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DEMBA DIOP : «Ma première rencontre avec Borom Daara ji»


DEMBA DIOP : «Ma première rencontre avec Borom Daara ji»
- Demba Diop est plus connu sous le nom de Diopsy. Un surnom qui a une histoire. L’homme est très célèbre, mais peu connu. Quand il décide de parler de lui, c’est un boulevard de révélations qu’il ouvre. Dans cet entretien, le député et leader de la Convergence patriotique pour l’équité et la justice revient sur son passé, lève le voile sur ses relations avec feu Serigne Mansour Sy, juge la gestion de Macky Sall et porte un regard sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Découverte. 

Votre non à l’Etat-civil est Demba Diop, mais vous êtes plus connus sous le surnom de Diopsy. D’où vient-il ? 
Le nom Diopsy m’a été donné par feu Serigne Mansour Sy. J’étais un agent de la Société d’encadrement et de vulgarisation agricole (Sodeva), j’y ai été chef comptable, puis Directeur administratif et financier et ensuite Contrôleur de gestion. J’y ai passé entre 15 ou 16 ans. Il y avait dans le service un Français qui en était le responsable financier. Comme j’étais bien en Comptabilité, il m’a demandé de venir en France avec lui pour qu’il me fasse entrer dans un Cabinet d’expertise. J’y ai fait huit ans environ, j’y suis allé en 1986 et c’est en 1993 que je suis revenu. A mon retour, je devais travailler, mais je n’avais pas encore une idée précise de l’activité que je devais mener. Un jour, je suis allé le voir, il m’a dit : «Tu as l’air de quelqu’un qui doute ou qui semble perdre confiance.» Il avait vu juste. Ensuite, il me dit : «Tu n’as pas le droit de t’inquiéter. Tu ne sais pas que tu t’appelles Diopsy ? Diopsy ne peut pas vivre certaines situations affligeantes, Diopsy ne connaîtra pas la dèche. On t’appellera le fou du marabout, mais arrivera un jour où tout le monde voudra être comme le fou du marabout et personne ne réussira à l’être.» 

Comment vous-êtes vous connus ? 
On se connaissait depuis 1971, à ce moment, je travaillais à Louga. J’avais l’habitude de jurer par «Barké khalifa» (Au nom de Khalifa Ababacar Sy). Au détour d’une discussion à Louga, Sokhna Oumou, qui est la petite-fille de Mame Astou Sy, me suggère : «Quand tu iras au mausolée de Khalifa Ababacar, il faudra prier pour qu’il te mette en contact avec ton guide spirituel naturel.» A l’époque, j’allais à Tivaouane tous les dimanches. Un jour, j’étais assis au mausolée de Khalifa pour me recueillir, le préposé à la sécurité ordonne à tout le monde de sortir, car Serigne Mansour Sy devait arriver. Au moment où je franchissais la porte, j’avais une main accrochée au zinc pour sortir, Serigne Mansour me prend par l’autre main et me demande de rester. Je n’oublierai jamais ce moment-là. C’est comme si j’avais reçu une décharge électrique. Il m’a demandé de rester assis près de lui. Il m’a ensuite demandé mon nom. Après que je le lui ai dit, il m’a dit que je devais aller le voir à Khombole, le samedi suivant. Je suis retourné à Louga et j’ai raconté ce qui m’était arrivé à Sokhna Oumou. Elle m’a dit que c’est le Khalife qui m’avait ainsi mis en rapport avec Serigne Mansour. Arrivé à Khombole, le jour indiqué, le marabout me demande de m’approcher pour qu’il prie pour moi. Il m’intime l’ordre de fermer les yeux en formulant intérieurement mes souhaits, car ils seront exaucés. 

