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RTS : Gabegie, l’autre nom de Racine Talla ?
Jusqu’au 13 de ce mois de septembre, certains employés de la RTS (Société nationale de Radiodiffusion Télévision sénégalaise) n’avaient pas encore perçu leurs salaires du mois d’août. Pour la fin du mois en cours, les plus pessimistes parmi les travailleurs se demandent même s’ils seront payés avant la Tabaski… qui tombe mi-octobre prochain ! C’est dire qu’il y a le blues dans la grande maison qui emploie 750 personnes dont la plupart ont le moral dans les chaussettes. Les plus angoissés se demandent si ce mammouth de l’audiovisuel public ne va tout simplement pas connaître le sort qui était celui du quotidien national « Le Soleil » — autre fleuron du service public — il y a quatre ans, lorsque journalistes et personnel administratif couraient derrière quatre mois d’arriérés de salaires.
C’était avant que Cheikh Thiam prenne les rênes de l’entreprise. A l’époque, les agents de la RTS touchaient leurs salaires avant la fin du mois. Aujourd’hui, le journal de Hann affiche une santé financière insolente tandis que les comptes de la RTS, eux, sont dans le rouge. La direction en est d’ailleurs réduite à jouer à cache-cache avec les banques pour que celles-ci ne mettent pas la main sur l’argent destiné au paiement des salaires lorsqu’il y en a. Ainsi, il y a deux mois, c’est par une entourloupe que ceux des agents dont les salaires sont domiciliés à la BICIS avaient été payés. Sachant que si l’argent transitait par le compte de la RTS ouvert dans les livres de cet établissement avant d’être ventilé dans les comptes des ayants droit, il risquait d’être happé, les financiers du Triangle Sud avaient eu la lumineuse idée d’effectuer les virements directement dans les comptes des agents… à partir du compte RTS de la CBAO ! La même astuce a sans doute été reconduite le mois dernier. En tout, la maison doit environ 1,5 milliard aux différentes banques de la place, dont 750 millions à la seule Ecobank au mois de juillet. Cette banque risquant de mettre la main dessus, la RTS a « dérouté » le virement de la redevance de la Senelec à la CBAO-AttijariWafa Bank. Grâce à quoi l’établissement marocain a accordé un découvert de 250 millions par mois à la RTS jusqu’à mi-2014. Vis-à-vis de la BICIS, la dette était de 500 millions de francs fin juillet. Là aussi, les virements — qui y étaient pourtant domiciliés — des redevances de Rfi, de Théma et de TV5 (cette dernière devant en principe prendre la fréquence de la SN2) ne tombent plus. « Déroutés » ailleurs. Et ainsi de suite. Résultat : Ecobank a prié les salariés de la RTS d’aller voir ailleurs. Quant à la SGBS, elle ne veut plus entendre parler de la maison Racine Talla… La situation financière est si critique que des journalistes et techniciens partent parfois en reportage sans frais de mission. Il faut dire que la plupart du temps ils sont pris en charge par les organisateurs d’événements qu’ils sont chargés de couvrir voire par les responsables gouvernementaux qu’ils accompagnent. Parfois, si l’argent tombe entretemps, les frais leur sont envoyés par Wari !
Oh, rassurez-vous, l’argent ne manque pas pour tout le monde. Ainsi, quand le directeur général, Racine Talla, doit voyager, on racle les fonds de caisse et on fait le siège des annonceurs pour qu’ils acceptent de verser des acomptes. Après quoi, à nous la belle vie pour le bienheureux DG et ceux qui l’accompagnent !
