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Sénégal - (Dossier) Santé bucco-dentaire : Attention aux forgerons de la dent

Sénégal

Aujourd’hui, des non professionnels s’adonnent à des pratiques d’implants qui ont des conséquences dramatiques sur la santé buccodentaire. Ajouté à cela une prévalence de la carie dentaire qui a atteint 90 % de la population sénégalaise.

« La bouche est le miroir de la santé ». Cet adage renseigne sur l’importance de la santé buccodentaire et son influence sur l’organisme en général. L’exercice illégal du métier de dentiste hante le sommeil des membres de l’ordre national des chirurgiens dentistes du Sénégal.

 

Selon Mamadou Ka, Président de ladite structure, l’année 2016 est placée sous le sceau de la lutte contre les cabinets clandestins qui dispensent des soins dentaires et/ou des prothèses sans en avoir ni l’expertise ni la compétence. Ce qui représente une véritable menace en direction de la santé des populations. En effet, mus par le gain facile, ces « débrouillards » exposent les patients, qui les fréquentent par ignorance, à des complications postopératoires graves pouvant aboutir à la malignité (cancer). Dans ce lot, il y a les « bijoutiers dentistes », distributeurs de dents en or ou argent qui n’ont d’or ou argent que le nom. « Cette pratique artisanale basée sur l’arnaque pose de sérieux problèmes de santé publique. Placées sur des dents malades, ces fausses couronnes entrainent des complications infectieuses aigües telles que des gingivites, des cellulites, des parodontites, des tumeurs », estime Dr Ka. Sur des dents saines, le tableau est tout aussi catastrophique.

 

 

À B, jeune fille à la dentition bien répartie, en a fait les frais un jour. Par mimétisme, elle a eu recours à un implant en argent et a récolté une infection. « C’était un effet de mode à l’époque, rappelle-t-elle. Mais après la cérémonie, j’ai eu des saignements et des brûlures à la gencive. Depuis lors, je n’ai plus recours à cette pratique », dit-elle.

Ouakam, Fass, Rebeuss, Pikine..., refuges des délinquants professionnels

À en croire Dr Ka, cette délinquance professionnelle sévit en grande partie dans la banlieue dakaroise, au niveau de certaines poches de la capitale (Ouakam, Fass, Rebeuss, Pikine…) et dans les régions. Cependant, avec la montée en puissance du niveau d’odonto-conscience des Sénégalais par le biais des campagnes de sensibilisation, des progrès notables en matière d’alphabétisation, du développement de la démographie professionnelle, Dr Ka se sent de plus en plus soulagé.

Le maillage qualitatif du pays avec des chirurgiens-dentistes formés à bonne école et la croissance exponentielle des outils de la communication (NTIC) augurent de belles perspectives dans la lutte contre ce fléau. De son avis, l’avenir de ces « clandos » s’assombrit et n’a d’issue que sa disparition.

Aujourd’hui, le listing de ces cabinets est en train d’être dressé en vue d’une descente imminente sur le terrain. « Nous appelons les populations à dénoncer ces personnes mal intentionnées auprès du Conseil National qui les débusquera, les traquera et les sanctionnera avant que l’irréparable ne se produise », lance-t-il. Il en a été ainsi concernant la lutte contre le blanchiment dentaire par des non professionnels. En effet, cet acte médical que seul un chirurgien-dentiste doit dispenser était officié par des commerçants à Sandaga en plein centre-ville, au mépris de la dangerosité que cela représentait pour les populations. « Traduit en justice, le responsable a été condamné. Cette magnifique victoire obtenue en 2015 constitue désormais une jurisprudence en matière de bleaching » se glorifie-t-il.

Dr Ka explique qu’il y a deux catégories d’illégales : les chirurgiens-dentistes non inscrits à l’Ordre qui travaillent aussi bien dans le public que dans le privé et les chirurgiens-dentistes qui, sans autorisation, ouvrent des cabinets privés.

Il y a également les Techniciens supérieurs en odontologie (TSO) qui, une fois à la retraite, s’installent en privé avec une autorisation d’ouverture de cabinets en soins infirmiers et pas en soins dentaires. « Concernant les premiers, des lettres de notification en vue de la régularisation de leur situation leur ont été servies et des résultats probants ont été enregistrés. Aux récalcitrants ont été envoyés des commandements par voie d’huissier et l’affaire suit son cours. Quant aux TSO, un programme de visite est en début d’exécution » renseigne le Président de l’ordre.

Ce qu’en dit la loi

L’exercice de la profession dentaire est régi par la loi 81-70 du 10 décembre1981 qui a mis en place les conditions d’exercice de la chirurgie dentaire au Sénégal. Elle dispose en des termes très clairs que nul ne peut pratiquer le métier de chirurgien-dentiste s’il n’est de nationalité sénégalaise ou ressortissant d’un pays de l’Uemoa, s’il n’est titulaire d’un diplôme de docteur d’état en chirurgie dentaire et s’il n’est inscrit au tableau de l’Ordre. Les étudiants en chirurgie dentaire ayant validé toute leur formation peuvent, jusqu’à leur soutenance de thèse, être autorisés par le Conseil de l’Ordre à exercer, à titre de remplaçant ou d’aide-collaborateur d’un chirurgien-dentiste. Enfin, les auxiliaires dentaires formés peuvent assurer certaines fonctions simples dans le public à condition qu’ils soient placés sous la supervision d’un chirurgien-dentiste.

Toute personne qui se livre à l’exercice de la chirurgie dentaire en dehors des dispositions ci-dessus énoncées se retrouve dans une situation d’illégalité. Et les contrevenants sont exposés aux sanctions prévues en la matière par les articles 9, 10,11, 13 et 14 contenus dans la loi 81-70. C’est-à-dire l’interdiction d’exercer la profession. S’il refuse de se plier à la décision, il risque d’être poursuivi pour exercice illégal de la médecine et d’être puni d’une amende de 20 000 à 100 000 francs ainsi que d’un emprisonnement d’un à six mois, ou de l’une de ces deux peines seulement. En cas de récidive, les peines seront doublées, et l’emprisonnement sera obligatoirement prononcé.

90 % de la population sénégalaise atteinte de carie dentaire

Concernant les statistiques, la démographie professionnelle au Sénégal se chiffre à 372 chirurgiens-dentistes. « Si l’on y ajoute ceux opérant dans l’enseignement et les autres secteurs, notre effectif dépasse les cinq cents dont la majorité se trouve à Dakar, informe Dr Ka. Mais il est heureux de constater que dans toutes les régions, un praticien dentiste au moins est en place. »

Ces dentistes luttent déjà contre la carie dentaire qui a fini d’être un véritable problème de santé publique puisqu’elle est aujourd’hui la maladie la plus répandue aujourd’hui au Sénégal et a atteint 90 % de la population, informe le Dr Ka. Si on y ajoute les ravages causés par ces « forgerons » de la dent, la situation ne peut qu’être alarmante.

Il est donc recommandé aux populations de ne faire confiance qu’aux chirurgiens-dentistes et de les consulter tous les 6 mois. Il leur est aussi demandé de se référer à l’Ordre des chirurgiens-dentistes pour éviter de confier sa santé aux « forgerons de la dent ».

 

Auteur: Hamad Ndiaye - Seneweb.com

source: http://www.seneweb.com/news/Sante/dossier-sante-bucco-dentaire-nbsp-attent_n_173859.html

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