Avez-vous senti les effets immédiats de cette prière ? 
Après une longue séance de prières, il me demande de rouvrir les yeux et de partir. A ce moment, j’avais un projet d’achat de bœufs pour faire de l’embouche bovine et j’étais en pourparlers avec un agent de la Sodefitex du nom de Samba Ka qui s’occupait de l’embouche bovine. La première fois, Samba Ka m’avait fait comprendre que ce que je voulais était difficile pour le moment. Mais le lundi suivant ma visite chez Serigne Mansour, c’est lui-même qui m’a rappelé pour me demander si j’étais toujours intéressé par le projet. Je lui ai répondu par l’affirmative, en lui disant que je voulais 200 bœufs. Lorsqu’il me les a amenés, j’ai choisi le plus grand et plus beau pour l’offrir à Serigne Mansour. Je l’ai emmené à Tivaouane, mais sur place, on m’a fait savoir qu’il était à Mboro, je suis allé là-bas avec le bœuf. Tout le monde admirait la bête. Mais comme personne ne me connaissait là-bas, je suis resté dans mon coin à attendre. Lorsque Serigne Mansour est arrivé, il a crié : «Où est Demba Diop ?», alors que je ne lui avais même pas dit que j’allais venir. Nous avons marché ensemble pour aller voir le bœuf de près, il a sourit et m’a dit : «Je savais que c’était toi qui ferait une chose pareille.» C’est là où j’avais fait le serment de lui donner un bœuf à chaque fête de «Tamkharit». Ensuite, il y a eu le Gamou, je lui ai offert dix bœufs. C’était dans les années 1976. Depuis lors, le nombre que je lui donne ne cesse de d’augmenter. 

Vous étiez à combien avant son rappel à Dieu ? 
Je ne peux pas vous le dire. Il n’est plus là, mais je le fais jusqu’à présent. Ce qui l’étonnait, c’est la discrétion qui entoure les actions que je faisais pour lui. Je n’étais accompagné d’aucune délégation quand j’apportais les bœufs, parce que ça ne m’intéressait pas que les gens sachent ce que je faisais. Grâce à Dieu, tout ce que je fais pour Serigne Mansour augmente chaque année. 

Est-ce qu’il y a un jour où Serigne Mansour a fait quelque chose qui vous a vraiment marqué ? 
Je crois que si je devais citer tout ce qui m’a marqué dans mon compagnonnage avec Serigne Mansour, on n’en finirait pas. Parce que j’ai été témoin de beaucoup de choses devant lui. S’il était toujours là aujourd’hui, je ne dirais pas ce que je suis en train de dire. Ce que j’ai fait pour lui, je ne le dirais pas. Il se plaisait à le dire, mais ça ne me plaisait pas. 

Comment avez-vous accueilli la nouvelle de son rappel à Dieu ? 
C’est comme si je m’étais préparé à cela. Depuis qu’il était malade, je ne me sentais pas bien. Un jour, je suis allé le voir à l’hôpital Principal, il y avait un médecin venu de Paris qui s’appelle Blondin Diop, il a travaillé au Maroc. Je l’ai entendu dire au médecin du marabout qu’il fallait tout faire pour l’évacuer le plus rapidement possible. C’est à ce moment que j’ai décidé qu’il fallait le sortir du Sénégal au plus vite. J’ai trouvé son fils Habib et je lui ai dit qu’il fallait l’amener en France, parce que je n’étais pas satisfait de ce que je voyais. Je lui ai dit que si l’Etat ne peut pas le faire, j’étais prêt à payer de ma poche. Je lui ai dit de chercher des renseignements. Je voulais lui affréter un avion spécial pour qu’on le conduise directement en France, mais on nous disait que les avions devaient d’abord faire une escale au Maroc avant d’arriver à Paris. Mais les médecins ont dit que l’état de santé du marabout ne pouvait pas permettre de faire d’escale. On a ensuite saisi l’Etat qui l’a transporté, mais je leur ai demandé de nous envoyer les factures, et c’est moi qui les ai payées. 

A combien s’élevaient-elles ? 
La première était de 46 000 euros (environ 30 millions de FCfa), l’autre était de 9 000 euros (5,8 millions de FCfa). Ce qui fait un total de 54 000 euros (un peu plus de 35 millions de FCfa). 

