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Transfert de deux ex détenus de Guantanamo au Sénégal : Droit de savoir, Devoir d’informer (par Birahime SECK)

Sénégal

« L’accueil » fait aux deux ex-détenus de Guantanamo, pour « des raisons humanitaires », n’a pas manqué de faire s’interroger les Sénégalais. Ce qui apparemment, n’a pas eu l’heur de plaire à Monsieur Mankeur Ndiaye, le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. N’est-il pas légitime de se poser des questions sur la sécurité de notre pays ? Pour Monsieur Ndiaye, non. Ce ne sont que « confusion et amalgame » que les Sénégalais ont exprimé. Pourtant, le Président de la République lui-même n’a-t-il pas appelé à plus de vigilance et demandé de signaler toute personne suspecte ou ayant un comportement douteux ? En ces temps d’attaques terroristes ne doit-on pas s’interroger sur la destinée de notre pays, surtout en matière d’orientation sécuritaire ?  

 

Donc, en quoi il y a t–il  « confusion et amalgame » quand le peuple s’interroge sur le transfert de deux ex détenus lybiens de Guantanamo ? En réalité la confusion et l’amalgame sont nés après les sorties triangulaires mais non convaincantes parce que vagues  des ministres chargés de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères.   
Il est utile de rappeler que dans la réforme constitutionnelle qui a été adoptée par le peuple le 20 mars 2016, il est clairement mentionné que « tout citoyen a le devoir de défendre la patrie contre toute agression et de contribuer à la lutte contre la corruption et la concussion ». Par conséquent, depuis cette date, la défense du Sénégal devient une obligation constitutionnelle pour tout citoyen. A cet effet, acceptons donc de consolider notre démocratie comme le Président de la République nous l’a  demandé durant la campagne référendaire, en écoutant les avis et les opinions des uns et des autres dans le cadre du respect des lois de la République. Nulle part dans la Constitution, il n’est écrit que la souveraineté appartient à ceux qui sont nommés par décret mais plutôt au peuple.  
Les profils plus qu’inquiétants des deux ex-détenus (parmi d’autres envoyés ailleurs dans d’autres pays) qu’on vient de nous forcer à héberger, ont amené Barack Obama à dire que la prison de Guantanamo est  néfaste pour la « sécurité nationale » des Etats Unis et contraire aux valeurs de l’Amérique (lemonde.fr du 23 février 2016).  
Si cette prison est néfaste pour la grande puissance militaire mondiale que dire du Sénégal. N’était-il pas plus responsable de faire preuve de transparence  avec les sénégalais au lieu de produire un communiqué à l’allure martiale?  
Fermer la prison de Guantanamo et transférer les détenus sur le sol américain a été une promesse électorale de Barack Obama. Mais les Démocrates, dont il est partie avaient soulevé quelque inquiétude. Cette inquiétude a été alimentée par le camp des Républicains américains qui ne cessaient de critiquer cette promesse électorale. Il est arrivé un moment où  65% des américains  se sont opposés à la fermeture de la prison de Guantanamo. C’est ainsi que le 20 mai 2009, le Congrès américain a refusé d’accorder au Président Obama les 80 millions de dollars  nécessaires pour l’achat d’un centre pénitentiaire dans l’Illinois. En décembre 2010, le Congrès américain refusait de voter la loi interdisant le transfert des prisonniers de Guantanamo sur le sol américain et durcissait les conditions de transfert des détenus vers des pays étrangers.   
Le refus par le Congrès américain de fermer la prison de Guantanamo a été réitéré en mai 2014. Malgré la présentation du nouveau plan de fermeture de Guantanamo proposé par Obama, le 23 février 2016 devant le Congrès, la problématique  sur la sécurité nationale des Etats Unis a continué d’alimenter le débat. Le plan de Obama a été qualifié de «vague» par le sénateur John Mc CAIN à travers une déclaration publiée le même jour sur son site officiel.  
Aux Etats Unis, les représentants du peuple et des Etats fédérés font leur travail. Qu’attendent les parlementaires sénégalais pour entendre le Ministre chargé des Affaires Etrangères à l’Assemblée nationale pour qu’il explique clairement et exhaustivement devant la représentation nationale  une question qui concerne notre sécurité nationale ?  Il a le devoir de nous informer entre autres questions, sur le profil des ex détenus présentés comme des non djihadistes par les autorités sénégalaises. Nous avons le droit de savoir. Car ils ne sont pas présentés comme tels dans les rapports des amiraux américains Thomas Jr et de Mark Buzby. Le ministre doit aussi éclairer notre lanterne sur le fait que le Sénégal, Etat de droit, accepte sur son territoire des individus qui ont étaient détenus pendant 14 ans sans être jugés ni condamnés et subitement relâchés. Sommes-nous complices des conditions inhumaines et dégradantes de la prison de Guantanamo souvent dénoncées par les organisations des Droits de l’Homme ? Les ex détenus ont-ils été réellement transférés le 3 avril 2016 ? A quelles conditions ? Autrement dit y a –t-il eu une contrepartie car selon lemonde.fr, le coût global pour le transfert des détenus sur les 13 sites identifiés sur le sol américain se situe dans la fourchette de 290 à 475 millions de dollars. Comme disait l’autre il y a quelque qui se passe dans ce pays ! 
Birahime SECK,  
Membre du Conseil d’administration du Forum Civil.

 

 

source: http://www.dakaractu.com/Transfert-de-deux-ex-detenus-de-Guantanamo%C2%A0au-Senegal-Droit-de-savoir-Devoir-d-informer-par-Birahime-SECK_a109148.html

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