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Hommage à Boubacar Sall, l’apôtre, le bâtisseur et le bienfaiteur….

Hommage à Boubacar Sall, l’apôtre, le bâtisseur et le bienfaiteur….

 

suicideBoubacar Alé Fall Sall, un ami plus que frère, s’en est allé sur la pointe des pieds ;

Comme s’il ne voulait nullement faire de la peine à personne. Il a ainsi entrepris son dernier voyage sans retour, en surprenant parents et amis ;

Mais pour ceux qui le connaissaient bien, cela est  tout à fait conforme à la nature de l’homme;

Sa vie entière,  était faite de discrétion totale, dans les actions  de générosité qu’il accomplissait à l’endroit de tous ;

Depuis notre première rencontre fortuite en 1956, entre son équipe de foot itinérante et la nôtre avec Boubacar Diallo au terrain gazon de la petite vitesse à Sor, nous ne nous sommes quittés définitivement que le 3 Octobre 2011 ;

Le 3 Octobre 2011, marque ainsi, la fin  prématurée d’un homme jovial, joyeux, toujours disponible pour les autres et souriant, un tel produit est devenu rare de nos jours, lui il l’était assurément ;

A mains nues, parti de ses maigres moyens, il a bâti une œuvre colossale, symbole de son ingéniosité – le Groupe IPG/ISTI-

Ses moyens étaient certes dérisoires, mais  il avait une tête pleine d’idées fortes, qu’il savait conjuguer avec intelligence au moment opportun ;

Bouba, était effectivement un véritable bâtisseur, entrepreneur et dirigeant clairvoyant avec un  sens de la prospective, dont lui seul connaissait le secret ;

Sa réussite justifiée est matérialisée par le résultat auquel il est parvenu, par la création de l’IPG d’abord  et ensuite du Groupe IPG/ISTI avec l’aide de son épouse,  constitue la preuve concrète  de son savoir-faire ;

Bouba Alé, comme l’appelaient affectueusement ses amis d’enfance, est tout à fait un manager naturel ;

Il  n’a jamais eu besoin de passer par des élections pour se hisser à la tête d’une structure, il a toujours été choisi ;

C’est dès son jeune âge, dans son Saint-Louis natal où nous faisions nos premiers pas dans la vie associative, qu’il s’était distingué comme un modèle pour ses amis ;

Dès la création de notre première association de jeunesse, dénommée  « Etoile populaire » à la rue Pinard, on en fit le seul président jusqu’à la fin de l’association ;

 Il fréquenta l’école privée Boubacar Diop, où il fut élève et ses premiers pas en tant qu’enseignant à la fois ;

Il fut aussitôt recruté dans l’enseignement public grâce à ses qualités d’un futur éducateur et  affecté à Guédé village comme instituteur, juste avant l’indépendance ;

Entre temps, et le premier d’entre nous, il prit épouse, en la personne de Fatou Badiane,  compagne, complice et témoin qui a été de tous les combats et sur tous les fronts, jusqu’à ce jour fatidique du 3 octobre 2011 ;

 De Guédé, il fut affecté  à Tivaouane, puis à Pikine, d’où il quitta l’enseignement pour embrasser l’éducation spécialisée ou plus exactement, l’action éducative à la délinquance juvénile au Centre de Sébikotane ;

A la création de l’école des éducateurs spécialisés, il l’intégra quelque temps après, pour simplement sans doute obtenir le parchemin, car il pratiquait, déjà le métier ;

Il s’envolera quelques années après pour le Canada, pour une spécialisation dans le domaine de l’éducation pour les enfants handicapés et de déficience mentale ;

Revenu au Sénégal, il enseigna quelque temps à l’école des éducateurs spécialisés, avant de s’envoler à nouveau pour  Aix-en-Provence, pour une Maîtrise en gestion des entreprises et là, ses camarades lui avaient décerné le titre de « Grand Sall ». Leur témoignage corrobore tout ce qui s’est dit sur lui.

Dès son retour, il prit le risque périlleux de démissionner de la Fonction publique, pour créer « l’Institut Privé de Gestion » dans les ex-locaux de la Croix bleue à Liberté 2. L’aboutissement de cette aventure périlleuse, qui n’était pas gagnée d’avance et dont l’acteur principal n’est nul autre que Boubacar Sall, est ce beau bijou qui domine majestueusement Liberté 4 et 5 ainsi que Sacré Cœur 2 ;

Cet institut, est le premier à initier les jeunes Sénégalais à l’enseignement de l’informatique, par conséquent, il fut le pionnier. Il était composé initialement, que de quelques classes : en G2, CAP compta, secrétariat et transit et une section informatique ;

C’est cet institut-là, qui est devenu aujourd’hui une grande école de gestion et d’ingénierie de diverses filières, de formation et de perfectionnement continu pour les entreprises privées et publiques ;

Par la composition des étudiants de  diverses  nationalités d’Afrique qui y font leurs études depuis bientôt 20 ans, le Groupe IPG/ISTI épouse parfaitement le contour d’une institution africaine multinationale d’enseignement supérieur incontestable.