Vous avez payé de votre poche ? 
Je les ai payées avec mon propre argent. L’Etat a payé son billet et ceux de deux accompagnants, j’ai payé deux billets pour deux autres personnes qui devaient partir avec le marabout. Il y a eu beaucoup de bruits autour de tout cela, mais je ne voulais pas qu’on en parle. J’ai payé ces factures, mais ce n’était pas pour faire du m’as-tu-vu. Je l’ai fait dans l’espoir que s’il était évacué plus tôt, il aurait plus de chance de se rétablir. Pour son évacuation, l’Etat n’a fait qu’un quart de tout ce qui a été fait, mais ils se sont tout de même occupés du rapatriement de son corps. 

Est-ce que vous entretenez toujours des relations avec la famille de Serigne Mansour ? 
Je fais partie de cette famille. Je suis leur frère aîné. 

Vous êtes passé de fonctionnaire à homme d’affaires. Aviez-vous vraiment besoin de faire de la politique ? 
Je faisais déjà de la politique avant même de connaître Serigne Mansour. J’étais avec Cheikh Anta Diop et Vieux Ndiogou Diop, du temps du Rassemblement national démocratique (Rnd). Un jour, on a dit qu’on allait donner la mairie de Dakar à Ramez Bourgi, un Libano-syrien, alors que les Dakarois étaient là. 

C’était en quelle année ? 
Je ne me rappelle plus. Lamine Diack faisait de la politique chez mes grands-parents, c’est mon grand-père qui était son responsable politique à Rebeuss. J’ai rassemblé les jeunes du quartier pour leur demander s’ils allaient accepter qu’un Libanais vienne diriger la mairie de Dakar. Les gens se sont mobilisés dans ce combat. 
C’est comme ça que je suis entré à fond dans la politique, au Parti socialiste. 

Mais vous n’aviez pas une grande ampleur au sein de ce parti ? 
Bien sûr que si, je ne fais pas les choses à moitié. J’ai intégré la Fédération et j’avais la section des jeunes de Rebeuss-Niayes Thioker. On m’a demandé de prendre la coordination, mais j’ai refusé parce qu’il y avait d’autres gens que j’avais trouvés sur place. On a accompagné Lamine Diack et on s’est battus à ses côtés partout. 

Est-ce que vous avez toujours les mêmes relations avec lui ? 
Oui, Lamine c’est notre oncle. 

Mais est-ce que vous n’avez pas eu de conflits par rapport à l’affaire Kawsara ? 
Pas du tout. Cette affaire, les gens en parlent beaucoup, mais ce n’est pas un conflit de Rebeuss. Les habitants de Rebeuss sont d’accord pour ce projet, ce n’est pas un conflit pour les Rebeussois. 

Pourtant, il y a souvent des réunions organisées par des jeunes qui expriment leur désaccord… 
Ce sont juste trois personnes qui s’activent et les deux sont des locataires. Ils ne valent pas la peine de discuter. Souvent, ce sont les journalistes qui donnent de l’importance à certaines personnes. 

Même s’ils sont minoritaires, ils ont réussi à bloquer le projet ? 
C’est bloqué, mais ça va finir par se débloquer, parce que la vérité finit toujours par triompher. 

Mais quel rôle jouez-vous dans ce projet, au juste ? 
Aucun, je défends seulement les habitants de Rebeuss. 

Vous n’y avez aucun intérêt ? 
Savez-vous que c’est moi qui avais créé le mouvement de contestation contre Kawsara, les autres sont venus me rejoindre. On savait que c’était un bras de fer avec l’Etat, on s’est dit qu’on allait négocier pour que ce soit à l’avantage de Rebeuss. La première condition, c’était que l’équipe Khandalou ait un endroit pour s’entraîner, ensuite c’était pour avoir des emplois et enfin les formations avec des bourses pour les jeunes de Rebeuss. On s’était mis d’accord sur ça et tout le monde a signé. Mais par la suite, certains ont vendu la mèche, pensant peut-être qu’on allait se dédire. J’ai convoqué les gens du quartier en réunion pour leur dire qu’on s’était déjà tous mis d’accord. Je leur ai dit que je respecterai mes engagements tant que l’Etat respectera les siens. Je suis un homme d’affaires, j’ai vu que Kawsara allait créer des emplois, mais il y a des travaux pour le transport, je suis transporteur j’ai des camions, je me suis dit que je n’allais pas laisser quelqu’un d’autre négocier cela. Actuellement, j’ai mis mon argent dans ce projet, mais les Chinois ne m’ont pas encore payé. 

