-vous vous y lancer dans le court ou moyen terme ?
Au fait je suis déjà dans le mannequinat et cela ne m’a jamais empêché de continuer mes études. Mais, je ne crois pas que mon nouveau statut puisse me pousser davantage vers ce milieu car, ça demande énormément de temps. Et comme ma priorité, ce sont mes études, je veux leur consacrer le maximum de temps. Le mannequinat, c’est bien, mais je garde les pieds sur terre.