UN ULTIME DIALOGUE politique POUR NOUS EPARGNER LE CHAOS !

La situation actuelle du pays est pour le moins inquiétante ; l’incertitude y est le sentiment le plus partagé, tant au niveau de la mouvance présidentielle, de l’opposition que de la société civile ; en vérité, aucun camp n’est véritablement prêt pour aller aux élections. En vérité, en décidant de changer les règles du jeu, de façon unilatérale, WADE confirme son inaptitude pour un troisième mandat et choisit de s’autodétruire plutôt que de subir un camouflet ; en effet, le choix d’un vice-président inamovible (ou dauphin officiel) apportera inévitablement un verdict fatal entre le PDS et la ‘’Génération du Concret’’ ; oui, ce choix cornélien entraînera, dans tous les cas, un séisme avec la possibilité d’un tsunami très dévastateur qui n’épargnerait personne.

 Quant à l’opposition, faute de pouvoir s’unir pour présenter un candidat unique, elle a choisi une formule transitionnelle qui n’a pas encore convaincu tous les déçus de l’Alternance ; en outre, l’émergence des nombreuses candidatures libres risque d’émietter cet électorat potentiel généralement non partisan. Et à l’évidence, le choix d’un vice-président compliquerait les choses pour l’opposition significative (Benno Siggil Sénégal). Ainsi, on pourrait considérer le ticket ‘’président – vice-président’’ comme la ‘’ceinture explosive’’ que WADE envisage d’actionner pour s’autodétruire et emporter tout sur son passage ; cela, je l’avais pressenti,  il y a très longtemps, quand j’écrivais ‘’Après moi, mon fils ou le déluge’’ ; on n’est pas véritablement très loin de ce scénario apocalyptique. A l’évidence, la situation est gravissime ; s’y ajoutent les délestages intempestifs, le réchauffement du front social (grèves dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de la justice, etc.) ; ainsi, tous les ingrédients d’un cocktail détonnant dévastateur sont là, et  il ne suffit que d’une petite étincelle pour embraser le pays. Et certes, quelques mois  seulement nous séparent des élections ; c’est à la fois très court et interminable si on considère le niveau intolérable de souffrance de la plupart des sénégalais et si on prend la mesure exacte de la menace qui plane sur le pays, à la lumière des enseignements tirés des crises survenues ailleurs (Côte d’Ivoire, Egypte, Tunisie, Libye, Yémen, Syrie, etc.). Certes, ‘’l’exception sénégalaise’’ est une réalité indéniable, mais le réalisme doit nous obliger à la vigilance et à la prudence. Ainsi, la situation de notre pays doit imposer un sursaut à tous les patriotes, et en premier chef le Président de la République – qui, il faut le regretter, n’est plus très loin de rater sa sortie (bourdes diplomatiques, scandales financiers, etc.). Certes, la situation est presque désespérée, mais il n’est jamais tard de tenter de la redresser, compte-tenu de la maturité, de l’habilité et de l’esprit de dépassement de nos hommes politiques. Dans cette perspective, il est nécessaire que le Président WADE renonce à un troisième mandat, ce d’autant que la légalité de sa candidature continue de poser problème ; il aura tout à gagner en s’élevant au dessus de toutes les contingences politiques pour entreprendre la réconciliation nationale ; le regroupement de tous les patriotes (la ‘’paix des braves’’) est un préalable incontournable pour notre salut. Dans cette perspective, il serait nécessaire de retarder les élections (de deux ans, au plus), le temps d’installer une transition qui aura entre autres missions de former un gouvernement d’union nationale et de s’accorder sur les institutions et le mode de gouvernance. Et pour cela, il est aussi nécessaire de restaurer la confiance entre tous les protagonistes ; et éventuellement de solliciter la caution de nos khalifes généraux et de l’Eglise - un véritable gage de succès, compte tenu du très grand respect qui leur est voué. Je demeure quasi persuadé que si nos hommes politiques acceptent le principe de cette concertation sans préalables et discutent de tout ; ils s’entendront très certainement sur l’essentiel et nous épargneront le chaos. Ainsi la balle est dans le camp de WADE ; car en sa qualité de chef de l’Etat et de patriarche, c’est lui qui doit forcément être le demandeur et le maître d’œuvre de cette noble mission. Prions donc tous pour lui, pour que Dieu le réforme, le dirige, l’assiste et lui facilite la réconciliation des patriotes. Oui, la paix n’a pas de prix ; elle vaut mieux que tout l’or du monde. Le souci de préservation de la paix civile ne doit-il pas l’emporter sur celui de toute autre considération ?

Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).

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