Ils vous doivent combien ? 
Beaucoup. Ils le savent et je le sais. Mais je ne le crie pas sur tous les toits et je ne les accule pas non plus. Parce que je suis sûr que ce projet va aller de l’avant, parce que c’est dans l’intérêt du Sénégal. Il n’y a pas un autre projet de ce genre au Sénégal. La contrepartie, c’est que les Chinois vont réaliser d’autres projets qui tiennent à cœur les Sénégalais, dont l’Arène nationale. Cela faisait partie des négociations, mais c’est l’Etat qui a tardé à donner le terrain. Nous avons aussi signé avec l’Etat et avec les Chinois que 70% de la main-d’œuvre seraient locales. Le projet est bénéfique pour le Sénégal. Nous avons fait les fondations, il commence à pleuvoir, il y a actuellement 15 000 tonnes de fer à l’intérieur du stade. On ne peut pas laisser tout cela se détruire pour l’intérêt de deux ou trois personnes. 

Est-ce que Macky vous a reçu sur cette affaire ? 
Non, il ne m’a pas encore reçu, même s’il a promis de le faire. 

Quels sont vos rapports ? 
Aucun. Nous n’avons jamais échangé. Depuis qu’il a été Président, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Sauf une ou deux fois à Tivaouane. Mais nous avons des amis en commun qui font tout pour qu’il y ait un rapprochement entre nous. Ils me promettent des audiences à n’en plus finir. 

Comment voyez-vous sa démarche sur le plan économique ? 
Je pense que les informations qui lui sont fournies ne sont pas complètes. On ne lui dit pas toujours tout. Son entourage est en train de faire les mêmes erreurs que celui de Wade. Ils bloquent ses audiences, alors qu’il a besoin d’écouter tout le monde, parce qu’il vient de commencer sa mission. C’était la même chose avec Wade, mais lui a eu le reflexe de se séparer de ceux qui l’empêchaient d’être en contact avec les gens. Ce sont aujourd’hui ces gens-là qui sont dans l’opposition. 

Pour vous, c’est cette même posture que Macky doit adopter ? 
Oui. Il est temps qu’il se rebiffe et dise à ses alliés que c’est lui qui a été choisi et élu par les Sénégalais. 

Donc, vous pensez qu’il y a certains de ses alliés qui travaillent à sa perte ? 
Il y a des gens qui sont à la Présidence et qui se disent être ses conseillers. Il est temps qu’il les efface. Ils ne lui sont d’aucun apport. Je ne vais pas citer de noms, puisqu’ils se reconnaîtront. Mais par principe, il doit les virer. On ne peut confier du travail à des vieux. Macky est jeune. Il y a des jeunes sur qui il peut compter, il n’a qu’à travailler avec eux. Il y a beaucoup de non-dits dans ce pays. Des choses qu’on doit régler et qui sont toujours en latence. Le sous-sol du pays est immensément riche. Quand on veut prendre le budget du Sénégal qui tourne autour de 2 500 milliards FCfa, alors qu’on ne bénéficie même pas de 10 milliards de cette richesse… Il faut que Macky Sall règle cela. C’est à lui de le faire. Depuis des années, on parle de l’or de Sabodala, et on ne peut même pas en sortir 1 kg pour dire : voilà l’or. C’est dommage ! Quand j’ai soumis mon inquiétude au ministre, dans les papiers qu’il nous a remis à l’Assemblée, ils ont fait comprendre que le Sénégal est en train de rembourser à ses investisseurs et que chaque semaine ou chaque 15 jours, il y a un procès-verbal qui est signé par le responsable des Mines qui est là-bas, par le responsable de la Douane sur l’or que les gens amènent. C’est insensé. Ces investisseurs ne déclarent rien aux impôts. Ils ne payent que le prix de la concession. Le ministre a fait savoir que la taxe domaniale qui était de 3 milliards de FCfa est passée à 5 milliards. Mais il y a une extension. Et on menace de délocaliser les villages environnants. Donc, cela veut dire qu’il y a anguille sous roche. Pourquoi vouloir ramener la taxe à 5 milliards de FCfa ? A Mdl, avec le Zircon, c’est la catastrophe. Aucun des contrats n’est rentable pour le Sénégal. Et personne ne parle. Donc, il y a quelque chose qui n’est pas normale. Mais si on faisait de notre mieux pour que cette richesse représente au moins 15 à 20% du budget, ce serait formidable. 