Bouba, pour ses intimes, donne ici la preuve matérielle,  qu’on peut bien servir son pays qualitativement,  en tant que citoyen patriote, sans en être le chef.

A cet effet, il est l’un des grands artisans de la coopération sénégalo-canadienne, au plan  de l’éducation et la formation professionnelle, grâce à l’estime dont il jouissait auprès des autorités canadiennes. De nombreux projets initiés et réalisés avec le Canada, l’ont été grâce à la confiance que ses autorités portaient sur lui. L’Ecole Sénégalo-canadienne de formation en mécanique auto, en est le symbole vivant de cette coopération ;

 Bouba, tu étais venu au monde chargé de mission par le Tout Puissant, tu t’es acquitté de cette haute mission admirablement, comme il se devait, mon cher ;

Tu as été incontestablement au service de ta famille, pour laquelle tu étais un pilier de soutien très solide, de tes proches amis, des humbles gens, enfin de ton pays, comme un  fidèle serviteur de la collectivité,  au rang des apôtres ;

Ton œuvre colossale, accomplie en un temps si bref de tes 71 ans, est la preuve irréfutable, que ta vie entière, n’a été consacrée qu’au travail et à la bienfaisance envers les hommes;

Bouba, tu nous as surpris comme d’habitude, en partant sur la pointe des pieds en toute discrétion, en nous cachant ta souffrance, pour éviter, c’est certain, de nous faire de la peine ;

Tu es parti ainsi quitte avec nous et haut la main, sans rien devoir à personne, plutôt, c’est nous qui avons une dette envers toi, à savoir : combler le vide, que tu nous as laissé et sauvegarder tes réalisations ;

Cette lourde tâche, que constitue ton œuvre, nous avons le devoir moral d’y veiller  et de la poursuivre ;

Nous te le devons, pour nous avoir indiqué le chemin de l’honneur, de l’abnégation, du courage et donné le sens d’une vie faite d’humilité d’ici-bas ;

Mame Pa, pour tes enfants, tes petits enfants, je devrais dire tous les enfants qui te connaissaient, sont devenus subitement orphelins car, ils ne sentiront plus tes presses et chatouilles affectives qu’ils aimaient tant, recevoir de toi ;

Orphelins, à vrai dire, ils ne sont pas les seuls, ton épouse,  ta famille élargie, nous autres amis et toutes tes connaissances de par le monde, le sommes tout autant ;

Cette foule immense de parents, d’amis, de simples connaissances venue de partout t’accompagner dans ta dernière demeure à Saint Louis, auprès de ton vénéré père et grand-père, est un témoignage éloquent de leur affection à ta personne ;

Ton exemple et ta pratique dans la conduite et la résolution des conflits sociaux, sont des leçons à tous égards à retenir par nous tous, et que nous devrions tous gravés dans nos mémoires ;

Dieu seul sait, combien de ménages tu as eu à sauver par ton art de persuasion et combien de familles tu as eu à empêcher la dislocation ?

Mon cher Bouba, j’ai écrit ces quelques lignes avec des larmes aux yeux, car à chaque instant, j’ai craqué, en pensant que je ne te verrai plus sur terre ;

Je suis tout à fait convaincu que tu es déjà au Paradis. Et, j’ai eu cette confirmation ce soir par ma petite fille Tabara, qui n’a que 4 ans, qui m’a dit ceci : « J’ai vu Papy Bouba ici, il est au ciel » Effectivement, ta dernière demeure ne peut être nulle part ailleurs, qu’au Paradis.

 Je présente mes condoléances les plus attristées à son épouse éplorée, ses enfants et petits-enfants, sa famille au sens large et ses nombreux amis ;

Je formule à présent, une demande légitime auprès du Maire de la Commune d’Arrondissement qui abrite le Groupe IPG/ISTI, de bien vouloir baptiser l’avenue partant du rond-point de Liberté 5 en passant devant l’école jusqu’à la rue qui butte sur celle venant du Collège Sacré cœur, au nom de Boubacar Sall.

L’œuvre de Boubacar Sall symbolisée par son Groupe, est une valeur ajoutée qui rehausse l’envergure de la Commune d’arrondissement en infrastructures. Et il s’y ajoute, les emplois qu’elle offre et la proximité d’un établissement  d’enseignement supérieur de qualité, au service de l’éducation et de la formation professionnelle de la jeunesse sénégalaise, donc pour toute la nation. Et enfin, sa contribution citoyenne en nature, en espèces auprès de certaines familles démunies, des mosquées, en infrastructures scolaires et tout ce qui se fait de social dans la Commune d’arrondissement, est indéniable, ce qui fait de lui un citoyen d’honneur incontesté de cette collectivité locale.

Alors le nom de cette avenue, pour ne pas dire qu’il lui revient de droit, en tout cas, son œuvre et le symbole impérissable qu’il nous laisse, font qu’il le mérite plus que tout autre.

 

 

Un orphelin parmi tant d’autres

Mandiaye Gaye

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