Ainsi, au moment où ces lignes sont écrites, il se trouve à New-York où se tient l’assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies. Alors pourtant que le président de la République dispose d’une équipe audiovisuelle payée par la RTS et chargée de couvrir tous ses déplacements — et donc le voyage de New York —, Racine Talla a quand même éprouvé le besoin de faire le déplacement avec un journaliste et un technicien. Et alors que la cellule audiovisuelle du Président avait couvert le sommet du G 20 à Saint-Pétersbourg, en Russie, Racine Talla avait pris les lignes régulières pour se rendre lui aussi dans l’ancienne capitale de la Russie impériale. Puis, n’ayant pas pu rencontrer le Président, paraît-il, il avait repris l’avion pour piquer sur Nice où le chef de l’Etat devait assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux de la Francophonie. Avant cela, le même Racine, décidément increvable, avait encore suivi le Président lors de sa visite mémorable au Maroc. Et tout le monde se souvient qu’il avait inauguré son mandat à la tête de la RTS en accompagnant l’ancien Premier ministre, M. Abdoul Mbaye, en Turquie. Curiosité de ce voyage : non seulement le directeur général de la RTS en faisait partie, mais aussi… la directrice générale de la Télévision nationale ! Les deux plus hauts responsables de la maison dans une seule mission, il fallait le faire. D’autant plus que le journaliste qui avait été désigné pour couvrir le voyage du PM, Tidiane Barry, avait déjà obtenu son visa et avait dit au revoir à sa famille et aux collègues. Il avait été contraint de défaire sa valise…
Le règne de Racine a aussi été marqué par cette affaire loufoque et quelque peu surréaliste de lettre de demande d’augmentation de salaire portant la signature du président du conseil d’administration, Ndiogou Wack Seck, et adressée au président de la République. Une lettre manifestement entachée de faux et dont le Pca jure qu’il ne l’a jamais signée. Les confrères avaient d’ailleurs fait leurs choux gras de cette affaire il y a quelques mois. Toujours est-il que le salaire du DG avait bondi de deux millions cinq cent mille à trois millions cinq cent mille francs… et l’indemnité de logement de 150.000 à un million de francs. D’où un salaire mensuel net de quatre millions cinq cent mille francs avec paiement d’un rappel sur quatre mois, alors que le traitement du PCA, lui, n’avait curieusement pas bougé. Il y a aussi de mesquines histoires d’argent qui polluent l’atmosphère de la maison comme ces soupçons sur l’utilisation des dons remis à la boîte à l’occasion de la cérémonie du « bébé de l’année ». Alors que les dons en liquide collectés s’élevaient à 9. 600.000 francs, les cadeaux remis aux heureux nouveau-nés s’élevaient en tout et pour tout à… 1.400.000 francs, c’est-à-dire un million pour le bébé de Dakar, et 100.000 francs à chacun des petits êtres qui a eu la bonne idée de pousser son premier cri dans quatre régions du pays. Le reste, on ignore où c’est passé. Sans compter les innombrables dons en nature. Braves bébés, si jeunes et ayant déjà si bon dos !
Moustapha SECK
« Le Témoin »
Consultations restreintes
Depuis quelques mois, la mode des consultations restreintes a envahi la RTS. Pour l’essentiel des marchés, trois bienheureuses sociétés sont consultées. Il s’agit du Gie Fagaru, du Gie Vagalibu et de Loguen Sarl. Trois sociétés dont le dénominateur commun est qu’elles ont leur siège social à la même adresse. C’est bien simple d’ailleurs, parfois les cachets sont intervertis sur les factures. Entre le 3 mai et le 13 juin dernier, soit un mois, « Fagaru », qui appartiendrait à l’amie de l’une des femmes du Dg, a raflé des marchés pour un montant de 30 millions quatre cent cinquante mille francs et des poussières. En hors taxes et hors tva s’il vous plaît. Une société touche à tout décidément qui a livré à la Rts des produits aussi divers que trois réservoirs d’eau pour le Triangle Sud (2.220.000 francs), cinq téléviseurs, deux splits et deux ordinateurs à…9. 830.000 francs ! Il y a aussi un marché de deux ordinateurs portables à 760.000 francs, un autre portant sur « divers mobiliers pour le conseiller du Dg » à 630.000 francs, « divers mobiliers pour le Dg » à 2.030.000, trois batteries auto 75 volts et six batteries 100 volts à 1.350.000, quatre pneus plus montage à 1.870.000 ; 15 cassettes Dvcam pour 316.500 francs, un coffret plus disjoncteur à 1.420.000 francs etc. Et divers autres marchés. Le tout pour 30.450.00 francs hors taxes. Des marchés qui puent la surfacturation à mille lieues. Mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas !
M. Seck
Article paru dans « Le Témoin » N° 1138 –Hebdomadaire Sénégalais ( Vendredi 27 SEPTEMBRE 2013)