Mais qu’est-ce que Macky Sall doit faire concrètement, parce que les gens disent que le pays ne marche pas ? 
Mais pour que le pays marche, il faut passer par cette porte. Si l’argent ne circule pas, les gens ne pourront pas travailler. Sur le plan du transport, tout ce qui va au Mali passe par le Sénégal par voie terrestre, alors que le Sénégal ne bénéficie même pas d’un quota de 2%. Les Maliens prennent tout et ils n’achètent même pas le plus petit litre de gasoil au Sénégal. Sur chaque camion, le Sénégal perd 350 000 FCfa d’impôts sur le gasoil. Un pays qui ne maîtrise ni le transport routier, ni le transport ferroviaire, ni le transport aérien. Mais j’ai trouvé quelqu’un qui est prêt à aider le Sénégal dans ce sens. J’ai rencontré le ministre des Finances, le ministre de l’Industrie, des Transports, le Secrétaire général de la Présidence, tout le monde, mais le dossier est toujours en train d’être piétiné. 

Pour qu’il revoit notre système de transport ? 
Non, pour construire une unité industrielle de montage de camions au Sénégal. C’est la Riade Motors qui se trouve au Maroc. Cela fait près de 8 mois que le projet est entre leurs mains. 

Quels sont les revenus que cela peut générer ? 
Cette industrie pourra au moins créer 600 à 700 emplois. Chaque unité peut prendre près de 200 personnes et ils veulent en construire 3. Il y a des infrastructures pour cela au Sénégal. Il faut que l’on sache que le Sénégal appartient à tout le monde. Il faut assister les gens qui ont de la volonté et des initiatives pour le Sénégal. Ils nous ont dit que si nous faisons les commandes, ils vont les livrer au plus tard au mois d’octobre. 

Mais est-ce que vous faites des relances à l’endroit des autorités ? 
Oui. J’ai appris que le Président va au Maroc. Je me demande même si je ne vais pas aller le retrouver là-bas pour en discuter avec tous les intéressés et pouvoir le réaliser. Parce que c’est bénéfique pour le tissu industriel du Sénégal. Il faut qu’on reconstruise l’industrie du Sénégal. Et avec cela, on pourra gérer l’ensemble des pays de l’Uemoa. Parce ces unités n’existent dans aucun pays de la sous-région. C’est un avantage et un plus pour le Sénégal. 

Vous évoluez aussi dans un autre domaine, les ordures. Pourquoi y a-t-il autant de conflits ? 
Les gens sous-estiment souvent l’apport et l’importance des ordures. Certains fonctionnaires entendent parler de milliards de FCfa et ils pensent que les gens se sucrent sur leur dos. Nous nous sommes battus avec l’Etat jusqu’à ce que Veolia se retire. On lui payait 200 millions de FCfa par mois pour Dakar-Plateau-Médina. Aujourd’hui, c’est moi-même qui assure cela. Et on ne me paye même pas 25 millions. 

