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Trump proclame l'urgence nationale pour construire son mur
WASHINGTON (Reuters) - Donald Trump a décidé vendredi de recourir à la procédure de l'état d'urgence nationale pour obtenir la construction du mur qu'il a promis à ses électeurs en 2016 d'ériger à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Le président américain choisit par ce moyen de court-circuiter le Congrès et notamment l'opposition démocrate qui refuse de lui accorder les 5,7 milliards de dollars qu'il réclamait pour lancer les travaux de cet édifice.
Au passage, Donald Trump entend prendre une revanche sur la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi qui l'avait contraint à baisser pavillon dans le bras de fer qu'ils se sont livré sur le "shutdown" d'une partie de l'administration fédérale.
Outre la proclamation de l'état d'urgence, Donald Trump a également signé vendredi une proposition de loi bipartisane assurant le financement des services fédéraux qui avaient été fermés pendant 35 jours en décembre et janvier, soit le plus long blocage de l'histoire des Etats-Unis.
La ratification de ce projet de loi, négocié en commun par les républicains et les démocrates, constitue une défaite politique pour Donald Trump puisque le texte ne prévoit pas les fonds qu'il réclamait pour la construction de son mur.
La proclamation de l'état d'urgence est en premier lieu un message que Trump entend adresser à sa base électorale en lui montrant qu'il est prêt à avoir recours à tous les moyens à sa disposition, y compris les moins orhtodoxes, pour tenir la promesse qu'il lui a faite pendant la campagne électorale.
Cette stratégie du contournement de la branche parlementaire risque de déboucher sur une bataille de tranchées juridique avec les démocrates qui pourraient obtenir le soutien de quelques républicains opposés à l'option choisie par Trump.
Ces républicains s'inquiètent que l'actuel président américain crée un précédent qui pourrait être utilisé à leur tour par les démocrates s'ils reprennent le contrôle de la Maison blanche à la faveur d'une prochaine élection.
C'est le cas du sénateur Marco Rubio, qui jugeait dès jeudi soir sur Twitter qu'"aucune crise ne justifie qu'on viole la constitution", et de John Cornyn, selon lequel l'état d'urgence "n'est pas une solution pratique, parce qu'il sera immédiatement contesté en justice et que l'argent sera immobilisé du fait de cette procédure".
Quinze sénateurs démocrates ont déposé un texte jeudi visant à empêcher Trump de décréter l'urgence et donc de transférer de manière souveraine des budgets déjà votés vers les travaux de construction.
UN PROJET À 23 MILLIARDS DE DOLLARS
"Les actes du président sont clairement en violation du pouvoir exclusif du porte-monnaie (power of the purse) que nos fondateurs ont inscrit dans la Constitution", ont expliqué dans un communiqué Nancy Pelosi et le leader de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer en référence à la compétence budgétaire du Congrès.
"Le Congrès défendra ses droits constitutionnels au Capitole, devant les tribunaux et devant le public, en recourant à tous les moyens disponibles", promettent Nancy Pelosiet Chuck Schumer.
L'attorney general de l'Etat de New York, Letitia James, a annoncé qu'elle allait engager une procédure judiciaire contre la proclamation de Trump. Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a promis une initiative similaire.
"Nous n'accepterons pas cet abus de pouvoir et nous combattrons avec tous les moyens légaux à notre disposition", a affirmé Letitia James sur Twitter.
Ces menaces n'ont pas eu l'heur d'impressionner Donald Trump qui savait à quoi s'attendre avant de prendre sa décision. "Je m'attends à être poursuivi. Je ne devrais pas être poursuivi. Nous gagnerons devant la Cour suprême", a-t-il promis.
Le pari du président américain est de compter au bout de la procédure judiciaire sur la majorité conservatrice de la cour après les nominations de ses protégés Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh pour obtenir gain de cause.
Cette décision permettra d'allouer huit milliards de dollars à l'édification du mur, l'une des promesses-phares de son programme, a précisé Trump.
Selon un responsable de la Maison blanche, l'administration a identifié près de sept milliards de dollars à réaffecter à la construction du mur, dont 600 millions provenant du Trésor, 2,5 milliards d'un fonds de lutte contre la drogue du Département de la Défense et 3,5 milliards du budget destiné aux constructions militaires.
Donald Trump a quant à lui évoqué la somme de huit milliards. La construction du mur sur les 3.200 km de frontière avec le Mexique est évaluée à 23 milliards.
L'état d'urgence nationale a été décrété une trentaine de fois aux Etats-Unis, notamment lors de la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran, en 1979, et de l'épizootie de peste porcine de 2009.
(avec Steve Holland; Henri-Pierre André, Arthur Connan et Jean-Philippe Lefief pour le service français)