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FATIMATA THIAM, EX-ANIMATRICE À CANAL INFOS NEWS - «Ce que m’a proposé un ancien ministre pour me trouver du travail»
L'OBS - Elle a été victime de harcèlement sexuel. Fatimata Thiam, 22 ans, ex animatrice à la chaîne de télévision Canal Infos News, qui a fermé ses portes il y a peu, traine depuis avec son Cv. Cette belle nymphe aux formes généreuses se heurte souvent à des patrons qui ne sont intéressés que par son physique. Dégoûtée par une telle situation, Fatima se confie à L’Obs, pour, dit-elle, mettre fin à de telles pratiques. Entretien.
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je m’appelle Fatimata Thiam. J’ai 22 ans. Je suis étudiante à la Faculté de droit de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Je travaillais en tant qu’animatrice à Canal Infos News. J’animais une émission qui s’appelait Canal Culture et qui était diffusée les samedis de 21heures à 22 heures 30 minutes.
Vous avez travaillé à Canal Infos News pendant combien de temps ?
Je n’ai pas trop duré là-bas. J’ai juste fait un an. J’ai arrêté lorsque la chaine de télévision a arrêté ses programmes.
Pourquoi depuis lors on ne vous voit plus à la télévision, vous ne voulez plus faire de l’animation ?
Bien sûr que si. Depuis lors, je cherche du travail. Mais à chaque fois que je dépose mon Cv et qu’on m’appelle pour un entretien, les gens me font toujours des propositions indécentes. A chaque fois que je rencontre le directeur, il me met en rapport avec son adjoint ou un autre responsable. Et ce dernier me fait tourner en rond. Il fait en sorte que je ne rencontre plus le directeur. On me propose toujours la promotion canapé. Quand je dépose mon Cv, le lendemain, je reçois toujours un appel pour des invitations à l’hôtel ou au restaurant. Des gens me harcèlent.
Vous avez commencé à subir des harcèlements depuis quand ?
Depuis que Canal Infos a arrêté ses programmes, je vis cette situation. Partout où je dépose mon Cv, on me parle de promotion canapé. J’ai fait presque le tour de toutes les télévisions de la place.
Lesquelles ?
Je ne veux pas citer des noms. Ils se reconnaîtront.
Et qu’est-ce qu’on vous dit en général ?
On me dit que si je veux un poste, il faut que j’accepte de me donner à eux. Que si je veux travailler, il faut que j’accepte d’avoir des relations sexuelles avec eux. Et ils insistent en me disant à peu près que c’est cela la règle. Et que si ce n’est pas moi, ce sera une autre.
Et comment réagissez-vous à cela ?
Je dis toujours non, sans arrière pensée. Je cherche du travail, pas des hommes. Et ce qui me choque, c’est qu’ils listent des noms de grandes animatrices, en me disant qu’ils ont eu des relations avec elles et que c’est ce qui a facilité leur intégration et leur ascension rapide dans le milieu de l’animation. Et en général, ce sont des animatrices que j’adore. Mais depuis, je les regarde différemment. J’ai l’impression qu’ils rangent mon Cv aux oubliettes et que tout ce qui les intéresse, c’est mon physique. Je me dis qu’au Sénégal, on ne recrute plus selon les compétences, les patrons ont juste besoin d’objets sexuels qu’ils peuvent utiliser à leur guise. Ce qui est une injustice que beaucoup de filles vivent. Il y a des autorités qui ne vivent que de cela. Il y a un ancien ministre qui m’a proposé de me trouver du travail dans une télévision de la place, en me disant que les responsables de la boîte sont ses amis. Je lui ai donné mon Cv. Et par la suite, il m’a appelée pour m’inviter au restaurant, et m’a fait des propositions indécentes. J’ai arrêté toute relation avec lui. On dit aussi que je sors avec un diamantaire, alors que je n’en connais même pas.
Et qu’est-ce qui explique, selon vous, qu’à chaque fois, on vous sert la même réponse ?
Je ne saurais le dire. Peut-être que c’est une nouvelle mode.
Etiez-vous confrontée à ce genre de chantage à Canal Infos ?
Non. J’ai déposé mon cv, et ils m’ont appelée. J’ai fait des tests qui ont été concluants. Je n’ai jamais eu de problème là-bas.
Et avec toutes ces difficultés, voulez-vous toujours faire de la télévision ?
Oui. C’est ma passion. Même si je sais que c’est un milieu malsain. Je pense qu’un jour, je réussirai dans ce milieu honnêtement. En intégrant une télévision où on ne recrute que selon les compétences. Parce que je suis convaincue que partout où il y a des brebis galeuses, il y a aussi des patrons honnêtes.
Mais pourquoi ne demandez-vous pas à voir directement le directeur ?
Les patrons ne sont pas toujours disponibles. Ils te mettent toujours en relation avec un autre et c’est ce dernier qui fait du chantage et parfois, le directeur n’est même pas au courant.
Et pourquoi avoir attendu tout ce temps pour en parler ?
Parce que je me dis que ces pratiques doivent cesser et il n’est jamais trop tard pour dénoncer de mauvaises pratiques. Je veux sensibiliser mes sœurs sur ces réalités. Il faut croire en Dieu et se dire qu’un jour ou l’autre, on peut décrocher un job honnêtement. Les patrons aussi doivent changer de comportement et éviter de profiter de certaines filles qui sont parfois très innocentes et qui pour un poste, peuvent accepter n’importe quoi.
Pourquoi ne portez-vous pas plainte ?
Je me dis que cela n’en vaut pas la peine. Nous sommes majeures et je me dis que mieux vaut laisser tomber.
Mais vous pouvez portez plainte pour harcèlement…
Je vais y réfléchir.
Et qu’avez-vous ressenti la première fois qu’on vous a fait ces propositions ?
J’étais choquée. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je me suis demandé pourquoi moi. Mais je me dis que je ne vais jamais céder. Et mes parents m’ont toujours sensibilisée, en me disant que c’était un milieu malsain. Cela m’a fait mal, parce que je ne suis pas une fille facile. Mais je me dis que tôt ou tard, j’atteindrai mon but honnêtement.
Vous aspirez à animer quel genre d’émissions ?
Je peux faire un peu de tout. J’ai fait pas mal de pilotes à Canal Infos. Je veux juste travailler et être respectée. Quand j’étais à Canal, des gens m’appelaient pour me draguer. Ils m’envoyaient des cadeaux en tous genres. Mais je n’ai jamais mélangé vie privée et vie professionnelle.
CODOU BADIANE