Mais pourquoi ce décalage ? 
Veolia avait fixé un taux. Mais actuellement, je suis en train de renégocier. Je peux endosser ces pertes, mais pour l’activité elle-même, on perd de l’argent. Mais les gens ne le comprennent pas. Juste pour le déplacement d’un camion, il faut 40 litres de carburant, et on me paye la tonne à 9 200 FCfa, alors qu’on peut ramasser toutes les ordures de Dakar et se retrouver avec 4 tonnes. Parce que les ordures sont constituées de sachets, de cartons… Il n’y a pas de poids. Pas de déchets solides. Imaginez-vous quelqu’un qui achète 40 litres et qu’on vous dise que vous n’avez ramassé que 4 ou 5 tonnes ! Il y a le personnel à payer, l’entretien du véhicule… Vous voyez que personne ne peut s’en sortir. Aujourd’hui, nous sommes le 20 et jusqu’à présent, les transporteurs n’ont pas encore perçu leur salaire, alors que nous avons un personnel à rémunérer. Ils peuvent aller en grève s’ils veulent. Même si, après les fonctionnaires, l’Etat privilégie les acteurs des ordures. 


Vous êtes partis sous votre propre bannière lors des Législatives et vous avez obtenu un poste de député. Est-ce que vous allez faire la même chose pour les Locales ? 
Oui. Nous allons le faire. Nous irons aux Locales. 

Est-ce que vous avez des propositions pour des coalitions dans certaines localités ? 
Non, pas encore. Mais notre état d’esprit, c’est toujours de partir seul. 

Quelles sont vos ambitions pour Dakar ? 
Je veux juste une mairie d’arrondissement. Le Plateau me suffit. 

Et la mairie de ville ? 
Même si je le voulais, je ne serais pas de la course, parce que Khalifa Sall est mon ami. Cela fait 40 ans que nous cheminons ensemble. Pour l’arrondissement, si j’ai toujours perdu, c’est à cause de mon compagnonnage avec certains. Mais, si j’y vais tout seul, je suis sûr de gagner. (…) 

Quelle est votre position sur le mandat du Président de l’Assemblée nationale ? 
Il y a trop de choses que l’on doit dire à l’Assemblée. Les gens parlent de mandat du Président et c’est vrai que pour qu’une Institution soit forte, il faut qu’elle ait une durée de vie. Le mandat doit être ramené à 5 ans. Ce n’est pas la personne de Niasse qui est importante, mais le poste. Le problème est qu’on fait une Assemblée où tous les députés dépendent des ministres du gouvernement. C'est-à-dire même les députés sont dans une situation tellement inconfortable que ceux qui jouissent de leur liberté ne sont pas nombreux. Parce que certains députés qui doivent aller dans leurs bases respectives sont obligés de passer par les ministres pour quémander de quoi acheter du carburant. Donc, même si tu peux le critiquer, il y aura une certaine retenue. Les députés sont là pour l’intérêt national, pas pour l’intérêt d’un parti. Il faut qu’ils prennent conscience que quand on est député, on oublie, un temps soit peu, son parti d’origine. C’est ce qui occasionne les nombreuses critiques et brouille que vous entendez. Et les députés sont même plus fatigués que les populations. 

Mais vous êtes dans de bonnes conditions, vous êtes bien payés, avec de belles voitures... 
Le salaire est de 1,5 million FCfa, y compris les indemnités de logement qui sont de 150 mille. L’Assemblée donne 300 litres de gasoil pour les déplacements et si on doit quitter Ziguinchor ou Kédougou, le gasoil ne fait qu’un seul trajet. Quand on donne une voiture, ce n’est pas pour le bureau de l’Assemblée, c’est pour que les déplacements dans les régions pour voir les problèmes des populations. Et pour le faire, il faut acheter du gasoil. On a une famille à entretenir, des gens à aider. L’institution doit réguler tout cela pour mettre les députés à l’abri du besoin. Quand on est à Dakar, on se prend en charge, s’il n’y a pas de session. 

NDIAGA NDIAYE 
source lobservateur
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